Au moment où la décarbonisation de l'économie a la cote, le professeur Frédéric-Georges Fontaine, du Département de chimie, avance une idée qui détonne: plutôt que de considérer le CO2 comme un déchet menaçant, pourquoi ne pas le valoriser dans des procédés industriels?
«Il existe de plus en plus de technologies qui permettent de capturer le CO2 au lieu de l'envoyer dans l'atmosphère. C'est très bien pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, mais qu'est-ce qu'on fait avec ce CO2 après coup? Plutôt que de le considérer comme un déchet, nous croyons qu'il y a moyen de le valoriser en l'utilisant comme intrant dans des procédés chimiques», explique le professeur Fontaine.
Le problème avec ces technologies est qu'elles requièrent un apport énergétique, poursuit-il. «Si cette énergie provient de combustibles fossiles, ça ne nous avance pas beaucoup. Au Québec, nous avons la chance d'avoir une énergie verte, l'hydroélectricité. En valorisant le CO2, notre industrie chimique pourrait s'approcher de la carboneutralité.»
C'est cette idée qui est à la base d'un projet qu'il a soumis au Conseil de recherche en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG) et pour lequel il vient de recevoir une subvention de 1,65 M$ provenant du Programme de formation orientée vers la nouveauté, la collaboration et l'expérience en recherche (FONCER). Ce programme appuie des idées novatrices qui aident la relève scientifique à faire la transition vers le marché du travail dans des domaines prioritaires en recherche et en innovation.
Au cours des 6 prochaines années, grâce aux fonds obtenus du programme FONCER, 50 étudiants des 3 cycles recevront une formation qui leur donnera des connaissances et une vision leur permettant de trouver les meilleures solutions scientifiques pour valoriser le CO2 dans les procédés industriels. «Pour favoriser la transition entre l'université et l'industrie, les participants passeront 20% de leur temps de formation en entreprise. Nous voulons qu'ils aient un contact direct avec la réalité que vivent les entreprises dans leurs efforts pour améliorer leurs procédés», précise le professeur Fontaine.
Cette formation sera offerte par Georges Beaudoin et Josée Duchesne, du Département de géologie et de génie géologique, Maria Iliuta et Faïçal Larachi, du Département de génie chimique, Frédéric-Georges Fontaine et Normand Voyer, du Département de chimie, et Patrick Gonzalez, du Département d'économie. À ce groupe s'ajoutent Louis Fradette, de Polytechnique Montréal, Philip Jessop, de l'Université Queen's, et Francesca Kerton, de l'Université Memorial.
Une quinzaine de partenaires industriels et gouvernementaux sont également associés à ce projet. Les partenaires industriels sont actifs dans le domaine des mines, du béton, des carburants, de la peinture, de l'énergie et des matériaux.
Pour information supplémentaire ou inscription: createco2@chm.ulaval.ca.