Peut-on se fier aux tests maison et aux tests postaux pour déterminer si une vasectomie a réussi? Dans la grande majorité des cas, ces tests sont fiables, mais il faut garder à l'esprit qu'une petite partie des vasectomies non concluantes passe sous leur radar. C'est ce que soutient une équipe de la Faculté de médecine et du Centre de recherche du CHU de Québec – Université Laval dans un article publié par The Journal of Urology.
Rappelons que la vasectomie est une méthode de stérilisation qui consiste à couper et à bloquer les canaux déférents dans lesquels s'engagent les spermatozoïdes à leur sortie des testicules. Le succès de l'intervention doit être confirmé par un spermogramme négatif effectué de 8 à 16 semaines après l'intervention. S'il subsiste des spermatozoïdes dans le sperme, deux explications sont alors possibles. Ces spermatozoïdes peuvent avoir été produits avant la chirurgie, et en ce cas ils ne devraient plus être mobiles, ou l'opération a échoué et il y a eu recanalisation.
«En Amérique du Nord, le tiers des hommes néglige de passer un test de fertilité après une vasectomie. La perspective de devoir se rendre dans une clinique et de fournir sur place un échantillon de sperme est la principale raison évoquée pour expliquer cette négligence», souligne la première auteure de l'étude, Catherine McMartin, résidente en urologie. Certaines entreprises ont bien compris le problème et elles offrent des tests qui peuvent être faits à la maison, le SpermCheck Vasectomy, ou à partir d'échantillons de sperme expédiés par la poste. Le hic? «Ces méthodes reposent sur l'abondance des spermatozoïdes, mais elles ne mesurent pas leur motilité. Or, l'absence de spermatozoïdes mobiles est le critère le plus fiable pour déterminer si l'occlusion des canaux déférents a bien fonctionné», explique Catherine McMartin.
L'équipe de recherche a donc entrepris de déterminer s'il existait une concentration seuil de spermatozoïdes au-dessous de laquelle il n'y avait aucun spermatozoïde mobile après une vasectomie. Pour ce faire, les chercheurs ont utilisé des données provenant de près de 5965 hommes qui avaient subi une vasectomie entre mai 2016 et novembre 2019. Ces sujets s'étaient par la suite rendus dans une clinique pour fournir un échantillon de sperme, ce qui a permis d'analyser à la fois l'abondance des spermatozoïdes et leur motilité.
Résultat? Parmi tous les sujets, 103 avaient encore des spermatozoïdes mobiles. Ces cas se retrouvaient dans toutes les catégories de concentration de spermatozoïdes, mais ils étaient moins fréquents à mesure que l'abondance diminuait. «Peu importe la concentration de spermatozoïdes, il existe une probabilité de conclure faussement que la vasectomie a réussi, mais elle est moins élevée lorsque cette concentration est faible», résume Catherine McMartin.
Les chercheurs n'écartent pas pour autant le recours aux tests maison et aux tests réalisés à partir d'échantillons expédiés par la poste. «La façon la plus fiable de confirmer le succès d'une vasectomie demeure de tester un échantillon frais de sperme, rappelle Catherine McMartin. Par contre, considérant que le tiers des hommes vasectomisés ne passe aucun test et qu'on échappe ceux chez qui l'intervention n'a pas réussi dans ce groupe, l'utilisation de tests maison ou de tests postaux n'est pas à exclure parce qu'elle permettrait de repérer une partie de ces cas. Ces deux types de tests peuvent donc être envisagés dans la stratégie que le patient et son médecin conviennent d'adopter pour confirmer le succès de la vasectomie.»
Soulignons que le test SpermCheck Vasectomy n'a pas encore été homologué au Canada. «Nous espérons que notre article va faire avancer les choses. Ce serait un plus de pouvoir compter sur ce test. Les médecins doivent encourager les hommes vasectomisés à passer un spermogramme dans une clinique, mais ils doivent aussi se montrer compréhensifs et être ouverts au compromis qu'offrent les autres tests», estime Catherine McMartin.
Les autres signataires de l'étude publiée par The Journal of Urology sont Philippe Lehouillier, Jonathan Cloutier, Narcisse Singbo et Michel Labrecque.