Le fait d’avoir un traumatisme craniocérébral double le risque de recevoir un diagnostic de trouble de stress post-traumatique (TSPT) dans l'année qui suit l'accident. Ce risque est même quatre fois plus élevé lorsque les victimes sont des militaires. Voilà les conclusions d'une méta-analyse qui vient d’être publiée dans le Journal of Head Trauma and Rehabilitation par une équipe de l'École de psychologie et du Centre interdisciplinaire de recherche en réadaptation et en intégration sociale.
Alexandra Loignon, Marie-Christine Ouellet et Geneviève Belleville ont passé en revue 33 études – dont 20 portaient sur des militaires – qui ont exploré les liens entre les traumatismes craniocérébraux et le TSPT. Les chercheuses ont comparé la fréquence des cas de TSPT chez les personnes qui avaient eu un traumatisme craniocérébral et chez les personnes victimes d'autres types de traumatismes.
Voici leurs principaux constats:
Dans l’ensemble des études, 12 % des personnes victimes d'un traumatisme autre que craniocérébral reçoivent un diagnostic de TSPT dans l'année qui suit alors que ce taux s’établit à 27 % après un traumatisme craniocérébral. Ce type de blessures augmente donc de 2,7 fois le risque de TSPT.
Le risque n’est pas égal chez les civils et chez les militaires. Après un traumatisme craniocérébral, 37 % des militaires développent un TSPT contre 16 % des civils. Le risque de TSPT après un traumatisme craniocérébral augmente donc de 4,2 fois chez les militaires et de 1,3 fois chez les civils.
«Le stress aigu, intense et prolongé à l'origine du TSPT et les traumatismes craniocérébraux peuvent conduire aux mêmes pathologies neuronales et avoir le même type de répercussions sur le fonctionnement du cerveau, explique Geneviève Belleville. Si la fréquence des TSPT après un traumatisme craniocérébral est plus élevée chez les militaires, c'est peut-être en raison de la nature violente et traumatisante de leurs blessures. Elles surviennent régulièrement à la suite d'explosions dans un contexte de déploiement sur le terrain.»
Les professionnels de la santé qui soignent les personnes victimes de traumatismes craniocérébraux doivent donc porter une attention particulière à la possibilité que leurs patients développent un TSPT, prévient la professeure Belleville. «Auparavant, on croyait qu'il était impossible qu'une victime de traumatisme craniocérébral qui avait perdu conscience au moment de l'accident puisse développer un TSPT parce qu'elle n'avait pas de souvenirs de l'accident. On sait maintenant que c'est faux. Comme certains symptômes se chevauchent, il faut donc envisager l'éventualité qu'une condition masque l'autre.»