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Les 14-24 ans et les femmes comptent parmi les groupes les plus éprouvés par la pandémie sur le plan de la santé mentale.
— Getty Images/Xesai
La pandémie serait-elle en train de nous rendre malades à petit feu? Pour certains groupes vulnérables, il semble que oui, suggèrent les données récoltées jusqu’à présent par l’équipe du projet Ma vie et la pandémie (MAVIPAN) de l’Université Laval. La responsable du projet, Annie LeBlanc, professeure à la Faculté de médecine et chercheuse en épidémiologie au Centre de recherche en santé durable VItam du CIUSSS de la Capitale-Nationale, a présenté aujourd’hui les résultats préliminaires de cette étude à l’occasion d’une conférence virtuelle qui s’inscrivait dans la série Grand Rendez-vous en santé organisée par la Faculté de médecine de l’Université Laval.
Jusqu’à maintenant, environ 3000 personnes de 14 à 90 ans ont accepté de répondre à des questionnaires en ligne qui permettent à l’équipe de MAVIPAN de prendre le pouls de la santé physique et mentale de la population à différents temps de la pandémie. Les réponses fournies par les participants depuis un an ont permis de dégager les constats suivants:
Près de la moitié des répondants (44%) jugent que leur santé mentale s’est détériorée. Les femmes, les jeunes, les étudiants, les personnes dont le revenu familial était inférieur à 40 000$ et les personnes ayant un trouble de santé mentale, une incapacité ou une maladie chronique sont davantage affectés.
Les 14-24 ans ont 4 fois plus de symptômes de dépression ou d’anxiété que les plus de 65 ans. Leur trajectoire de bien-être va en se dégradant.
Les étudiants ressentent une inquiétude croissante par rapport à leurs études et à leur capacité de réussite. Plus de la moitié (54%) s'inquiètent au sujet de leur réussite scolaire, 43% se sentent peu ou par motivés par leurs études, 38% disent que le stress et l’anxiété nuisent à leurs études et 25% s’inquiètent de leur arrivée sur le marché du travail.
Les parents se sentent moins aptes à bien répondre aux besoins de leurs enfants, en particulier s’il s’agit d’adolescents.
Les femmes assument majoritairement et presque exclusivement les soins aux enfants, l’aide aux devoirs et les tâches ménagères.
La pandémie actuelle est une crise d’une ampleur sans précédent pour la majorité de la population, rappelle Annie LeBlanc. «Au quotidien, les symptômes de dépression, de stress et d’anxiété ne sont pas élevés, mais comme ils sont continus et qu’ils ont tendance à devenir chroniques, leurs répercussions sur la santé risquent de se manifester à moyen et à long terme, prévient-elle. Il n’y aura pas de vaccin pour contrer les répercussions de la pandémie une fois qu’elle sera terminée. Je nous souhaite une mobilisation pour la santé mentale tout aussi imposante que celle qu’on a vue pour le développement de vaccins.»
— Annie LeBlanc
Rappelons que MAVIPAN est une initiative qui regroupe une cinquantaine de chercheurs de l'Université Laval rattachés aux quatre centres de recherche du CIUSSS de la Capitale-Nationale soit le Centre de recherche CERVO, le Centre interdisciplinaire de recherche en réadaptation et en intégration sociale, le Centre de recherche universitaire sur les jeunes et les familles et le Centre Vitam, centre de recherche en santé durable. Les travaux de ces chercheurs visent à cerner les répercussions de la pandémie sur les habitudes de vie et sur la santé physique et mentale de la population en suivant une cohorte pendant 5 ans.
Le projet MAVIPAN est réalisé avec Pulsar de l'Université Laval, une initiative visant à accélérer la recherche en santé durable.