
Le Quatuor Arthur-LeBlanc est reconnu pour son jeu impeccable et son unité de ton. Il est composé du violoncelliste Ryan Molzan, du violoniste Brett Molzan, de l'altiste Jean-Luc Plourde et de la violoniste Hibiki Kobayashi.
— Stéphane Bourgeois
«Je parlais de notre 30e anniversaire à André Laplante, raconte l'un des fondateurs du Quatuor, l'altiste Jean-Luc Plourde. Ce grand pianiste avait déjà joué avec nous. Il me dit alors qu'il pourrait venir célébrer cet anniversaire avec nous, dans le cadre d'un concert, en interprétant le Quintette de Schumann. Ce sera un honneur pour nous. Sa présence sera une sorte de reconnaissance de la qualité artistique de notre ensemble.»
Le Quatuor Arthur-LeBlanc n'a plus besoin de présentation. Depuis trois décennies, partout où il se produit, au Canada comme à l'étranger, ce remarquable ensemble à cordes professionnel charme son auditoire par l'unité de l'exécution et la précision de son jeu. Au fil des ans, les critiques, souvent dithyrambiques, ont souligné «la sonorité chaude et pleine» de l'interprétation, la «douce élégance» de celle-ci, le lyrisme du jeu, «l'imagination et la fraîcheur» de l'art. Pour sa virtuosité, son jeu impeccable et son unité de ton, cet ensemble est considéré comme l'un des meilleurs quatuors à cordes au Canada.
«Cela prend du temps pour former un groupe vraiment homogène, précise Jean-Luc Plourde. C'est comme un mariage. Donner vie ensemble à une œuvre demande beaucoup d'intimité. Lorsque nous jouons, nous sommes très connectés. Nous jouons sans artifices. Nous ne sommes pas là pour l'esbroufe, mais pour aller à l'essentiel d'une sonorité.»
Le Quatuor est nommé en mémoire du grand violoniste acadien Arthur LeBlanc (1906-1985). Il a vu le jour en 1988 à l'Université de Moncton, au Nouveau-Brunswick, où il fut ensemble en résidence jusqu'en 2004. Il est aujourd'hui formé des violonistes Hibiki Kobayashi et Brett Molzan, de l'altiste Jean-Luc Plourde et du violoncelliste Ryan Molzan. Depuis 2005, le Quatuor est en résidence à la Faculté de musique de l'Université Laval. En 2018, dans le cadre de ses ateliers de musique de chambre à l'Université, le Quatuor a notamment collaboré avec des quatuors étudiants dans l'interprétation de quatuors de Beethoven et Chostakovitch.
Jean-Luc Plourde compare le Quatuor à une formation chorale. Le premier violon correspond à la soprano. Le deuxième violon, l'alto, se rapproche du ténor et des voix plus graves. Enfin, le violoncelle fait penser à la basse. «L'alto, ajoute-t-il, permet des sonorités plus graves, plus chaudes, plus rondes que le violon.»
Les connaisseurs disent qu'il est plus compliqué d'écrire pour un quatuor à cordes. «C'est d'autant plus vrai que les compositeurs ont tendance à essayer de sortir des sentiers battus, des règles établies, souligne-t-il. Avec seulement quatre instruments, il faut créer toutes les couleurs et tous les rythmes. C'est un grand défi pour les musiciens qui sont peu nombreux. Mais nous sommes très flexibles. Et jouer une œuvre avec constance permet de polir notre interprétation, un peu comme la roche battue par les vagues de la mer devient lisse.»
Les quatre musiciens ont mis sur pied plusieurs projets artistiques au cours des années. La série de concerts Sine Nomine de Québec, lancée il y a cinq ans, est un bon exemple. Chaque année, le Quatuor organise et supervise une dizaine de concerts de musique de chambre. Le dernier en date a eu lieu le 11 novembre. Un quatuor de flûtes à bec était à l'affiche. Le 16 décembre, ce sera au tour du Quatuor de se produire dans ce cadre.
Au fil des ans, cet ensemble à cordes a notamment collaboré avec le violoncelliste Janos Starker, le pianiste Anton Kuerti, le clarinettiste James Campbell, la chanteuse Marie-Nicole Lemieux et le quatuor Shostakovitch.
Les musiciens sont rentrés récemment de leur onzième tournée au Japon. «Nous y allons à tous les deux ans», précise Jean-Luc Plourde. La musique classique est donc populaire dans ce pays? «Oh oui! répond-il. Ils aiment en particulier les standards. Nous jouons toujours devant des salles extraordinaires, souvent presque à guichet fermé. Ce sont de beaux publics. Ils ont un silence, une écoute impressionnante.»
Éclectiques, les membres du Quatuor Arthur-LeBlanc ne veulent pas se spécialiser. «Romantisme, baroque, on aime toucher à tout, soutient Jean-Luc Plourde, de Haydn à la musique écrite aujourd'hui, avec la recherche de style approprié à l'œuvre, ce qui représente un gros travail. Par notre style, l'œuvre va devenir quelque chose de plus grand que nous. S'approprier une œuvre prend du temps. On se donne ce temps. Lorsqu'on revient à l'œuvre, elle a mûri à cause des autres œuvres que nous avons faites entretemps. La pièce de Haydn qu'on a faite dans l'intervalle va nous aider dans l'interprétation de l'œuvre de Bartók.»
Le Quatuor n'interprète que des pièces composées pour quatuor. «Nous interprétons ce qu'on a envie de jouer, peu importe l'époque, indique-t-il. On plonge si ça nous allume. Chaque œuvre est pour nous un grand voyage.» Selon lui, chaque pièce musicale est unique. «Chacune a son caractère, ajoute Jean-Luc Plourde. Une œuvre peut paraître légère et être difficile. Une autre paraît intense, mais se trouve être plus facile à interpréter.»
La discographie du Quatuor Arthur-LeBlanc comprend des enregistrements pour ATMA, Amberola, Fonovox et Naxos, en plus du cycle complet des quatuors de Chostakovitch en sept CD, paru en 2013 chez XXI-21.
Le prochain concert du Quatuor aura lieu le dimanche 25 novembre à la salle Henri-Gagnon du pavillon Louis-Jacques-Casault, à l’Université Laval. Les billets sont en vente au coût de 30$ sur lepointdevente.com. Pour plus d’information: robert.gosselin@mus.ulaval.ca et facebook.com/SerieSineNomineQuebec