
Voilà, brossée à grands traits, l’histoire de la pièce Cendres de cailloux de Daniel Danis, que Les Treize présentent au Théâtre de poche du pavillon Maurice-Pollack. Une histoire sombre, triste, qui bouleverse depuis longtemps Amélie Plaisance, une des comédiennes. «L’écriture de cette pièce, qui s’étend sur sept ans, me bouleverse, confie l’étudiante en études libres. Je pleure à chaque lecture. Selon moi, c’est la plus belle déclaration d’amour du théâtre.» La force des mots du dramaturge a touché aussi Éva Saïda, la metteure en scène. Longtemps, elle a cherché comment les traduire en images, jusqu'à ce qu’elle comprenne qu’il lui fallait s’effacer derrière le texte. Elle a donc simplement guidé les quatre comédiens pour qu’ils s’approprient leurs monologues, qu’ils trouvent leur rythme, leur souffle, leur attitude afin de faire vivre au public la force de ce drame passionnel. Un exercice d’autant plus exigeant que jamais les comédiens n’interagissent entre eux, et que l’auteur opère constamment des allers-retours entre le présent et le passé, le monde des vivants et celui des morts. «Par un regard, un changement de posture, l’actrice qui incarne Pascale doit faire comprendre qu’à ce moment de l’histoire elle a 11 ans, ou encore 14, ou bien 18», explique la metteure en scène.
Fréquemment joué à l’étranger, Daniel Danis a reçu le prix du meilleur texte original lors de la Soirée des Masques pour Cendres de cailloux en 1993. D’abord présentée à l’Espace Go, cette pièce a été mise en scène ensuite par Gill Champagne au Théâtre du Périscope l’année suivante. C’est à ce spectacle qu’a assisté à 17 ans Amélie Plaisance pour sa première sortie théâtrale. «J’arrivais de la campagne, se rappelle la jeune femme, et je retrouvais une partie de la réalité rurale que je venais de quitter. Les adultes accrochés à leur adolescence, l’ennui profond, la routine, le lien très fort avec la nature aussi, car plusieurs des personnages se réfèrent aux animaux.» Dans un entretien accordé à un théâtre français présentant une de ses pièces, le dramaturge reconnaît d’ailleurs que le minéral et le végétal se sont imposés à lui lorsqu’il a écrit Cendres de cailloux. Une influence que les spectateurs des Treize ne pourront manquer de constater puisqu’un arbre planté dans une rivière asséchée trône sur la scène du Théâtre de poche.
Les représentations ont lieu à 20 h, du 15 au 18 mars, et du 28 mars au 1er avril. Les billets sont en prévente, au coût de 10 $, à l’Animation socioculturelle, local 2344 du pavillon Alphonse-Desjardins, et sur le réseau Billetech (643-8131). À la porte, les soirs de représentation, le coût sera de 12 $.