
Avec Auto-portrait, Cédrina Laberge, étudiante au baccalauréat en design graphique, s'amuse à jouer avec les dimensions, ce qui lui a valu la mention spéciale «Rêve et création» du jury.
— Cédrina Laberge
Plus précisément, c'est une cinquantaine de photographies ainsi qu'une vingtaine de bandes dessinées réalisées par des étudiants de l'Université Laval et d'ailleurs qui sont affichées à la salle d'exposition du pavillon Alphonse-Desjardins jusqu'au 1er février. Ces créations font partie d'une exposition itinérante qui voyage à travers les universités participantes. De cette façon, un large public a accès à ces œuvres sélectionnées provenant des quatre coins du Québec.
Un visage flou derrière une vitre, un personnage en lévitation dans une chambre, un corps nu à moitié couvert d'un drap sur une civière: le thème de l'autoportrait a visiblement inspiré les étudiants dans des directions très différentes. L'humour se taille une large place parmi les œuvres exposées. Un simple doigt levé dans une salle de classe entièrement vide a ainsi valu le premier prix de la catégorie photo à une étudiante de l'UQAM.
Cédrina Laberge, qui terminera ce printemps un baccalauréat en design graphique à l'Université Laval, s'est, elle aussi, amusée à transgresser la réalité. Assise en plein milieu de la rue de la Couronne, dans le quartier Saint-Roch, la jeune femme, surdimensionnée dans l'image, a l'air d'arrêter une voiture-jouet. Autour d'elle, les bâtiments forment un décor de maquette. «Un des vidéoclips du groupe Coldplay m'a inspiré, explique en souriant la finissante en design graphique. Dans Up & Up, des parachutistes plongent dans une assiette de pâtes et un volcan fait éclater du pop-corn; les dimensions différentes des objets ont un effet cocasse.»
Dans l'œuvre Auto-portrait, qui lui a valu la mention «Rêve et création" du jury, Cédrina Laberge a expérimenté un type différent de photo que celui qu'elle pratique généralement en voyage. C'est peut-être pour elle une façon de se rapprocher, en se jouant des dimensions, des petites animations qu'elle envisage de créer lorsqu'elle travaillera en design d'interface pour le Web. Il lui a quand même fallu respecter les angles de prise de vue afin de donner à l'image un aspect presque réel, malgré le parti pris loufoque.
L'attrait pour l'humour caractérise aussi l'œuvre d'Alexandra Colette, qui signe une planche de bande dessinée presque sautillante avec Aléatoire. Son personnage féminin danse de case en case, au son d'une musique joyeuse, éclectique, qu'elle seule peut entendre dans ses écouteurs. Des extraits de succès de la Compagnie créole, de Stromae ou de Radio Radio accompagnent ainsi la jeune fille en deux dimensions dans ses actions quotidiennes. «J'aime beaucoup me dessiner, car c'est le sujet que je connais le mieux. Moi aussi, j'ai tendance à marcher dans la rue en dansant un peu, même si je ne fais pas autant de pirouettes que mon personnage, affirme cette diplômée titulaire de deux baccalauréats, l'un en design graphique, l'autre en arts visuels. J'étais très contente que le jury me donne la mention “Mouvement et rythme du dessin”, car j'essaye de donner beaucoup d'élan à mes bandes dessinées.»
Plusieurs des œuvres présentées partagent cette recherche du mouvement, en mêlant allègrement les points de vue. Gaël Fleissner, inscrit au diplôme d'études supérieures spécialisées en relations publiques, joue avec les angles de vue dans sa photo Deux versants de soi. À l'horizon, le Château Frontenac luit de tous ses feux au soleil couchant, dominant le fleuve en partie gelé. Au premier plan, le spectateur découvre, dans un miroir, l'appareil photo qui a servi à capturer cette scène, une façon de déconstruire une image très classique.
Audrey Lacroix, actuellement en deuxième année du baccalauréat en arts visuels et médiatiques, a, elle aussi, beaucoup travaillé l'image retenue par le jury pour la qualité du noir et blanc. Résilience met en scène une jeune fille, tout de noir vêtue, presque sur le point de s'envoler, qui tient un immense voile. Cette image a été prise dans le cadre de son cours de photo au baccalauréat. «Ce jour-là, le vent était incontrôlable et il pleuvait, raconte la jeune fille. Il a fallu que j'efface, par la suite, sur l'image la trace des gouttes d'eau laissée sur la lentille de l'appareil photo. J'ai aussi beaucoup travaillé sur les textures et les contrastes.» Cet envol de textures côtoie le cliché de personnages face à des paysages grandioses ou encore des planches de bandes dessinées aux allures de science-fiction. Une exposition à découvrir pour avoir accès à une diversité de points de vue sur un sujet unique, l'autoportrait!
L'exposition est présentée jusqu'au 1er février à la salle d'exposition du pavillon Alphonse-Desjardins.

Avec Résilience, qui a reçu la mention spéciale du jury pour la qualité du noir et blanc, Audrey Lacroix, étudiante en arts visuels et médiatiques, donne un souffle sans pareil à son personnage.

Le jury a octroyé à Sophie Boonen la mention spéciale pour l’originalité de la vision pour sa photo Dessin de soi.

Le Facpeur, de Marie-Ève Bibeau, étudiante en design graphique, a reçu le premier prix du 8e Concours interuniversitaire de bande dessinée.

Alexandra Colette, diplômée en arts visuels et en design graphique, a reçu la mention spéciale « Mouvement et rythme du dessin » pour sa bande dessinée Aléatoire.

Avec Ventre, qui a reçu la mention spéciale du jury pour l’expérimentation graphique, Annabelle Guimond-Simard, étudiante en arts visuels et médiatiques, plonge dans une réalité très personnelle.