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«Les pays bien pourvus en eau doivent prendre conscience de leur privilège et de leur responsabilité envers la pérennité de cette ressource en mouvement.»
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La première chose qui frappe dans l’ouvrage écrit par ce professeur de génie civil et de génie des eaux, expert en modélisation de séries temporelles hydrologiques, est l’absence de formules mathématiques et l’accessibilité du propos. «Comme l’ambition du livre est de couvrir tous les domaines reliés à l’eau, j’ai exclu tout ce qui était trop technique», explique François Anctil.
L’une des lignes de force de l’ouvrage est que le schéma classique du cycle de l’eau omet une composante très importante: les six milliards d’humains qui utilisent cette ressource. «D’une part, j’ai voulu faire comprendre aux ingénieurs que l’eau comporte des dimensions environnementales, économiques et sociopolitiques. D’autre part, j’ai voulu fournir des connaissances de base sur l’eau et le cycle de l’eau aux gens qui ne sont pas ingénieurs. J’espère que le livre rapprochera les deux mondes parce qu’une ressource aussi vitale ne peut être gérée exclusivement par un petit groupe d’experts, estime-t-il. La gestion de l’eau doit constituer le lieu d’une action citoyenne informée et responsable.»
À ses yeux, l’un des grands enjeux actuels de l’humanité est de fournir une eau salubre à tous. L’apparente abondance de l’eau sur notre planète est trompeuse: l’eau douce constitue à peine 2,5 % de toutes les ressources aquatiques de la Terre et une bonne partie n’est pas accessible aux populations humaines. Encore aujourd’hui, une personne sur six n’a pas droit à une eau salubre. «Quand il faut marcher plus d’un kilomètre pour fournir un maigre cinq litres d’eau guère salubre à chacun des membres de sa famille, plusieurs grands débats politiques actuels sont une utopie réservée aux pays riches qui disposent des moyens financiers et technologiques nécessaires à un accès universel et abondant à l’eau, souligne François Anctil. Les pays bien pourvus en eau doivent prendre conscience de leur privilège et de leur responsabilité envers la pérennité de cette ressource en mouvement. C’est une question d’hydrosolidarité.»