
Saveurs de corail, acrylique et huile sur toile de Catherine Mercille
C’est le résultat de cette recherche sur la beauté et du même coup l’exposition Chromatisme végétal clôturant son mémoire de maîtrise dirigé par Bernard Paquet, professeur à l’École des arts visuels, qu’a présentés Catherine Mercille du 14 au 19 août à la Galerie des arts visuels. Impossible de ne pas avoir de coup de cœur pour ces végétaux surgis du terreau fertile de la création artistique. Nous sommes en face de 18 tableaux disposés en arc-en-ciel sur un socle, la série couvrant le spectre chromatique complet. Au premier plan, les fleurs, dans toute leur beauté, crèvent la toile. Débarrassées de leur tige et de tout feuillage, sans racines mais en même temps terriblement vivantes, elles semblent flotter dans l’espace, comme des astres. Pour lier cette extraordinaire gerbe de fleurs et faire écho à leur éclat, l’artiste a disposé en arrière-plan ce qu’elle nomme «des zones de repos et de couleur pure», tableaux monochromes dont la vue repose l’œil en même temps qu’ils éblouissent le regard.
Un parfum de mystère
Consciente que peindre des fleurs à l’huile sur toile va quelque peu à contre-courant du travail qu’on pourrait attendre d’une diplômée en arts visuels et que ce genre de peinture est plus souvent qu’autrement perçu comme purement commercial dans certains milieux, Catherine Mercille n’en persiste pas moins dans sa démarche. «Fabriquer le beau, voir la beauté et offrir celle-ci au public est ce qui me pousse à aller tous les jours à mon atelier, explique la jeune femme. S’il existe réellement un tabou de la beauté en art actuel, je m’en moque. Au contraire, cela active mon désir de chercher l’harmonie capable de faire jaillir une âme des œuvres.» Les fleurs qui figurent sur les tableaux de cette enseignante en arts visuels au Collège Mérici ont cependant un secret: elles proviennent d’esquisses numériques réalisées par la peintre à partir d’une banque de photos personnelle comptant près de 2 000 images.
Avant de coucher ses fleurs sur la toile, Catherine Mercille se livre ainsi à un patient travail de retouche à l’ordinateur, enlevant les imperfections, adaptant la lumière, affinant les silhouettes. C’est sans doute ce qui fait que ses végétaux en quelque sorte dénaturés sont indéfinissables et que flotte autour d’eux un parfum de mystère. Pour ouvrir le sens du tableau, «pour brouiller les pistes», comme elle l’explique, elle superpose des ornementations à ses figures végétales, ajoutant motifs et graffitis, donnant à ses tableaux un air encore plus décoratif, une voie qu’elle entend poursuivre et explorer dans l’avenir. «J’ai compris que, peu importe si la production d’une artiste s’insère dans un mouvement actuel ou non, l’art ne peut être pertinent que s’il est fait avec une grande honnêteté et surtout avec intensité, constate Catherine Mercille. Si j’ai été sur la défensive dans le passé, j’avance maintenant en créant avec franchise ce que je prétends être la beauté.»
Du 15 septembre jusqu’au 13 janvier, Catherine Mercille exposera quelques-unes de ses œuvres au Moulin La Lorraine, au 1286, route 277 à Lac-Etchemin.