Le ton est donné. Présentée au St. Jame’s Theatre, la pièce remporte en effet un immense succès. Mais ce triomphe marque en quelque sorte le début de la fin pour Oscar Wilde, arrêté quelques semaines plus tard et condamné à deux ans de travaux forcés à cause de ses mœurs homosexuelles, un crime avec lequel on ne lésine pas à l’époque victorienne. Retirée de l’affiche à Londres, la pièce est créée à New York en avril 1895 et mourra de sa belle mort au bout d’une semaine. Rien n’y fait, un halo de scandale suit cet l’auteur à l’intelligence brillante, tombé de son piédestal de dandy. Il faudra attendre quelques années avant que la pièce soit présentée à nouveau. Aujourd’hui, L’Importance d’être constant est considérée comme un chef-d’œuvre du répertoire théâtral.
La recherche des origines
«En écrivant cette comédie, Oscar Wilde a voulu se faire plaisir et nous faire plaisir», dit Michel Marc Nadeau, metteur en scène de cette pièce qui est présentée par Les Treize au Théâtre de poche du pavillon Maurice-Pollack du 18 au 22 octobre et du 25 au 29 octobre. «À travers le texte, souligne Michel Marc Nadeau, il insiste sur l’importance d’être soi-même, d’arrêter de jouer un jeu. D’ailleurs, la pièce repose sur un jeu de mots, The Importance of Being Earnest, Earnest étant le nom d’un des personnages principaux, qui cherche désespérément à connaître ses origines. En français, c’est L’Importance d’être constant. La dernière réplique de la pièce témoigne à bien de cette recherche d’identité, lorsque Jack, alias Constant, dit : «Pour la première fois de ma vie, je viens de comprendre l’importance vitale d’être Constant.»
Si la pièce est un jeu de mots en elle-même, la structure et l’intrigue sont toutefois classiques. On pourrait résumer en disant que L’Importance d’être constant est l’histoire d’un homme, John Worthing, qui ne sait rien ou pas grand-chose de son identité et qui finit par apprendre ses origines, retrouver son nom, son héritage et peut dès lors se marier, devenant en quelque sorte ce qu’il prétendait être, comme celui qu’il finira par découvrir être son véritable frère (Algernon Moncrieff), après bien des malentendus. Autour de ces élégants Londoniens menant une vie oisive et ayant des opinions sur tout et sur rien gravitent deux personnages féminins, Gwendolen et Cecily, dont l’idéal n’est pas de faire un mariage de raison ou de connaître un amour éternel mais bien d’épouser un homme prénommé Constant. Qui est qui dans ce chassé-croisé absurde ficelé de main de maître par ce génie du verbe qu’est Oscar Wilde? À travers des dialogues brillants et des répliques mordantes, le dramaturge s’en prend aux institutions les plus intouchables de la société victorienne: la religion, le mariage, la famille, le rôle du père et la propriété privée, tout ce qui pour lui constitue une entrave à la liberté et à l’épanouissement de l’individu. Cinq ans après avoir présenté la pièce au public londonien, Oscar Wilde est mort à Paris, dans la misère et la déchéance. L’Importance d’être constant aura été son chant du cygne.
Distribution: Axël Arnault, Sophie Boissonneault, Aurélie Chevanelle-Couture, Mélissa Lapierre, Maryse Ouellet, Alexeï Podgouzov, Raymond Poirier et Guillaume St-Pierre. Le coût des billets est de 10 $ en prévente et 12 $ les soirs de représentation. Ils sont disponibles à l’Animation socioculturelle du Bureau d’accueil et d’animation (local 2344, pavillon Alphonse-Desjardins), sur le réseau Billetech, 643-8131 ou www.billetech.com. (taxes et service en sus).