
Christian Vanasse lors de la conférence qu'il a donnée pour les Journées de linguistique, le 13 mars dernier.
— Marc Robitaille
À l’instar des étudiants qui l’ont invité à l’Université, Christian Vanasse entretient des liens forts avec les mots. Les mots ont du pouvoir quand ils sont bien choisis. C’est alors qu’ils bousculent les idées et suscitent la réflexion.
«À nos débuts, en 2001, les producteurs nous ont déconseillé de faire de l’humour politique parce qu’ils croyaient que le public ne marcherait pas, dit-il. Mais en tant qu’indépendantistes, on voulait faire de l’humour engagé.» Les jeunes auteurs ont maintenu leur idée originale. Pour décider d’un nom, ils se sont inspirés de celui des zapatistes, ce groupe de défense des autochtones du Chiapas au Mexique, et de l’Aparté, un café montréalais où ont eu lieu leurs premiers ébats humoristiques.
Les Zapartistes n’ont pas la langue dans leur poche. Et ce, même si tous leurs textes doivent être approuvés à l’unanimité par le groupe, formé de cinq gars et d’une fille (celle-ci, linguiste de profession, ne monte pas sur scène).
Jusqu’à tout récemment, ils commençaient leurs spectacles par la lecture d’un manifeste tordant, sorte de refus global moderne dans lequel ils se définissaient comme étant de gauche, antiracistes et féministes. Ils disaient s’opposer «à la corruption, à la culture du consensus, à la langue de bois, à la privatisation de nos ressources, à la débilité militaire pis à ben d’autres affaires»!
Du gars en bedaine qui fait griller son steak au barbecue dans sa cour («Les écologistes, moé, j’ai ben de la misère») au Québécois moyen rempli de préjugés («C’est pas vrai qu’en Gaspésie, y a juste des alcooliques pis du monde violent. Y a des dépressifs aussi»), tout le monde y passe. Exemples à l’appui, le groupe montre que toutes les religions sont misogynes. Même le bouddhisme, réputé plus conciliant envers les femmes, ne passe pas l’examen. Mais le sketch égratigne aussi au passage les non-croyants, qui ne sont pas non plus à l’abri de l’intégrisme.
«Après un spectacle, on aime bien quand les gens nous disent qu’ils n’ont pas aimé entendre ceci ou cela, explique Christian Vanasse. Tant mieux si nos propos créent un certain inconfort. On souhaite susciter la réflexion.»
Très pointilleux sur la qualité de la langue, Les Zapartistes dénoncent allégrement l’utilisation effrénée des anglicismes. Ainsi, pourquoi employer «bon matin», calque de l’expression good morning, alors qu’il existe un très beau mot dans la langue française pour se saluer, «bonjour»?
«Il n’y a rien de pire qu’une langue qui se détériore par la faute de ceux qui la parlent, estime Christian Vanasse. Arrêtons d’accuser les Anglais!» Enseignant à l’École nationale de l’humour, l’homme a déploré le manque de culture des jeunes humoristes lors de la période de questions qui a suivi la conférence. «C’est pas mêlant, tu ne peux pas leur parler de Balzac, ils vont penser que tu sacres!»