Outre ces deux instruments royaux qui doivent être accordés lors de la répétition ainsi qu’avant le spectacle, la Faculté de musique possède d’autres Steinway de moindre qualité, de même que des Kawai et des Yamaha, en majorité des pianos d’occasion acquis il y a une dizaine d’années. Disséminés dans les salles de cours et les locaux des professeurs, ils bénéficient d’un accordage en bonne et due forme quatre fois par année. Sans compter tous les réajustements périodiques dont ils font l’objet comme la réparation des marteaux qui claquent, le remplacement des cordes qui cassent, l’ajustement des pédales qui coincent et des touches qui bloquent. «Si le piano sonne faux, le professeur en conclut que l’accordeur n’est pas passé», résume Jean-Bernard Tremblay. Les accordeurs doivent aussi composer avec les saisons. «À la fin de l’été, quand l’air est très humide, le piano est à un quart de ton plus haut, dit le technicien. L’hiver, avec l’air sec, c’est le contraire. Il faut donc s’ajuster constamment.»
La vie dure
Utilisés par un grand nombre d’étudiants et de professeurs presque continuellement durant la journée, les pianos ne reprennent presque jamais leur souffle. Les deux pianos de concert de la salle Henri-Gagnon ne donnent pas non plus leur place, côté utilisation. «Habituellement, un piano de concert d’une grande salle de spectacle comme la Place des Arts à Montréal sert environ cent heures par année, explique Serge Harel. À la salle Henri-Gagnon, les pianos jouent durant à peu le même nombre d’heures, mais en l’espace de deux ou trois semaines.» Globalement toutefois, les pianos de la Faculté n’ont pas la vie aussi dure qu’il y a une dizaine d’années, époque où les étudiants avaient le droit de fumer dans les locaux et déposaient parfois leur cigarette sur le clavier. «Des instruments portant des marques de brûlure, j’en ai vus et ça fait mal à voir», dit Jean-Bernard Tremblay. Aujourd’hui, on peut dire qu’il y a très peu de vandalisme à l’Université.»
Ayant roulé sa bosse un peu partout au Québec, Serge Harel estime que les étudiants ne sont pas toujours conscients de la chance qu’ils ont de pouvoir jouer sur des pianos d’aussi bonne qualité que ceux offerts à la Faculté de musique. «On est très gâtés à l’Université Laval comparativement à d’autres universités québécoises», constate-t-il. Une opinion que partage entièrement le professeur de piano à la Faculté Arturo Nieto-Durantes. «Pour avoir étudié et enseigné dans d’autres universités et écoles de musique, nous nous défendons très bien», renchérit ce pianiste réputé.
Pour la petite histoire, la cité universitaire compte trois autres pianos, situés au pavillon Agathe-Lacerte.