
Chères et chers membres de notre communauté universitaire,
Dans un monde traversé par de profondes tensions, il est essentiel de rappeler les fondements qui nous unissent et nous élèvent. Parmi eux, la liberté académique constitue l’une des forces les plus précieuses de notre université, de notre société et de toute institution qui cherche à comprendre le monde pour mieux le transformer.
J’ai eu l’occasion de discuter de cette question fondamentale au Conseil des relations internationales de Montréal aujourd’hui.
La liberté académique n’est pas seulement un droit ou un privilège. Elle est d’abord une responsabilité au service de l’avancement des connaissances. Elle permet de nourrir les échanges critiques et d’encourager le dialogue entre idées, disciplines, personnes et générations. Elle rend possible l’exploration audacieuse, la contestation éclairée, la réflexion profonde.
Inscrite dans une démarche scientifique rigoureuse, la liberté académique repose sur la possibilité d’exprimer des idées opposées aux normes et de questionner les pratiques établies – bref, de faire émerger des voies nouvelles sans crainte de représailles.
Climat propice
Pour cela, une université doit assurer un climat propice à la sécurité intellectuelle, psychologique et physique de toute sa communauté.
Nous pouvons être fiers et fières de notre modèle qui conjugue responsabilité, exigence intellectuelle et bienveillance.
La liberté académique est aussi la pierre angulaire de l’autonomie universitaire. Plus cette autonomie est réduite, plus les découvertes et l’innovation s’en trouvent freinées. C’est ce qui se produit lorsque les gouvernements orientent le financement vers certains secteurs au détriment d’autres. Une société qui brime l’autonomie universitaire compromet sa capacité de se projeter dans l’avenir.
Échos des États-Unis
Aujourd’hui, dans plusieurs régions du monde, y compris chez nos voisins du Sud, la liberté académique est mise à mal. Nous assistons à des pressions politiques, à des censures idéologiques, à des craintes de s’exprimer librement et à la propagation de fausses vérités, de connaissances déformées qui fragilisent le dialogue avec la population.
Les échos en provenance des États-Unis sont préoccupants. Nos collègues y rapportent des inquiétudes liées à la sécurité sur les campus, notamment en lien avec les politiques d’immigration. Les dernières mesures de l’administration du président Trump envers l’Université Harvard sont des atteintes graves à l’autonomie des universités.
Cette insécurité a des effets sur la mobilité des chercheuses et chercheurs. Du côté du financement de la recherche, certaines disciplines sont ciblées par la censure. Des craintes sont exprimées concernant l’apparition de « listes noires », d’ingérence dans les revues savantes et même de « dépublications » d’articles scientifiques.
Vigilance et solidarité
Nos liens avec les universitaires américains sont importants. Plusieurs travaux de notre corps professoral sont publiés dans des revues scientifiques américaines. Le Québec n’est pas à l’abri. Nous avons donc le devoir d’être vigilants et solidaires, mais aussi celui de comprendre les causes de telles dérives.
À l’Université Laval, nous favorisons collectivement un climat où les idées circulent librement, où les désaccords s’expriment avec respect, et où chaque membre de notre communauté se sent écouté, soutenu et protégé.
Je tiens à réitérer le soutien indéfectible de la direction en matière de défense de la liberté académique et des conditions qui la rendent possible.
Chers membres de la communauté universitaire, votre rigueur, votre courage intellectuel et votre engagement pour les valeurs de liberté, d’inclusion et de respect font la force de l’Université Laval.
Ensemble, continuons de faire vivre cet engagement collectif avec fierté et détermination.
Pre Sophie D’Amours
Rectrice