
— Getty Images/Kgfoto
Les responsables des concours de photographie scientifique La preuve par l'image et Science Exposed viennent de divulguer les œuvres finalistes pour 2025. Rappelons que ces concours sont organisés par l'Acfas et par le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada dans le but de célébrer l'image comme moyen de communication scientifique dans tous les domaines de la connaissance.
Quatre bourses de 2000$ sont en jeu à chacun de ces concours. Les organisateurs récompenseront les 3 œuvres les plus remarquables parmi les 20 finalistes. De plus, un prix du public sera décerné à l'œuvre qui aura recueilli le plus de votes d'ici le 21 septembre à La preuve par l'image et à Science Exposed. Enfin, La preuve par l'image décernera un prix de 2000$ à la meilleure photo dans la catégorie «Relations humains-nature».
Voici les 8 photos finalistes qui ont été prises par des membres de la communauté universitaire de l'Université Laval.
Sous la glace, un savoir ancestral
Geneviève Vachon, étudiante à la maîtrise, Département de médecine sociale et préventive

— Geneviève Vachon
Bien à l'abri du vent, deux adolescentes inuites récoltent des moules sous la glace, dans la baie longeant le village de Kangiqsujuaq, au Nunavik. Lorsque la marée se retire, des crevasses se forment. On peut alors se rendre à cet endroit en motoneige, creuser un trou et récolter. Importante pour la sécurité alimentaire, cette tradition est menacée par le réchauffement rapide de l'Arctique. Réalisé dans le cadre de Sentinelle Nord, ce projet de recherche interdisciplinaire documente les savoirs inuits liés à la récolte des moules.
Horizon fongique
François Guay, diplômé, et Pauline Hessenauer, professeure, Département des sciences du bois et de la forêt

— François Guay et Pauline Hessenauer
Ce champignon est une nouvelle espèce qui a été découverte à Lévis, à l'automne 2023. Il fait partie de la famille des Clavariaceae, mais l'espèce n'est pas encore nommée. Sa forme allongée et ses poils duveteux rappellent de minuscules plumes. Les spécimens, repérés sur l'écorce d'un arbre mort, font à peine 1 mm de hauteur. Leur teinte bleutée est spectaculaire, une couleur rarement aperçue dans la nature.
Le temps du cacao
Arturo Duarte-Sierra, professeur, Département des sciences des aliments

— Arturo Duate-Sierra
Ce cacaoculteur d'Abam, au sud du Cameroun, espère récolter les cabosses au bon stade de maturité. Cueillies trop tôt, les fèves de cacao pourraient ne pas contenir le sucre nécessaire à la fermentation. Récoltées tardivement, elles risquent de développer et de propager des moisissures dévastatrices. Outre la couleur de la cabosse, les producteurs n'ont pas d'indicateurs pour guider la délicate opération de cueillette. Une collaboration interuniversitaire entre le Québec et le Cameroun vise justement à établir des critères de maturité pour aiguiller la récolte, mais aussi à optimiser la fermentation et le séchage de ce qui, éventuellement, deviendra du chocolat.
Une affaire de cils dans la fertilité masculine
Céline Augière, professionnelle de recherche, Département d'obstétrique, gynécologie et reproduction

— Céline Augière
Cette image montre une coupe de canal efférent situé à la sortie d'un testicule de souris. C'est par ce canal que les spermatozoïdes transitent jusqu'à l'épididyme avant d'être expulsés lors de l'éjaculation. Plusieurs cellules, identifiables par leur noyau bleu, forment la paroi de ce petit tube. Au centre, en orangé, le sujet de l'étude: des cils bien ancrés aux cellules par des centrioles, en vert. Les cils jouent un rôle important dans la concentration et le maintien en suspension des spermatozoïdes, deux étapes indispensables à la maturation de ces derniers. Ces travaux pourraient mener, entre autres, à un possible contraceptif pour hommes.
Empreinte navale
Anik Boileau, étudiante au doctorat, Jamie Ahloy-Dallaire, professeur, Département des sciences animales, et Jonathan Blais, Centre d'éducation et de recherche de Sept-Îles

— Anik Boileau, Jamie Ahloy-Dallaire et Jonathan Blais
La cicatrice sur le dos de ce rorqual à bosse résulte d'une collision avec un bateau. Anik Boileau a analysé quelque 6000 photos de rorquals, communs et à bosse, prises dans la région de Sept-Îles. La moitié des rorquals communs porte des cicatrices, de même que 48% des rorquals à bosse. Les conséquences sont sérieuses: tous ces individus blessés montrent aussi des signes d'amaigrissement préoccupants pour leur santé, thème central de l'étude menée par cette équipe.
Mission Arctique
Étienne Tremblay, étudiant à la maîtrise, Département de génie civil et de génie des eaux

— Étienne Tremblay
Ce capteur météorologique a été installé sur l'île Bylot dans l'archipel arctique canadien. Il est entouré d'arbustes dont la répartition progresse vers le nord à la faveur du réchauffement climatique. Une telle canopée protège la surface du sol du soleil, mais piège également la chaleur en atténuant le vent. Une trentaine de ces capteurs sont ainsi installés pour suivre les processus physiques et mieux comprendre leur rôle dans le dégel du pergélisol, un phénomène susceptible d'accélérer la libération de gaz à effet de serre dans l'atmosphère.
L'amour sous pression: l'art de la cavitation
Hossein Hassanzadeh, stagiaire postdoctoral, et Seyed Mohammad Taghavi, professeur, Département de génie chimique, et Claus-Dieter Ohl, professeur, Otto von Guericke University, Allemagne

— Hossein Hassanzadeh, Seyed Mohammad Taghavi et Claus-Dieter Ohl
Une simple impulsion laser suffit à chauffer intensément un liquide très visqueux, provoquant une évaporation fulgurante et la naissance d'une bulle de cavitation. En moins de 0,1 milliseconde, cette bulle s'épanouit en une forme de cœur avant de se contracter et de disparaître sans laisser de trace. Les travaux de recherche de cette équipe visent à mieux comprendre le comportement de ces bulles – leur croissance, leur déplacement et leur effondrement presque instantané. En modulant des paramètres comme l'énergie du laser, les propriétés du liquide ou la nature des surfaces cibles, ces chercheurs espèrent ouvrir de nouvelles voies thérapeutiques, entre autres pour le traitement des cancers ou la désintégration des calculs rénaux.
La danse silencieuse des fluides
Seyed Pedram Mousavi, étudiant au doctorat, Département de génie chimique

— Seyed Pedram Mousavi
Comprendre comment les liquides se déplacent dans les matériaux est un élément clé pour mettre au poin des technologies comme l'impression liquide sur liquide et la livraison de médicaments dans le corps. Cette photo montre de l'eau colorée injectée par une microbuse dans un gel polymère. On y voit comment un anneau de vortex stable prend forme et, avec le temps, se propage de façon symétrique autour d'un axe, prenant la forme d'une ancre stylisée. Cette structure peut se maintenir pendant des heures après l'arrêt de l'injection de l'eau colorée.