
Fanny Hénon-Levy, directrice artistique – Intramuros du Centre Materia, en compagnie des artistes Jean-Robert Drouillard et Sophie Ouellet
— Yan Doublet – Université Laval
Voilà déjà un quart de siècle que le Centre Materia, rattaché à la Maison des métiers d'art de Québec (MMAQ), fait rayonner les disciplines du textile, de la céramique et de la sculpture. Pour souligner cet anniversaire, l'établissement propose une exposition collective, Matière à Encan, du 2 mai au 13 juin.
L'événement réunit 43 artistes, issus de diverses générations et pratiques, avec plus de 70 œuvres offertes dans le cadre d'un encan silencieux. Une belle occasion pour le public d'acquérir des pièces uniques tout en soutenant les projets du centre.
«On voulait marquer les 25 ans du Centre Materia et de la Maison des métiers d'arts avec une fête rassembleuse. L'exposition permet à la communauté artistique de se réunir et au public de découvrir les artistes qui offrent leurs œuvres», explique la directrice artistique – Intramuros du Centre Materia, Fanny Hénon-Levy.
Un pont entre métiers d'art et arts visuels
Parmi les artistes exposés, plusieurs ont fait des études en arts visuels à l'édifice La Fabrique de l'Université Laval, situé tout près de la MMAQ dans le quartier Saint-Roch. Une proximité géographique et pédagogique qui favorise les échanges entre deux univers longtemps perçus comme distincts.
Sculpteur et enseignant à la MMAQ depuis 2004, Jean-Robert Drouillard en témoigne: «Plusieurs de nos meilleurs finissants ont fait le baccalauréat en arts visuels avant d'arriver à la Maison des métiers d'art, ou l'inverse. De nombreux artistes en céramique, textile et sculpture formés en nos murs passent aussi par l'Université Laval, ce qui en fait des bibittes solidement armées pour accéder au monde professionnel.»
Fanny Hénon-Levy, elle-même détentrice d'une maîtrise en arts visuels, constate une évolution marquante: «De plus en plus, on voit des métiers d'art dans les arts visuels, et vice-versa. Cette porosité est signifiante et paraît dans nos mises en espace et nos choix d'artistes au Centre Materia.»
Des œuvres qui ont de quoi surprendre

— Yan Doublet – Université Laval
Dès l'entrée dans la salle d'exposition, le visiteur est accueilli par une œuvre intrigante de Jean-Robert Drouillard: une figure humaine coiffée d'une tête de lièvre. Cette œuvre en plâtre a été réalisée à partir d'un moule qu'il avait utilisé pour une autre sculpture, présentée l'hiver dernier lors de la Manif d'art.
Un peu plus loin, près de la vitrine, se trouve une autre création de l'artiste issue de sa série Mon mammifère préféré. La tête du personnage a été fabriquée, cette fois, avec des cônes pyrométriques qu'il a modifiés. Cheffe des ateliers de céramique de la MMAQ, sa conjointe Hélène Chouinard lui a fourni ces matériaux utilisés habituellement pour surveiller la cuisson dans les fours. Cette œuvre, hommage à leur fils, marque la naissance du prolifique duo interdisciplinaire Hélène et son mari.
«Ces deux sculptures sont un peu à côté de ma pratique habituelle, où j'utilise le bois et des techniques d'artisans du passé pour réaliser des œuvres qui sont la plupart du temps figuratives», confie Jean-Robert Drouillard.

Sophie Ouellet devant sa série Rébellion
— Yan Doublet – Université Laval
L'exposition est également une belle occasion de découvrir le travail de Sophie Ouellet. Accrochées au mur, trois petites pièces de céramique qui rappellent la forme de météorites semblent être suspendues dans le vide, sauf une placée sur une tablette. «J'aime travailler le minuscule. Ce trio, intitulé Rébellion, fait partie d'une série sur la marginalité. L'une des pièces, de couleur différente, se distingue des autres», dit celle qui se revendique comme une artiste écoféministe.
Titulaire d'un baccalauréat multidisciplinaire en arts visuels, service social et sociologie, Sophie Ouellet insuffle une dimension profondément humaine à sa démarche. «Je ne cherche pas à faire du beau, de l'esthétique. Je veux non seulement que mes œuvres aient un impact, mais qu'elles aient un côté participatif. Pour moi, la médiation fait partie intégrante de la création.»

Jean-Robert Drouillard
— Yan Doublet – Université Laval
Contrairement aux autres diplômés de l'Université Laval qui participent à l'exposition, Jean-Robert Drouillard a étudié non pas en arts visuels, mais en littérature et en création littéraire. Un choix logique pour ce sculpteur qui mène aussi une pratique d'auteur-compositeur-interprète sous le pseudonyme de Juste Robert. «Les mots ont toujours fait partie de ma pratique. Il y avait des traces de poésie dans mes titres d'œuvres ou mes expositions. Mes études m'ont beaucoup aidé à écrire sur mon travail, ce qui est indispensable quand on fait ce métier», dit-il.
Cliquez sur les photos suivantes pour avoir un aperçu des œuvres exposées.

Le lancement de l'exposition aura lieu le 2 mai, dès 17h, en présence de nombreux artistes. L'animation musicale sera assurée par DJ Funk Connection.
Le Centre Materia est situé au 367, boulevard Charest Est.