
Le 8 mars 1953, le premier concert officiel de la Chorale de l'Université Laval a eu lieu dans la Salle des promotions du Séminaire de Québec.
— Henri Roussel
1950-2025. En trois quarts de siècle, le Chœur de l'Université Laval aura traversé avec succès les époques et les modes. Considéré comme le plus ancien chœur d'adultes de la ville de Québec, il réunit encore aujourd'hui et en majorité des personnes ayant un lien avec l'Université: des étudiantes et étudiants, des personnes diplômées, des membres du personnel et des personnes retraitées.
«Si certaines et certains ont une formation musicale, d'autres développent davantage leur maîtrise de la voix chantée, explique le directeur musical et artistique du chœur, Guy Lavigne, qui occupe cette fonction depuis 1990. Avant, l'essentiel de la programmation du chœur était de la musique sacrée. Aujourd'hui, on touche toujours à de grands compositeurs et à de grandes œuvres, mais la programmation va de la musique sacrée aux extraits d'opéra. Certaines œuvres représentent un défi. Mais on est capables de faire en sorte de présenter des interprétations satisfaisantes.»
Selon lui, le concert le plus important de l'histoire du chœur a eu lieu en mai 1998 à l'église Saint-Roch. Il avait pour titre Opéras et symphonies. Les choristes avaient interprété, entre autres, des extraits de La Traviata de Verdi, le final de Turandot de Puccini, le final de la Symphonie Résurrection de Mahler et le final de la Neuvième de Beethoven. «Ce fut une grande aventure, affirme-t-il. Il fallait un grand orchestre, des solistes, un grand chœur. Pour entrer dans ces œuvres-là comme choriste, il faut une qualité à la base: travailler fort.»
D'une décennie à l'autre, celles et ceux qui se sont joints au chœur ont eu en commun de vouloir vibrer en harmonie avec d'autres personnes passionnées de musique. Avoir l'oreille musicale et une voix juste sont les critères d'admission au chœur. «J'ai aussi ce minimum d'exigence que la personne arrive à maîtriser de façon minimale le caractère de l'œuvre, ajoute Guy Lavigne. Les chanteurs que nous engageons font un travail de base pour aider chacune et chacun des choristes à maîtriser sa partie, que ce soit comme soprano, alto, ténor ou basse.»
Cette saison, 120 choristes composent le chœur. Année après année, les femmes représentent environ 60% du groupe. «Nous sommes l'un des rares chœurs à avoir des voix d'hommes», souligne-t-il.
Selon lui, le chœur est une grande famille, le lien entre les membres est fort, en dépit des différences de personnalités. «Les gens sont différents, mais ils arrivent à s'unifier pour une œuvre, soutient-il. Dans la vie on a de la difficulté à s'harmoniser, les opinions sont souvent opposées. Mais dans le chœur, tous se mettent au service de l'art. Il est important qu'un chœur soit homogène. Un bon noyau reste avec les années. Une communauté s'est créée là, il y a une identité.»
Il arrive que certaines personnes «se trouvent» à travers le chant choral. «Ce chant amène tout d'un coup une possibilité d'harmonisation, explique Guy Lavigne. La création artistique touche à des zones assez importantes de l'être. Des gens vont se mettre à vibrer. Ils disent qu'ils ne pensaient pas être aussi heureux.»

Le 26 mars 1976, la Chorale de l'Université Laval se produit au Théâtre de la cité universitaire sous la direction d'André Martin.
— Jean Dominique
Le doyen des choristes
André Bédard est une figure familière au sein du Chœur de l'Université Laval. Et pour cause. Ce ténor a fait son entrée, en 1977, dans ce qui s'appelait alors la Chorale de l'Université Laval. Il venait d'entreprendre son baccalauréat en informatique. Quelque 50 ans plus tard, ce retraité chante toujours avec le chœur après avoir fait carrière à l'Université.
«Avec d'autres étudiants, j'ai été initié au chant choral à raison d'une heure par semaine par la professeure Chantal Masson-Bourque, raconte-t-il. Nos répétitions se faisaient au sous-sol du pavillon Alphonse-Marie-Parent. À mon arrivée à la Chorale, celle-ci comptait une cinquantaine de membres. En septembre 1978, on apprend qu'on allait donner un concert à l'église Saint-Roch. Nous avons dû apprendre quatre ou cinq pièces complètes. C'était rapide, c'était intense. Les garçons de la chorale se sont retrouvés derrière le jubé, à 18 mètres du sol, adossés à l'orgue. L'église nous renvoyait l'écho. C'était extraordinaire!»
Pour lui, le fait de chanter en groupe a quelque chose de très particulier. «C'est sûr que quand on chante ensemble dans un événement où tout le monde fait la même chose en même temps, on se trouve à partager quelque chose de magnifique, de très beau, affirme-t-il. Chanter dans un chœur, cela demande beaucoup de concentration. Il y a beaucoup de mots, ils viennent très vite et il y a des notes à ne pas manquer.»
Russe, allemand, italien, espagnol: le répertoire du chant choral se décline en plusieurs langues. «Comme francophone, indique-t-il, je suis plus à l'aise avec l'italien, l'espagnol, même le latin. On travaille beaucoup sur la prononciation. Il semblerait que notre diction soit correcte.»
Le chant choral, une passion? André Bédard répond que oui. «Mais ce n'est pas exceptionnel, ajoute-t-il. Plusieurs personnes avec qui j'ai commencé à l'Université Laval en font encore. Chanter dans un chœur fait du bien à l'âme. On exprime beaucoup d'émotions. Des pièces sont très graves, comme les requiems. J'ai aimé interpréter beaucoup d'œuvres. J'ai trouvé certaines pièces particulièrement agréables et satisfaisantes, comme Le cantique de Jean Racine, de Gabriel Fauré.»
Selon lui, la voix est tout un instrument. «On l'a toujours avec nous et presque tout le monde peut l'utiliser, souligne-t-il. En groupe, cela devient une activité vraiment formidable. On chante pour les gens. Exprimer les sentiments qu'on peut avoir fait du bien à tous les niveaux.»
D'abord «la Chorale», ensuite «le Chœur»
Suzanne Coulombe est la présidente du conseil d'administration du Chœur de l'Université Laval. Originaire de Montréal, elle est arrivée à Québec en 1981. La même année, elle faisait son entrée au chœur. «Je ne connaissais personne, raconte-t-elle. Le chœur a été pour moi une façon de m'introduire dans la société de Québec.»
En 1950, la Chorale de l'Université Laval, une activité socioculturelle, était créée au Séminaire de Québec par l'abbé Fernand Biron, professeur de chant, ainsi que 4 étudiants et une étudiante.
Un sondage, réalisé il y a quelques années, révélait que les deux tiers des membres du chœur avaient un lien avec l'Université Laval. Parmi les autres membres se trouvent, entre autres, des étudiantes et étudiants de l'international en provenance, notamment, d'Allemagne.

Le Choeur de l'Université Laval en 2019 sous la direction de Guy Lavigne
— Choeur de l'Université Laval
«Les étudiants allemands, comme ceux du Canada anglais, semblent avoir une culture musicale plus poussée que nos étudiants d'ici, indique Suzanne Coulombe. Plusieurs de ces chanteurs ont fait du chant choral religieux. Comme on interprète souvent des pièces en langue allemande, nos germanophones peuvent corriger notre diction.»
Le conseil d'administration gère tout l'aspect administratif des activités du Chœur. «Nous gérons notamment la vente des billets, dit-elle. D'ailleurs, ceux de notre prochain spectacle du 3 mai, au Palais Montcalm, sont tous vendus. Le chœur interprétera la cantate Carmina Burana, de Carl Orff.»
Fait à mentionner: en décembre 1963, la Chorale de l'Université Laval présentait Carmina Burana pour la première fois à Québec, au Palais Montcalm, avec l'Orchestre symphonique de Québec.
La suite des choses? «Nous sommes réengagés par l'Orchestre philharmonique de Montréal pour refaire deux concerts avec eux, explique-t-elle. Le premier, en septembre au Grand Théâtre de Québec, sera un hommage au compositeur de films John Williams.»