Comment rendre notre société plus respectueuse et inclusive pour les personnes aînées? Certainement pas en leur disant qu'il est temps de se reposer. «Ce qui est pernicieux avec l'âgisme, c'est qu'il existe sous différentes formes, dont une forme bienveillante. Lorsque des gens disent à un aîné qu'il est temps pour lui de profiter de la quiétude, de “profiter de la vie”, ils n'ont pas l'impression de le discriminer. Ils veulent habituellement son bien, mais ils l'excluent tout de même de la vie active et de la société», explique Marie-Claude Savoie, conseillère en communication de l'Initiative pour l'inclusion sociale des personnes aînées: un enjeu collectif.
Or, «profiter de la vie», c'est avant tout continuer à mener une vie active, selon les envies et les capacités de chacun. «Lorsque les personnes aînées sont isolées chez elles, leur qualité de vie diminue et il y a plus de risques pour leur santé psychologique», affirme Marie-Claude Savoie. C'est pourquoi l'Initiative, un projet interdisciplinaire soutenu par l'Institut sur le vieillissement et la participation sociale des aînés de l'Université Laval, vise avant tout à éliminer les obstacles qui contribuent à l'exclusion de ces personnes.
Pour contrer l'âgisme, l'Initiative a d'abord lancé, en 2022, la série documentaire Présent.es, dans laquelle elle montre toute la richesse des relations intergénérationnelles. Dans les quatre épisodes de la série, on voit comment des personnes de différentes générations retirent, réciproquement, du bien-être et du savoir-faire à se côtoyer et à échanger.
«Le documentaire a été bien reçu et a effectivement brisé certains préjugés. Mais en jasant avec des personnes aînées, notamment au Salon FADOQ, on s'est rendu compte que certaines parmi elles ne savent pas vraiment ce qu'est l'âgisme et qu'elles n'arrivent pas à identifier des situations où il est présent. On a donc décidé de concevoir un outil pour les aider à démystifier cette forme de discrimination», raconte Marie-Claude Savoie. Ainsi est née la trousse Présent.es contre l'âgisme, qui complète la série documentaire.
Une trousse clé en main qui s'adapte à tous les publics
La trousse peut être utilisée par des organismes communautaires qui travaillent auprès d'une clientèle aînée ou encore par le personnel d'une résidence pour aînés. Elle comprend tout ce qu'il faut pour animer un atelier de deux heures sur l'âgisme: des instructions pour l'animateur, une présentation PowerPoint à personnaliser, un jeu brise-glace, les épisodes de la série et des fiches d'écoute active, ainsi que des fiches aide-mémoire à remettre aux participants à la fin de l'atelier.
«Dans la trousse, nous suggérons aussi des versions plus courtes de l'atelier. Il est possible, par exemple, de visionner un seul épisode ou de ne faire que le jeu brise-glace. L'important, c'est que les organisations s'approprient le contenu de la trousse et qu'elles l'adaptent à leurs besoins. Bref, la trousse se veut surtout un outil original et invitant pour permettre d'engager une discussion sur les différentes manifestations de l'âgisme et l'importance de reconnaître et de dénoncer les situations discriminantes», indique Marie-Claude Savoie.
Et l'outil, «basé sur la science», insiste-t-elle, est effectivement adroitement vulgarisé, simple et convivial. Par exemple, le jeu brise-glace, composé de questions vrai ou faux, permet de combattre de manière ludique plusieurs préjugés. «Vrai ou faux? Les personnes aînées ne s'intéressent pas à la technologie», demande-t-on dans ce jeu. «Faux, et quelques statistiques sur les aînés connectés, au Québec, en 2022, le prouvent: 78% naviguent sur Internet, 88% disposent d'un appareil électronique, et 37% magasinent en ligne», apporte-t-on comme réponse.
— Marie-Claude Savoie, conseillère en communication de l'Initiative pour l'inclusion sociale des personnes aînées: un enjeu collectif
Grâce à la réalisation de la trousse Présent.es contre l'âgisme, les membres de l'Initiative rêvent, ultimement, que chaque Québécoise et chaque Québécois puisse vieillir sereinement, sans peur du lendemain. «Sans minimiser les autres formes de discrimination, l'âgisme est particulier en ce qu'il nous touche tous personnellement. Peu importe notre origine ethnique, notre genre, notre orientation sexuelle, bref notre différence, nous avons tous en commun que nous allons vieillir. Nous sommes les aînés de demain et pouvons dès aujourd'hui améliorer la vie actuelle de nos prédécesseurs et notre propre vie future en changeant les mentalités et en abolissant les préjugés qui alimentent l'âgisme», conclut Marie-Claude Savoie.
En savoir plus et télécharger gratuitement la trousse de sensibilisation à l'âgisme