Ce vendredi 13 septembre sera rempli d'émotion pour le chargé d'enseignement Jonathan Beaulieu-Cyr. Accompagné de plusieurs comédiens et d'une partie de l'équipe de production, il présentera pour la première fois au public son film Phénix, en compétition au 13e Festival de cinéma de la ville de Québec.
«Je voulais revenir sur un événement récent de l'histoire canadienne qui a été un peu éclipsé, le déploiement des Forces armées canadiennes en Afghanistan. Moi, j'ai vécu cet événement de l'intérieur puisque mon père a été envoyé là-bas. J'ai donc choisi de raconter l'histoire du point de vue d'un adolescent, notamment pour faire la paix avec cette période de ma vie», confie le réalisateur, nouvellement engagé comme chargé d'enseignement au Département de littérature, théâtre et cinéma.
Enseigner l'aspect technique du cinéma
Le cinéaste qui est perçu comme l'une des vedettes montantes de la nouvelle génération de réalisateurs québécois – surtout depuis le succès critique qu'a connu son premier long-métrage, coréalisé avec Renaud Lessard en 2018, Mag Dog Labine – a été embauché pour offrir certains des cours du nouveau baccalauréat en cinéma et culture numérique.
«L'enseignement m'a attiré dès mes études en cinéma au Cégep Garneau. Transmettre du savoir, c'est tellement valorisant!», révèle Jonathan Beaulieu-Cyr.
Après un baccalauréat et une maîtrise en cinéma à l'Université Concordia, où il a eu l'occasion d'enseigner de façon informelle, il s'est lancé dans la scénarisation et la réalisation. «Mais cet été, les astres se sont alignés. Je venais de terminer le long processus de Phénix, tourné à Valcartier et à Loretteville, pendant lequel j'ai pu me rendre compte de l'énorme potentiel de la région pour la communauté cinématographique. Sur un plan plus personnel, ce séjour à Québec m'a permis de me rapprocher de mes parents. Et j'ai vu le poste pour enseigner la pratique du cinéma. C'était écrit dans le ciel!», s'exclame-t-il.
Depuis septembre, il enseigne donc les rudiments de l'éclairage, de la captation, du montage, mais aussi le processus créatif aux étudiants en cinéma. «Bien sûr, il faut qu'ils apprennent la technique, mais je veux aussi les aider à orienter leur désir artistique. Je souhaite surtout faire naître chez eux le désir de réaliser des films utiles, qui ont un aspect altruiste, qui peuvent changer les perceptions et influencer la société», déclare le chargé d'enseignement.
Un autre regard sur la guerre
Même si Phénix est avant tout un drame qui s'attarde à des relations familiales touchantes, avec des personnages attachants, le film possède aussi un sous-texte politique. «On parle peu de la guerre en Afghanistan, car elle marque un tournant pour l'armée canadienne. Avant, les militaires partaient davantage en mission de paix. Dès le début, le déploiement en Afghanistan a été critiqué. Il y a des commentateurs politiques qui ont même parlé d'invasion. Alors, je trouvais intéressant de montrer cet événement sous l'angle de la naïveté et de l'affectivité d'un enfant de militaire», explique le cinéaste.
Selon Jonathan Beaulieu-Cyr, son film possède une certaine utilité sociale en ce qu'il montre que les décisions politiques ont non seulement des répercussions sur les militaires déployés, mais aussi sur des dizaines de milliers d'autres Canadiens. «Ces déplacements en zone de guerre affectent la famille et les amis aussi. Les militaires courent un risque de blessures graves ou de décès. Pour les proches, il y a un haut risque psychologique», conclut-il.
Présenté en avant-première le vendredi 13 septembre, à 21 h, au Diamant, le film sera suivi d'une discussion avec le réalisateur et son équipe. Phénix sortira en salle au début de l'année 2025.