Chaque été, les libraires sont pris d'assaut en raison de l'événement «Le 12 août, j'achète un livre québécois». ULaval nouvelles profite de ce mouvement qui fait de plus en plus d'adeptes pour présenter des ouvrages publiés récemment par des auteurs issus de la communauté universitaire.
Puberté (Le Quartanier), par Annie Lafleur
C'est le recueil qui a valu à Annie Lafleur le Prix francophone international du Festival de la poésie de Montréal, en mai dernier. L'étudiante à la maîtrise en études littéraires y relate ses souvenirs d'adolescence, à l'époque de la puberté.
Son amour des mots transparaît dans ce recueil qui nous entraîne dans l'étape charnière des métamorphoses. Révolte, solitude, jouissance et peur coexistent dans cet ouvrage qui raconte les tribulations de deux amies d'enfance, Annie et la Ménine, qui traversent leur puberté «comme un champ de force».
Puberté est le sixième livre d'Annie Lafleur. Ses œuvres ont été finalistes notamment au prix Alain-Grandbois, au Prix des libraires du Québec et aux Prix littéraires du Gouverneur général. Dans le cadre de son projet de mémoire sous la direction du professeur Michaël Trahan, l'étudiante travaille sur son prochain livre, un roman où devraient s'entrecroiser la prose et le récit.
Tout me revient maintenant (La Mèche), par Jean-Michel Fortier
Titulaire d'une maîtrise en études littéraires, Jean-Michel Fortier est de retour avec un quatrième roman chez La Mèche, trois ans après l'excellent La révolution d'Agnès.
Tout me revient maintenant nous plonge en 2003, à Sainte-Foy. Colin a 16 ans. Il travaille dans «une boutique de bébelles» et aime clavarder sur MSN. Surtout, il veut être un «ado normal» et espère ne pas être le rejet de son école. Mais Colin porte deux secrets: il admire profondément Céline Dion et aime les garçons, dont un en particulier, l'ami de son frère.
À travers ce narrateur attachant et vulnérable, Jean-Michel Fortier relate les hauts et les bas de l'adolescence, mais surtout la difficulté pour certains jeunes de sortir du placard. L'histoire, saupoudrée de réflexions sur l'amitié, la masculinité ou encore les classes sociales, se déroule dans un décor de Sainte-Foy que plusieurs reconnaîtront, comme Plaza Laval, la Pyramide et la bibliothèque Monique-Corriveau. Le tout avec de nombreux clins d'œil aux œuvres musicales, cinématographiques et télévisuelles qui ont marqué le début des années 2000.
Rue Duplessis. Ma petite noirceur (Lux), par Jean-Philippe Pleau
Jean-Philippe Pleau est sociologue et animateur à Radio-Canada. Il a coanimé C'est fou… avec le regretté Serge Bouchard pendant plus de dix ans avant de prendre la barre de l'émission Réfléchir à voix haute. À l'entendre partager ses réflexions fort pertinentes sur mille et un sujets, on ne devinerait pas qu'il est issu d'un milieu populaire où l'éducation n'était pas valorisée. Où trônaient les préjugés, l'intolérance, l'hypocondrie et la peur de l'inconnu et de la nouveauté. C'est pourtant le cas.
Dans Rue Duplessis, il raconte cette enfance passée auprès de ses parents, un père analphabète et une mère peu scolarisée. Il revient sur l'époque de ses études en sociologie à l'Université Laval et son désir de fuir ses origines et de redéfinir son identité.
Avec ce livre à mi-chemin entre le roman autobiographique et l'essai sociologique, Jean-Philippe Pleau veut «rendre compte et non rendre des comptes», comme il l'explique dans l'avant-propos. Malgré leurs grandes différences, il fait preuve d'énormément d'amour et de respect envers ses parents, tout en relatant son parcours de «transfuge de classe», un terme qui désigne quelqu'un ayant changé de milieu social au cours de sa vie.
Des Québécois en Normandie. Du jour J à la libération de Paris (Boréal), par Frédéric Smith
Cette année marque le 80e anniversaire du débarquement de Normandie. Le 6 juin 1944, 156 000 soldats débarquaient sur les côtes françaises. Parmi eux, des soldats originaires de Québec, de Montréal, de Montmagny, de la Beauce et d'ailleurs au Québec.
Si l'effort de guerre du Canada en Normandie a été largement documenté par les historiens, celui des Québécois francophones – identifiés comme «Canadiens français» à l'époque - l'est beaucoup moins. Avec son livre, Frédéric Smith comble cette lacune. La préparation de la mission par les officiers, la fébrilité des soldats qui attendent dans les navires la veille du débarquement, le largage chaotique des parachutistes, les obus qui sifflent au-dessus des fantassins, les tankistes qui avancent à travers les explosions, les infirmières qui soignent les blessés, les opérations tactiques qui ont mené à la victoire des Alliés: tout ça est raconté avec énormément de détails. L'ouvrage, agrémenté de photos et de cartes géographiques, est basé en partie sur des témoignages inédits recueillis auprès de familles d'anciens combattants.
En plus de présenter ces héros de l'ombre, Frédéric Smith relate le parcours de gens qui ont marqué l'histoire après la guerre, comme les futurs premiers ministres René Lévesque et Paul Sauvé, ou encore Gérard Marchand, le fondateur de la paroisse Saint-Albert-le-Grand à Limoilou, et Louis de Gonzague Jalbert, qui deviendra un entrepreneur accompli.
Titulaire d'une maîtrise en histoire et d'un certificat en archivistique, Frédéric Smith est spécialiste de l'histoire du Québec pendant la Seconde Guerre mondiale et du patrimoine de la région de Québec.
Villes et villages côtiers de la Côte-du-Sud et du Bas-Saint-Laurent (Éditions du Fleuve), par Edwin Bourget
Edwin Bourget ne manque pas de projets depuis qu'il a pris sa retraite de l'Université. Ce professeur émérite de la Faculté des sciences et de génie et ancien vice-recteur se consacre désormais à sa carrière artistique. Avec les Éditions du Fleuve, qu'il a fondées, il publie chaque année un recueil de dessins et d'aquarelles issus de ses pérégrinations dans différentes régions du Québec. Après la ville de Québec, Charlevoix et la Gaspésie, ce sont maintenant les décors de la Côte-du-Sud et du Bas-Saint-Laurent qui font l'objet d'un ouvrage.
De Beaumont à Sainte-Luce-sur-Mer, en passant par Saint-Jean-Port-Joli, La Pocatière, Kamouraska, L'Isle-Verte et Rimouski, ce recueil réunit une centaine d'illustrations des plus beaux sites de la région. Chaque image est accompagnée d'un court texte descriptif sur l'histoire ou les particularités du lieu.
La Côte-du-Sud et le Bas-Saint-Laurent sont deux régions qu'Edwin Bourget connaît bien pour y avoir passé une partie de son enfance. Dans le cas du Bas-Saint-Laurent, il y a également travaillé pendant plusieurs années comme biologiste marin, son domaine de recherche.
Existantes: pour une philosophie féministe incarnée (Éditions du remue-ménage), par Cécile Gagnon et Marie-Anne Casselot
Voici un livre qui plaira à celles et ceux qui veulent pousser leurs réflexions sur les études féministes. Marie-Anne Casselot, doctorante en philosophie, et Cécile Gagnon, chargée de cours à l'Université de Montréal et ancienne étudiante à la maîtrise à l'Université Laval, abordent des sujets traditionnellement boudés par la philosophie occidentale. Il y est question, entre autres, du mythe du Sujet universel, des systèmes de pensée fondés sur les dualismes ou encore de justice épistémique.
Simone de Beauvoir, Iris Marion Young, Judith Butler, Elsa Dorlin, Kristie Dotson, Émilie Hache et Patricia Hill Collins: les deux autrices croisent les voix des intellectuelles qui ont contribué au développement des études féministes et remettent en question certains discours de la philosophie occidentale.
La préface est signée par Diane Lamoureux, professeure émérite à la Faculté des sciences sociales et spécialiste de la sociologie politique féministe.