29 mai 2024
L'Université Laval décernera 10 doctorats honorifiques à l'occasion de sa collation des grades
Les secteurs d’activité des récipiendaires sont très diversifiés: administration, art et science de l’animation, ethnographie et patrimoine, médecine, médecine dentaire, pharmacie, relations industrielles, sciences forestières et doctorat d’université
La collation des grades de l’Université Laval se déroulera du 17 au 20 juin au Centre des congrès de Québec. Un doctorat honorifique sera remis à 10 personnalités au rayonnement remarquable et exemplaire. Le doctorat honoris causa est la plus haute distinction décernée par l’Université Laval. Voici les récipiendaires 2024.
Jean Bélanger, doctorat honoris causa en administration
Jean Bélanger est président et chef de la direction de Premier Tech, une entreprise de Rivière-du-Loup spécialisée, entre autres, en automatisation et optimisation de chaînes d’emballage, et en assainissement des eaux usées et gestion de l’eau. Les multiples métiers et le leadership technologique qui caractérisent cette société lui ont acquis une renommée qui dépasse les frontières.
«Je suis très honoré de recevoir cette distinction, explique cet entrepreneur passionné et leader d’affaires. Elle vient reconnaître le parcours d’une équipe. C’est en équipe qu’on va plus loin. C’est un honneur d’équipe.»
En 36 ans chez Premier Tech, le récipiendaire s’est entouré de leaders de talent. «L’élément dont je suis le plus fier, affirme-t-il, est d’avoir mis l’accent, dès le départ, sur l’humain. L’équipe de direction est constituée d’amis de longue date originaires, comme moi, du Bas-du-Fleuve. Ce sont des ingénieurs comme moi. Nous avons étudié ensemble à Polytechnique Montréal. Nos emplois d’été, nous les avons eus chez Premier Tech. Nous avons tout le temps parlé business. Dès le départ, nous nous sommes dit: On va remplacer le mot «employé» par «équipier». Avant que les termes d’inclusion, de durabilité, d’équité, de respect soient à la mode, nous en parlions dans notre entreprise.»
Premier Tech emploie plus de 5000 travailleurs, dont le cinquième dans ses installations de Rivière-du-Loup. Le reste du personnel est disséminé dans 28 pays, dont la France. En 2022, le gouvernement de ce pays a décerné le titre de chevalier de l’Ordre national de la Légion d’honneur à l’entrepreneur québécois pour souligner son apport comme bâtisseur étranger dans l’Hexagone.
Dans son discours d’acceptation, Jean Bélanger parlera d’effort et de passion. «Je résume ça, dit-il, en une équation: votre potentiel personnel comme professionnel est égal à votre talent multiplié par votre passion au carré.» Selon lui, si on veut réussir dans la vie, on doit mettre l’épaule à la roue et travailler fort, comme un athlète qui s’est fixé un but. «Les résultats, ajoute-t-il, sont proportionnels à l’effort.»
Le mercredi 19 juin, les astres seront alignés pour la famille Bélanger. Non seulement le président et chef de la direction de Premier Tech recevra-t-il son doctorat honorifique, mais son père, Bernard Bélanger, président du conseil d’administration de l’entreprise de Rivière-du-Loup, recevra, quant à lui, son insigne d’officier de l’Ordre national du Québec des mains du premier ministre François Legault. Les deux cérémonies débuteront en même temps.
«L’honneur que le gouvernement du Québec fait à mon père vient reconnaître son parcours d’entrepreneur et de défenseur des régions, explique Jean Bélanger. Il a en effet su utiliser sa vision d’une entreprise se déployant dans plusieurs pays non seulement à partir du Québec, mais surtout basée hors d’un grand centre. Sa passion pour la ressource naturelle qu’est la tourbe de mousse de sphaigne a donné le ton à toute sa carrière et a été à l’origine de ce que Premier Tech est devenue aujourd’hui.»
Valérie Courtois, doctorat honoris causa en sciences forestières
Du 9 au 11 mai 2023, Ottawa était le théâtre du plus grand rassemblement de gardiens du territoire. Plus de 300 membres des Premières Nations étaient réunis pour célébrer la croissance de ce mouvement national qui vise à protéger les terres et les cours d'eau. «Ce moment de grande fierté représentait, pour moi, l'évidence du succès de nos efforts à augmenter le nombre de programmes et de gardiens à travers le pays», relate Valérie Courtois.
Fière Innue de Mashteuiatsh, Valérie Courtois s'est donnée pour mission de renforcer le sentiment d'appartenance des autochtones à leur nation et de créer un espace de réconciliation entre les peuples. Ce mandat, ambitieux, se fait notamment sous l'égide de l'Initiative de leadership autochtone, un organisme qu'elle a fondé et qui se consacre à faire progresser le rôle des communautés dans la prise de décision concernant l'avenir de leurs territoires.
Celle qui est détentrice d'un baccalauréat en sciences forestières de l'Université de Moncton est considérée comme une référence en matière de questions forestières autochtones. «J'ai toujours été sur cette voie – de travailler pour et avec les Premières Nations, dont la mienne, pour que nous puissions avoir une relation avec notre environnement et un renforcement de nos cultures. Très jeune, j'adorais être en territoire et apprendre le plus possible sur nos pratiques culturelles», dit celle qui a été inspirée par de nombreux leaders autochtones, dont Ghislain Picard, Ben Michel, Tanien Ashini et Jean-Charles Pietacho.
Une phrase à la fois simple et complexe qui est au coeur de son engagement: «Notre rôle en tant qu'humain est de s'assurer de laisser notre planète et notre société en meilleur état qu'à notre arrivée.»
À noter que Valérie Courtois prononcera une conférence devant la promotion 2024 des gardiennes et gardiens du Territoire à l’occasion du Grand rassemblement des savoirs, organisé par l’Université Laval le mercredi 19 juin, à 14h, au local 0160 du pavillon Abitibi-Price. Puis, le même jour, à 17h30, elle participera à un Bar à sciences sur l’importance de l’expertise citoyenne en recherche au bistro bar Ninkasi, situé au 811, rue St-Jean. Elle partagera son expérience de contribution à la recherche, sa perception quant à l’importance de ce genre d’initiative et fera part des défis rencontrés et de ses meilleurs coups. L’entrée est gratuite.
Ghislain Cyr, doctorat honoris causa en médecine
Pêcheur de poisson de fond et chasseur de phoque, Ghislain Cyr est de ceux qui contribuent à la santé et au mieux-être des communautés côtières ainsi qu'à la sécurité et à la souveraineté alimentaires au Québec.
Au fil des ans, ce passionné de la mer a participé à des projets de recherche et amélioré les outils de collecte de données dans les domaines de la santé, des sciences sociales et des sciences de la mer. Il a aussi collaboré au démarrage d'une entreprise à vocation sociale dont l'objectif est de valoriser des sous-produits de la chasse au phoque. Tirer profit de la nature sans la surexploiter: tel est son leitmotiv. Son plaidoyer pour une pêche plus respectueuse de l'environnement et durable a joué un rôle clé autant auprès des décideurs que du grand public.
Son amour et son respect de l'environnement, Ghislain Cyr le doit à ses parents et ses grands-parents, qui lui ont appris à chérir les richesses qui nous entourent alors qu'il était haut comme trois pommes. «Cueillir, pêcher, chasser, jardiner étaient essentiels pour se nourrir, se souvient-il. Et il était interdit de gaspiller. Puis petit, j'ai été en contact avec des livres et particulièrement une encyclopédie marine. Mon imaginaire a été happé par ces images qui représentaient les interrelations dans des écosystèmes.»
Celui qui promeut une vision systémique du milieu marin se dit «surpris et sous le choc» de recevoir un doctorat honorifique. «Pour moi, cette distinction signifie qu'un savoir terrain, un savoir traditionnel, peut être considéré et reconnu. L'arrimage du savoir traditionnel avec le savoir scientifique ne peut qu'être bénéfique.»
À noter que Ghislain Cyr participera à un Bar à sciences sur l’importance de l’expertise citoyenne en recherche le mercredi 19 juin, à 17h30, au bistro bar Ninkasi, situé au 811, rue St-Jean. Il partagera son expérience de contribution à la recherche, sa perception quant à l’importance de ce genre d’initiative et fera part des défis rencontrés et de ses meilleurs coups. L’entrée est gratuite.
Isabelle Ferreras, doctorat honoris causa en relations industrielles
«Ne doutez jamais qu'un petit groupe d'individus conscients et engagés puisse changer le monde. En effet, c'est toujours ainsi que le monde a changé.»
Cette citation de l'anthropologue américaine Margaret Mead, Isabelle Ferreras l'apprécie particulièrement. Elle est même au cœur de sa démarche de chercheuse en sciences du travail et de l'emploi, elle qui se dit «animée par un double feu: la révolte devant l'injustice et la soif de comprendre». Depuis plusieurs années, ses travaux constituent une référence dans le domaine des relations industrielles.
Diplômée du Massachusetts Institute of Technology (MIT) et de l'Université Harvard, Isabelle Ferreras est professeure à l'Université catholique de Louvain, en Belgique, où elle a étudié la sociologie. C'est là qu'elle a mené une enquête ethnographique auprès de caissières de supermarchés. «J'ai pu passer beaucoup de temps à recueillir leur parole, comprendre leur situation de travail, m'intéresser de près à leur expérience, leur point de vue, leur vécu, et j'ai alors compris combien la science devait être construite du point de vue des personnes au travail, plutôt que du point de vue théorique, artificiel, des sociétés anonymes», dit celle qui s'est heurtée, à l'époque, à la perplexité de certains collègues.
Il n'empêche qu'un chercheur, devenu son mentor, a cru en elle: Michael Piore, économiste et professeur au MIT, auréolé lui aussi d'un doctorat honorifique de l'Université Laval il y a huit ans. «Cela me touche énormément de succéder à Mike. Car l'aventure scientifique est aussi une aventure humaine de transmission», conclut Isabelle Ferreras.
André Gladu, doctorat honoris causa en ethnologie et patrimoine
On lui doit un nombre impressionnant de films ethnographiques. Sa série documentaire Le son des Français d'Amérique, coréalisée avec nul autre que Michel Brault, figure au programme Mémoire du monde de l'UNESCO. Depuis plus de 50 ans, le producteur, réalisateur et scénariste André Gladu travaille au service de la valorisation et de la préservation du patrimoine des francophones d'Amérique, du Québec à la Louisiane, en passant par l'Acadie, le Manitoba et le Missouri.
Ce dont il est le plus fier? Avoir pu braquer sa caméra sur les musiciens jazz de la Nouvelle-Orléans pour les besoins du film Liberty Street Blues, en 1986. «D'un point de vue ethnographique, social et humain, il n'était pas évident de s'intégrer dans le vrai milieu du jazz afro-américain de la ville et créer un lien de confiance avec des musiciens dont on a souvent abusé dans le passé. En tant que Québécois dont la langue maternelle est le français, je voulais démontrer que collectivement, nous avons davantage d'affinités avec certains autres peuples minoritaires d'Amérique dont a souvent sous-estimé l'apport réel au continent», dit-il.
La grande aventure professionnelle d'André Gladu a commencé le 16 octobre 1970, précisément. Cette date est celle de l'imposition de la Loi sur les mesures de guerre, qui accordait au gouvernement fédéral des pouvoirs spéciaux. «Pour la première fois dans l'histoire du Canada, tous les droits et libertés civils ont été abolis en période de paix. Sous le choc, je me suis demandé comment un peuple peut se défendre contre de tels abus de pouvoir. J'en suis arrivé à la conclusion qu'il faut y opposer une forme de résistance démocratique. Finalement, la culture démocratique d'une nation, c'est son expérience historique. C'est ce qui m'a motivé à vouloir documenter notre présence et celle des autres francophones en Amérique du Nord.»
Monique Leroux, doctorat honoris causa en administration
Le nom de Monique Leroux est bien connu dans le milieu de la haute finance québécoise et canadienne. Et pour cause, puisqu’elle a, de 2008 à 2016, occupé la fonction de présidente du conseil et cheffe de la direction du Mouvement Desjardins. Elle identifie d’ailleurs cette période comme celle qui lui a apporté le plus de satisfaction. «Nul doute, explique-t-elle, que cette période est celle dont je suis la plus fière. Desjardins est le premier groupe financier coopératif en Amérique du Nord. Il a eu et a toujours un rôle essentiel à jouer dans l’économie du Québec et du Canada. Cela a été un privilège d’être la première femme présidente d’une grande institution financière au Canada, et ce, particulièrement à diriger Desjardins lors de la crise financière de 2008 et 2009.»
Après des études en musique, la récipiendaire s’est spécialisée en comptabilité et finances avec l’ambition de s’impliquer activement dans le secteur financier et de l’économie. «J’ai toujours eu, dit-elle, la conviction de l’importance d’avoir au Québec un secteur financier robuste pour le bénéfice de nos entreprises et de nos institutions.» Après 17 ans comme auditrice chez Ernst & Young, elle a poursuivi sa carrière à la Banque royale du Canada, puis chez Québecor, avant d’être nommée à la tête de Desjardins.
Monique Leroux siège à plusieurs conseils d’administration, notamment ceux de Bell, Couche-Tard et Michelin. Grande philanthrope, elle a lancé, avec neuf autres cheffes d’entreprise en 2017, le Conseil canado-américain pour l’avancement des femmes entrepreneures et chefs d’entreprises.
Dans son discours d’acceptation, la récipiendaire évoquera trois mots qui l’ont toujours guidée, «mes trois A, dit-elle, soit l’ambition, l’audace et l’action». Elle soulignera aussi «l’importance de s’engager lorsque se présentent des opportunités et des défis à relever».
Nancy Florence Savard, doctorat honoris causa en art et science de l'animation
Jointe au Festival de Cannes, où elle participait au Marché du film, la réalisatrice et productrice de cinéma d'animation Nancy Florence Savard ne cachait pas sa joie de recevoir un doctorat honorifique. «Que l'Université Laval et mes pairs honorent mon parcours me touche énormément. Je regarde rarement dans le rétroviseur pour voir le chemin parcouru. Cette fois-ci, j'ai dû le faire et je me suis aperçue que j'avais sillonné quelques sentiers.»
Quelques sentiers, c'est le cas de le dire. La fondatrice de 10e Ave Productions a signé La légende de Sarila, premier long métrage d'animation 3D 100% canadien. Comme productrice ou coréalisatrice, on lui doit aussi notamment Le coq de St-Victor, vendu dans 98 pays, Nelly et Simon: Mission Yéti et Katak, le brave béluga, qui ont tous reçu un accueil des plus chaleureux, ici comme ailleurs.
Ce beau parcours a débuté il y a 25 ans, à l'époque où Ciné-Cadeau était le grand rendez-vous télévisuel des enfants et de leurs parents. «Pourtant, aucune œuvre québécoise en long métrage d'animation n'y était présentée, se souvient-elle. Nouvellement maman, je n'arrivais pas à me faire à l'idée de regarder cette programmation chérie avec mes enfants sans référent d'ici. Nos enfants méritent de voir leur culture, leur faune, leur flore à l'écran.»
Sa plus grande fierté, justement, est «d'avoir cru qu'à partir de la région de la Capitale-Nationale, je pouvais réaliser et produire numériquement des histoires d'ici pour les enfants et les familles dans l'un de leur médium préféré: l'animation 3D».
Charles E. Smith, doctorat honoris causa en médecine dentaire
Lorsqu’il a appris qu’il recevrait un doctorat honorifique de l’Université Laval, le professeur de carrière en médecine dentaire de l’Université McGill, Charles E. Smith, a eu un choc mêlé à un sentiment d’incrédulité. «J’ai eu très peu de visibilité publique au cours des années, soutient-il, je n’ai aucune présence sur les réseaux sociaux et mes travaux de recherche ne sont pas du genre à susciter beaucoup d’enthousiasme. Ce doctorat est, pour moi, une reconnaissance pour tout le travail acharné et les efforts que j’ai mis dans mon enseignement, dans l’encadrement de mes étudiants et à conduire mes recherches.»
Charles E. Smith a obtenu son doctorat de l’Université McGill en 1970. En 54 ans, il a fait d’importantes découvertes, notamment de nouvelles méthodes d’étude de l’émail dentaire. Cette contribution essentielle a permis de comprendre les mécanismes de maladies rares touchant le développement dentaire.
Considéré comme une sommité par ses pairs, le récipiendaire a formé des leaders en médecine dentaire. Il a aussi contribué à de nombreux ouvrages et publié près de 150 articles scientifiques.
«Ce dont je suis le plus fier, souligne-t-il, est d’avoir toujours tout fait, dans n’importe quel projet de recherche auquel j’ai été associé, pour m’assurer que les résultats soient précis et correctement interprétés.»
À l’été 1968, à la fin de sa deuxième année du premier cycle en études dentaires, Charles E. Smith a postulé pour une bourse de recherche du Conseil de la recherche médicale du Québec. «J’étais plus porté sur les questions théoriques que sur la prestation de services cliniques, raconte-t-il. Il était clair, en 1968, que la recherche m’attirait et qu’elle correspondait bien à ma personnalité.»
Jean St-Gelais, doctorat honoris causa d'université
Le parcours professionnel de l’homme d’affaires et administrateur de sociétés Jean St-Gelais est aussi remarquable que diversifié. Dès la fin de ses études de baccalauréat en sciences économiques à l’Université Laval, son professeur, celui qui deviendra le réputé économiste Pierre Fortin, le recommandait pour un poste à la Banque du Canada au département des recherches. «C’est alors que j’ai compris que c’était ce qui m’intéressait, dit-il, les questions économiques et financières au service de la population et l’intérêt public en général.»
La carrière de Jean St-Gelais s’est principalement déroulée au sein de l’État québécois, notamment comme secrétaire général et greffier du Conseil exécutif. Il a dirigé l’Autorité des marchés financiers. Sa contribution a été déterminante dans la création du Tribunal administratif du travail. Il a aussi lutté contre l’évasion fiscale. Jean St-Gelais a travaillé sur différentes initiatives sociales, dont la Loi visant à lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale. Dans le milieu des affaires, il a été, au cours des dernières années, derrière l’une des plus grandes fusions d’entreprises au Canada, celle entre La Capitale et SSQ Assurance, qui a donné naissance à Beneva.
«Il est difficile d’identifier le fait saillant de ma carrière, explique le récipiendaire. Mais puisqu’il faut en choisir un, je dois dire que je suis fier d’avoir contribué à l’aboutissement de ce que l’on a appelé “La paix des braves”, un accord historique entre la nation crie et le Québec au début des années 2000.»
Jean St-Gelais est actuellement président du conseil d’administration de la Caisse de dépôt et placement du Québec.
«J’ai été très surpris d’apprendre que l’Université Laval me décernait un doctorat honorifique, souligne-t-il. C’est un honneur qui est important pour moi parce qu’il vient directement de chez nous. Une communauté universitaire dont la mission est de former la relève de demain et qui choisit de me remettre une distinction me touche beaucoup.»
Luc Vigneault, doctorat honoris causa en pharmacie
«Je suis une personne, pas une maladie.» Cette phrase choc anime depuis des années le conférencier, formateur, pair aidant et patient partenaire, Luc Vigneault.
«Depuis l’annonce que l’Université Laval me décernait un doctorat honorifique, j’en suis encore bouche bée, explique-t-il. Ce qui rend cet honneur d’autant plus exceptionnel, c’est que je suis le premier dans l’histoire à le recevoir en tant que patient partenaire avec un diagnostic de schizophrénie et sans diplôme postsecondaire. Ce doctorat en pharmacie représente une grande fête et une reconnaissance immense, non seulement pour la Faculté de pharmacie, mais aussi pour tous ceux et celles qui croient que la maladie mentale, si grave soit-elle, n’est pas une condamnation à vie.»
Celui qui a dû composer avec la schizophrénie, la dépression et la dépendance aux substances devient, en 1998, le premier patient partenaire en recherche en santé mentale au Québec. «Depuis, poursuit-il, je me suis investi auprès de plusieurs groupes des milieux cliniques, communautaires, en recherche et en enseignement. J’ai écrit des livres et contribué à la publication d’articles scientifiques. J’ai donné plusieurs conférences sur diverses tribunes à travers la Francophonie. J’ai contribué au développement de la pair-aidance. J’ai fait de ma vie un combat pour le mieux-être de mes pairs.»
Le fait saillant de sa vie est survenu lorsque des gens ont cru en lui au moment où il n’y croyait plus. «Depuis ces tristes jours, je me suis réapproprié la maîtrise de ma vie grâce, notamment, au soutien constant d’hommes et de femmes qui ont cru en moi et m’ont convaincu que c’était possible.»
Dans son discours d’acceptation, Luc Vigneault dira à son auditoire: «Vous avez la responsabilité d'être des porteurs d’espoir, des moteurs de changement et des défenseurs d’une pharmacothérapie bien ajustée, au service du projet de vie de la personne.»