
Monique Richer lors d'une cérémonie de collation des grades 2025 au Centre des congrès de Québec
— Dany Vachon
«Quand je suis arrivée au Bureau du secrétaire général, il y a 19 ans, le précédent secrétaire général avait déjà quitté. J'étais doyenne de la Faculté de pharmacie et j'avais été pressentie pour le poste par le recteur Michel Pigeon. J'ai pris le temps de rencontrer les employés. Dans une salle, assis, ils me regardaient un peu méfiants. Certains avaient les bras bien croisés. Je me suis présentée, j'ai expliqué pourquoi je voulais venir ici, quelles étaient mes idées. Et j'ai été nommée. Depuis, j'ai vécu beaucoup d'années de plaisir.»
Le 1er juillet, l'actuelle secrétaire générale de l'Université, Monique Richer, quittera son poste à la tête du Bureau du secrétaire général pour relever de nouveaux défis au Vice-rectorat aux infrastructures et à la transformation. Elle agira à titre de vice-rectrice adjointe. Elle sera aussi responsable du processus de transition qui accompagnera la prochaine équipe de direction de l'Université, lorsque celle-ci remplacera l'équipe actuelle au terme de la course au rectorat en 2027.
Pour rappel, Monique Richer a servi, depuis 2006, sous deux recteurs et une rectrice, Michel Pigeon, Denis Brière et Sophie D'Amours. Sa connaissance de la haute direction de l'Université, elle, remonte à 2001 lorsqu'elle a commencé à siéger au Conseil universitaire comme doyenne de la Faculté de pharmacie. «Michel Pigeon est un homme remarquable, que j'ai beaucoup aimé, dira-t-elle. Denis Brière avait un style de gestion très différent. Il a beaucoup contribué au développement de la philanthropie, qui a pris un grand essor sous sa direction. Quant à Sophie D'Amours, il est très facile de travailler avec cette personne extraordinaire, humaine et sensible, ainsi qu'avec toute l'équipe de direction.»
L'expansion spectaculaire de l'équipe des affaires juridiques
Bien des choses ont changé au Bureau du secrétaire général en une vingtaine d'années. À commencer par l'équipe des affaires juridiques. À l'arrivée de Monique Richer, le Bureau ne comptait qu'un avocat. Ce service compte aujourd'hui 11 avocates et avocats. «À mon arrivée, dit-elle, beaucoup d'argent était dépensé pour les services d'avocats externes. Donc, tout était à faire ici. C'était un défi, mais c'était quelque chose que je trouvais fort agréable.»
Aujourd'hui, toute une équipe d'avocates et avocats, de conseillères et conseillers juridiques dessert la communauté universitaire. «Pourtant, poursuit-elle, on peine à suffire aux besoins. L'Université est une ville. On est en appui aux vice-rectorats et aux facultés. En droit du travail, l'Université compte 14 syndicats et 3 protocoles d'entente. C'est énorme au point où 3 avocats et conseillers juridiques ne font que du droit du travail. Regardez tous les projets de construction. Certaines causes se retrouvent devant les tribunaux administratifs et je m'occupe de tout ce qui est litige. On a présentement des dossiers devant toutes les cours: les tribunaux administratifs, la Cour supérieure, la Cour d'appel, même la Cour suprême.»
Six bureaux externes, dont des notaires, font affaire avec le Bureau du secrétaire général. «Ils nous donnent un coup de main parce qu'on ne peut pas tout faire», soutient Monique Richer.
Le personnel gère aussi le volet disciplinaire pour les étudiantes et étudiants ainsi que la protection des renseignements personnels. Le secteur archives, lui, est en train d'être modernisé. «C'est un gros défi, affirme-t-elle. Je prendrais encore 10 archivistes que je n'arriverais pas à tout faire. On a des entrepôts pleins de documents qu'il faut traiter.»
Le bond en avant de la gouvernance
Au Bureau du secrétaire général, le secteur du greffe couvre les activités des instances de l'Université, soit celles du Comité exécutif, du Conseil d'administration et du Conseil universitaire. «C'est toute la gouvernance de l'Université, explique-t-elle. On a vraiment optimisé la gouvernance au cours des 10 dernières années. Nous avons fait un gros bond en avant pour nous assurer qu'on était vraiment conformes en cette matière.»
Monique Richer rappelle que les différentes instances fonctionnaient de façon indépendante dans le passé. Aujourd'hui, le Conseil d'administration a ses comités, dont celui de gouvernance et d'éthique. Le Conseil universitaire a aussi son comité de gouvernance. «Les recteurs et les présidents et présidentes avec qui j'ai travaillé, indique-t-elle, ont vraiment fait avancer la gouvernance de l'Université.»
Une collation des grades de plus en plus populaire
Cette année, les cérémonies de collation des grades de l'Université Laval ont lieu du 23 au 27 juin. Le Bureau du secrétaire général est responsable de l'organisation de ce grand événement annuel.
«Y a-t-il quelque chose de plus agréable que la collation des grades? s'exclame la secrétaire générale. Cette année, on va encore battre des records. On voit un engouement extraordinaire. On a une augmentation de 12% du nombre de participants étudiants. Nous sommes rendus à 9 cérémonies.»
Fouillant dans ses souvenirs, Monique Richer se rappelle l'époque où elle faisait ses études de droit, tout en étant secrétaire générale. «À ma collation des grades, raconte-t-elle, le recteur Denis Brière m'a remis mon diplôme signé par lui, mais aussi par moi!»
Selon elle, les choses ont bien changé. À ses débuts au Bureau, les cérémonies de collation de grades commençaient par une prière et duraient au moins 3 heures. «J'ai limité de beaucoup les temps de parole, souligne-t-elle. Aujourd'hui, les cérémonies durent 2 heures et tout le monde est content.»
Qui dit collation des grades dit habituellement remise de doctorats honorifiques. «Un des petits plaisirs coupables que j'ai, et dont je vais m'ennuyer le plus, ce sont les doctorats honoris causa (DHC), admet-elle. On a de la chance de rencontrer du monde extraordinaire! Je pense notamment à Jean Béliveau, à Céline Dion, à Brian Mulroney, à Pauline Marois. La remise du DHC à Céline Dion avait été tout un événement. Et remettre un DHC à un chercheur qui détient déjà un prix Nobel, ce n'est pas n'importe quoi!»
Infrastructures et course au rectorat
La secrétaire générale prendra sa retraite en 2027. À compter du 1er juillet 2025, elle ira prêter main-forte au vice-recteur René Lacroix. «Avec tous les projets d'infrastructures en cours et à venir, René avait besoin d'un coup de main, explique-t-elle. Je m'en vais dans un secteur que je connais bien, notamment celui de la construction.»
Par ailleurs, dès l'automne prochain, elle mettra en œuvre le processus de transition.
L'une de ses tâches consistera à mettre en place des cahiers de charges pour chacun des vice-rectorats qui composeront la nouvelle équipe de direction. «C'est un peu comme lors d'un changement de gouvernement, avec un cahier de charges pour chacun des ministres, soutient-elle. Le Conseil d'administration a exigé qu'un processus de transition soit mis en place pour que désormais toute nouvelle équipe de direction ait les documents et sache exactement ce qui se passe à l'Université pour être capable de prendre le relais de façon efficace.»
Pour rappel, la course au rectorat dure un maximum de 100 jours. Elle commence habituellement au mois de février pour se terminer à la fin d'avril. «On va essayer de faire commencer la course le plus tôt possible, explique Monique Richer. Il ne faut pas oublier qu'une fois la personne nommée, elle entre en fonction le 1er juin. Ensuite, il faut qu'elle nomme son équipe de direction pour le 1er juillet. Cela lui laisse peu de temps. Plus on commence le processus tôt, plus cela donne du temps.»
Le jour de l'entrevue, la secrétaire générale révisait toutes les chartes de l'Université Laval. «Nous sommes en train de préparer les fêtes qui célébreront les 175 ans d'existence de l'Université, dit-elle. La première charte a été octroyée par la reine Victoria en 1852. On a toute une histoire à l'Université Laval!»
En guise de conclusion, elle se dit «très fière» de son équipe. «Je pars en laissant une structure stable, efficace, fiable», souligne-t-elle.