Pourquoi fait-on des travaux longs lorsqu'on est étudiant au baccalauréat en histoire? Pour acquérir des connaissances et apprendre à faire de la recherche, cela va de soi! Pour être évalué, bien sûr! Mais pourquoi cela devrait-il s'arrêter là?
Les étudiantes Rose Tremblay-Fontaine et Maïté Pageau refusent que d'aussi belles recherches sur divers sujets historiques dorment dans les mémoires des ordinateurs des étudiants. Elles ont donc créé un balado pour diffuser les résultats de ces recherches.
«Dès la première année du bac en histoire, on suit des séminaires dans lesquels on doit rédiger un travail d'une dizaine de pages et présenter un exposé d'une quinzaine de minutes. Ces travaux vulgarisent bien un sujet et constituent d'excellents résumés de faits ou de questions historiques. De plus, les étudiants du bac sont souvent très fiers du travail accompli. Pourquoi ne pas leur offrir la possibilité de présenter ce travail au-delà de la salle de classe et, du même coup, rendre des pans de l'histoire accessibles à un large public?», déclare Rose Tremblay-Fontaine, l'instigatrice du projet.
Assistée de Maïté Pageau, elle anime, coordonne, monte et diffuse le balado lancé en octobre 2022, alors que les deux jeunes femmes étaient inscrites au baccalauréat en histoire. «Souvent, dans les travaux longs de premier cycle, on doit laisser tomber plein de détails pour se concentrer sur l'essentiel. Le balado donne l'occasion d'en dire plus. En une heure, on a le temps de raconter des détails plus rigolos et de faire des liens avec plein de choses. Il s'agit davantage d'une discussion entre un invité et nous que d'un exposé scolaire. On fait en quelque sorte un brainstorming sur un sujet», ajoute Rose Tremblay-Fontaine.
Aujourd'hui étudiantes à la maîtrise, les deux acolytes reçoivent dorénavant des invités qui étudient à tous les cycles. Dans le cas d'une recherche plus longue, notamment aux cycles supérieurs, il n'est pas rare qu'elles décident de consacrer deux épisodes à un même invité pour aller au bout des choses. Ce fut d'ailleurs le cas pour le dernier sujet proposé en 2023, l'histoire du hip-hop français entre 1978 et 1997, présenté par l'étudiant à la maîtrise Antoine Bouchard-Marchand.
Des sujets pour tous les goûts
Si le balado s'intéresse parfois à des phénomènes relativement récents, comme le hip-hop et la mode africaine entre 1980 et 2000, il fait aussi la part belle aux périodes historiques plus anciennes. Des épisodes se sont intéressés notamment à la magie au 2e siècle, à la figure du revenant au Moyen Âge et à la gladiature romaine. D'ailleurs, parmi les prochains sujets proposés se trouveront probablement la figure des moniales du Moyen Âge et celle des hydrophores de la Grèce ancienne.
Ce dernier sujet sera présenté par Rose Tremblay-Fontaine elle-même, puisqu'il constitue son sujet de mémoire. «Je m'intéresse à ces femmes qui étaient prêtresses d'Artémis. J'analyse les formes d'indépendance dont elles bénéficiaient et le rôle qu'elles pouvaient jouer dans la cité en tant que femmes», précise l'étudiante.
De son côté, Maïté Pageau a déjà présenté, en partie, le sujet de ses recherches dans le balado. «L'été avant de commencer l'université, explique-t-elle, j'ai travaillé comme guide touristique au Parc de la Chute-Montmorency. Je me suis alors rendu compte qu'il y avait certains vides dans l'histoire de cette chute. Avec l'appui de la direction du Parc, j'ai eu la chance, dès ma première année d'études, de fouiller les archives et de commencer à approfondir l'histoire de la chute. Je me suis particulièrement intéressée à la dernière seigneuresse de Beauport, Mary Patterson, que l'histoire semblait avoir oubliée. C'est ce que j'ai présenté dans un des premiers épisodes du balado.»
Pour son mémoire, Maïté Pageau s'inspire de la biographie de Mary Patterson pour étudier plus généralement la capacité judiciaire des femmes mariées au 19e siècle. «Étant donné que mes recherches ont grandement évolué au cours des derniers mois, il serait pertinent de faire un autre épisode pour discuter de cette évolution», ajoute-t-elle, précisant que son cas ne serait pas unique et que d'autres invités pourraient être accueillis une deuxième fois pour faire le point sur leurs recherches.
Sortir l'histoire des livres poussiéreux
Les deux étudiantes fourmillent d'ailleurs d'idées pour élargir et enrichir les sujets de leur balado. Elles souhaitent notamment commenter des livres d'histoire, ce qui répondrait d'une autre façon au défi qu'elles se sont lancé: rendre l'histoire attrayante pour monsieur et madame Tout-le-Monde.
«On dresse actuellement une liste de livres dont on aimerait discuter. On veut vulgariser leur contenu et en parler de manière libre et joyeuse. On veut changer l'image d'une histoire confinée aux livres poussiéreux de l'étage 00 de la Bibliothèque du pavillon Jean-Charles-Bonenfant», affirme en riant Maïté Pageau.
«Bref, ce qu'on vise, c'est ajouter un peu d'humour, de légèreté et de douceur dans des sujets sérieux, qui sont parfois arides ou même cruels. À partir d'un sujet qui forme un fil conducteur, on veut montrer que l'histoire est une discipline rassembleuse, invitante et accessible pour tous», concluent les deux animatrices et productrices du balado.
Écouter le balado Histoire de s'en jaser, hébergé sur le site BaladoQuébec