Sur le thème «Transition écologique et amélioration du cadre de vie des villes, bourgs et villages», le 30e Concours international arturbain.fr a couronné Vanessa Alalam et Alice Corrivault-Gascon, deux étudiantes à la maîtrise en design urbain de l’Université Laval.
Parmi les 32 esquisses candidates venues d’Amérique, d’Europe et d’Afrique, leur projet «Les couleurs locales comme ancrages des savoirs inuit» s’est démarqué pour sa qualité architecturale, son respect de l’environnement et la qualité de vie sociale qu’il favorise.
«Avant la colonisation, les Inuit étaient complètement autonomes et vivaient en relation étroite avec le territoire, qui était à la fois une source de subsistance et de bien-être. Dans notre projet, nous nous sommes intéressées au land-based learning, une manière d’enseigner et d’apprendre qui implique une connexion spirituelle et physique avec le territoire. Cette manière de voir l’éducation, jumelé à un meilleur vivre-ensemble, a été à la base de notre projet de design d’un village du Nunavik», explique Vanessa Alalam.
Un village culturellement adapté
Le projet soumis au concours découle d’un travail que les deux étudiantes ont réalisé dans le cadre de l’atelier Laboratoire de design urbain, sous la responsabilité de Geneviève Vachon. Ce cours offert à l’automne 2022 s’inscrivait dans le cadre des activités de recherche du groupe Habiter le Nord québécois et invitait les étudiants à créer des habitations nordiques culturellement et territorialement appropriées pour les populations inuit.
«Dans le cadre de l’atelier, on a essayé de caractériser chaque village du Nunavik, afin de lui donner “sa couleur locale”. Inukjuak se trouve sur la rive d’une rivière. Selon nous, l’un des éléments qui le différencient des autres villages est l’importante relation avec la rive opposée dans l’imaginaire et la mémoire collective des habitants. Cette relation de proximité s’explique par la présence d’un campement qui y était autrefois installé. Plusieurs déplacements sont encore effectués entre les deux rives, notamment pour la cueillette de petits fruits. Pour cette raison, nous avons donné à ce village la mémoire collective comme couleur locale», raconte Vanessa Alalam.
À partir de cette «couleur locale», l’équipe qu’elle formait avec Alice Corrivault-Gascon a proposé un projet de design urbain qui a pris en compte un meilleur accès au territoire et favorisé une plus grande relation entre les jeunes et les personnes âgées.
Par exemple, pour amplifier les échanges et les interactions entre les activités pratiquées sur le territoire et celles du village, les étudiantes ont proposé un sulluktaak, qui signifie en langue inuktitut «corridor naturel». «Le sulluktaak, indique Vanessa Alalam, s’infiltre dans le milieu bâti et favorise la pratique du land-based learning au cœur même du village. Nous avons réfléchi à une séquence d’espaces culturels qui permettraient d’extérioriser les activités de l’école en les associant aux enseignements du territoire. C’est pourquoi on a placé des cabines satellites, pour servir de classes extérieures pour les élèves, à la périphérie du corridor.»
Faire face aux changements climatiques
Outre la volonté de valoriser la culture et les savoirs inuit dans la conception d’un village, le projet devait aussi tenir compte des contraintes topographiques et climatiques du milieu. «Par exemple, nous proposons de limiter l’étalement du village et suggérons de construire des habitations et des milieux sur pieux pour garder le sol naturel intact», déclare Vanessa Alalam.
«En fait, ajoute-t-elle, tout est lié. L’apprentissage par la terre, qui est au centre du projet culturel, est aussi un moyen de respecter l’environnement et de faire face aux changements climatiques. Bref, le vivre-ensemble et le land-based learning sont des pistes d’avenir pour planifier le Nunavik de demain.»
Voir l’esquisse complète présentée au concours.