«Chacun de nous a du talent et je crois qu'il grandit quand on l'offre en partage. Faisons de la Terre un grand jardin pour ceux qui viendront après nous.» Diane Dufresne a repris les paroles de sa chanson Hymne à la beauté du monde pour clore son discours, le 19 juin, au Centre des congrès de Québec. Elle recevait un doctorat honoris causa en musique à l'occasion de la collation des grades de l'Université Laval.
Le lendemain, un cerisier Montmorency a été planté en son honneur devant le pavillon Louis-Jacques-Casault. «On veut vous offrir un arbre pour souligner votre apport extraordinaire à la culture, à la musique, aux arts et pour votre système de valeurs exceptionnellement à l'avant-garde de tout ce qu'on défend aujourd'hui», a souligné Carmen Bernier, doyenne de la Faculté de musique, qui faisait référence à son engagement pour les causes humanitaires et écologiques.
Diane Dufresne avait alors troqué la toge pour un complet noir, nœud rose et couvre-chef. De ses mains gantées de dentelle, elle a donné les premières pelletées de terre à l'arbre fruitier qui atteindra huit mètres de hauteur. La grande dame, dont la carrière a commencé en 1972, a essuyé une larme en entendant Sandrine Lévesque, étudiante à la maîtrise en interprétation du chant pop jazz, entonner à son tour l'Hymne à la beauté du monde, accompagnée à la guitare par le professeur François Rioux.
L'invitée de marque a ensuite eu droit à une visite de la Faculté de musique, à un arrêt au Laboratoire audionumérique de recherche et de création, un studio d'enregistrement d'une grande qualité acoustique, puis à la salle Henri-Gagnon où la soprano et professeure Hélène Guilmette et quelques étudiants de l'Académie estivale lui avaient préparé une surprise. Un quatuor à cordes sous la direction du professeur Brett Molzan et l'Université des jeux(nes) musiciens lui ont également dédié de courtes prestations.
Recherche de nouveauté et liberté d'agir
«Maman, si tu me voyais…», a lancé Diane Dufresne dans son discours très touchant, la veille, la voix cassée par l'émotion. Celle qui n'a pas pu poursuivre ses études aussi longtemps qu'elle l'aurait souhaité a parlé des circonstances de la vie et du décès de sa mère, très jeune.
En recevant son doctorat honorifique en musique, elle a évoqué ses cours de chant, au Québec, puis en France, en plus de cours de théâtre. Des études artistiques qui lui ont permis d'interpréter des chansons à sa manière et de réaliser sa passion, celle de faire des spectacles. «Le Québec est ma patrie. Penser, chanter en français est mon identité», a-t-elle poursuivi en attribuant à son public, sa source d'inspiration, ce nouvel honneur.
«Dans ma carrière de chanteuse, j'ai toujours cherché la nouveauté et une liberté d'agir afin d'aborder certains sujets qu'on n'osait pas formuler, et c'est en tant que rockeuse que je les ai criés pour les faire entendre», a-t-elle ajouté.
Plus tôt, Sophie Stévance, professeure à la Faculté de musique, avait mentionné dans un discours de présentation que l'artiste aux albums, aux tournées, aux livres, aux expositions et aux costumes à succès «n'avait eu de cesse de revendiquer le droit des femmes et leur libération, de lutter contre l'homophobie ou de nous alerter des risques immenses liés aux changements climatiques».
En s'adressant au parterre de diplômés, la professeure leur a d'ailleurs lancé une invitation: «Que l'œuvre de Diane Dufresne résonne et vous exhorte à cultiver en vous la confiance et la détermination dans la magnifique excentricité de vos idées.»