Imaginer un nouveau lieu pour mourir dans la paix et la dignité, entouré des siens. Donner la possibilité aux Autochtones du Nord du Québec de moduler leur «chez soi». Créer une île-restaurant pour vivre des microsaisons. Penser la ville comme un parc où l'homme et la nature cohabitent. Les finissants en architecture montrent les multiples facettes de leur discipline et de leur sensibilité du 9 au 11 juin, au Grand Marché de Québec.
ExFA 2023 est la première exposition de projets de fin d'études en dehors des murs de l'École d'architecture. Ce sont 65 visions et approches différentes, sans thème imposé, qui seront présentées au public pour l'occasion. En voici un bref aperçu.
Le Palais Mental
Étienne Gélinas combine deux de ses passions dans sa proposition intitulée Le Palais Mental. Le finissant qui a un parcours spécialisé en architecture japonaise a déjà envisagé une carrière en gastronomie. Son projet prend la forme d'une «île-restaurant sur laquelle pousse un jardin en mouvement où chaque visite offre une expérience gastronomique et spatiale singulière qui embrasse les subtilités de chaque microsaison».
Des sections de l'île, construite sur le lac Biwa avec des caissons flottants préfabriqués en acier et immobilisée par une ancre, font écho aux 72 microsaisons du calendrier lunaire japonais. À chaque saison, un plat de ramen différent est offert selon les ingrédients du moment.
Les empreintes
Farah Benaddi a choisi les mines désaffectées de Thetford Mines comme source d'inspiration à son projet, Les empreintes. Celle qui a suivi des cours d'architecture du paysage, lors d'un échange à Munich au baccalauréat, a eu envie d'explorer des territoires désuets, obsolètes, qui laissent des cicatrices. «On a tendance à les laisser tels quels, ou à les camoufler, à cacher cette vérité historique du site. Je me positionne dans cette idée de ne pas effacer la cicatrice existante», indique la finissante.
Elle dépose une architecture à empreinte légère, une suspension au-dessus du sol contaminé, qui s'avère une plateforme de surveillance, de recherche et d'expérimentation. En plus des laboratoires et de la serre de performance, elle évoque la pratique de biorémédiation par des végétaux, elle trace des bassins et des canaux de récupération, le tout dans une «hypothèse de réconciliation d'un paysage de post-productivité».
L'Entre-Deux
Maude Senay a quant à elle vécu deux deuils ces dernières années, ce qui l'a fait réfléchir à l'angoisse et au déni qui entourent souvent la mort. Son projet l'Entre-Deux se veut un regroupement d'espaces publics et privés, situé au centre-ville, près des services de santé et accessible à tous. On y retrouve des lieux d'échange, de soutien psychologique et spirituel, de repos, d'hébergement temporaire, «des nouveaux lieux du mourir», décrit-elle.
Son projet a été imaginé sur le site de l'ancienne Église Saint-Vincent-de-Paul. Un bloc flottant dont l’implantation minimale au sol permet de créer une oasis urbaine qui se prolonge vers l'intérieur, sur le mur végétal à l’entrée, dans le jardin et au toit, créant un lien direct avec le ciel.
L'exposition ExFA 2023 est ouverte au grand public les 10 et 11 juin. On peut obtenir des billets pour la soirée du vernissage le 9 juin, à 18h30.