Stimulant, exigeant, compétitif. Ces trois mots résument bien pourquoi le milieu de la recherche universitaire est à la fois un environnement exaltant, mais aussi un creuset propice au stress et à l'anxiété. Comment trouver sa place et réussir en recherche sans y laisser sa santé psychologique? Voilà la question qui a fait l'objet d'un atelier présenté sur le campus le 24 mai dans le cadre des Journées de la recherche de la Faculté de médecine 2023. Quatre membres de la communauté universitaire associés à des programmes de mieux-être offerts à l'Université Laval ont accepté de livrer leurs réflexions sur le sujet aux quelque 150 personnes venues les entendre. Voici quatre des conseils prodigués à cette occasion.
Soupeser les répercussions de vos choix
Lorsqu'on est déjà très occupé et qu'on nous propose un nouveau projet, il est important de prendre du recul et de soupeser les répercussions de nos choix, souligne Catherine Pettigrew, psychologue-psychothérapeute à la Direction des affaires étudiantes de la Faculté de médecine.
«Il faut avoir en tête que le fait de dire oui à quelque chose, c'est aussi renoncer à autre chose. Il faut vous demander quel est le coût d'accepter. Est-ce que ça signifie que vous passerez moins de temps avec votre conjoint, votre conjointe ou en famille, ou que vous aurez moins de temps pour vous-mêmes? Vous êtes des êtres humains avec des besoins affectifs, des besoins sociaux et des besoins psychologiques. Il faut en tenir compte dans l'organisation de votre temps et de vos priorités. Si jamais ce nouveau projet ne vous rend pas plus heureux parce qu'il empiète trop sur votre une vie affective ou sociale, vous allez trouver qu'il vous coûte trop cher. Il faut chercher à bien équilibrer toutes les composantes de votre vie.»
Savoir dire non… parfois
Les personnes qui réussissent en recherche sont souvent victimes de leur propre succès. Elles sont très sollicitées et elles peuvent rapidement avoir l'impression d'être débordées, constate Hélène Lévesque, intervenante de proximité au Centre d'aide aux étudiants et à la Direction des affaires étudiantes.
«Il faut apprendre à bien évaluer votre charge de travail et à définir vos priorités. Il faut aussi développer la capacité de s'affirmer et de savoir dire non à l'occasion. La pandémie de COVID-19 nous a appris qu'il était bon de mettre des frontières au travail. Il faut établir vos propres frontières et tenter de les respecter. Il peut y avoir des exceptions à la règle, mais il ne faut pas que les exceptions deviennent la règle.»
Comprendre ce qui cause votre anxiété
Dans un environnement exigeant et compétitif, il est normal de ressentir un certain stress, mais il ne doit pas devenir invalidant. «L'anxiété de performance, c'est un système d'alarme et une manifestation d'un désir de réussite qui est porteur d'un message, signale Evens Villeneuve, psychiatre et professeur à la Faculté de médecine de l'Université Laval. Pourquoi êtes-vous anxieux devant une tâche à accomplir? Il se peut que vous teniez un discours intérieur qui véhicule des notions qu'il faudrait réviser. Il faut tenter de comprendre d'où vient cette anxiété. Si vous y arrivez et que vous parvenez à réduire l'anxiété, cela pourrait vous rendre plus performant.»
Il ne faut pas attendre que la situation soit trop grave pour entreprendre cette réflexion. «L'anxiété de performance nous avertit de la nécessité d'un changement. Le pire moment pour faire des changements, c'est quand on est tout croche et fatigué. Il faut d'abord retrouver un certain équilibre et commencer par calmer votre tête en allant chercher de l'aide auprès d'amis, des membres de la famille, de collègues en qui vous avez confiance ou de professionnels de la santé.»
Se méfier des comparaisons et de vos réactions à la critique
La compétition qui caractérise le milieu de la recherche conduit naturellement au jeu des comparaisons, constate Pierre Savard, professeur à la Faculté de médecine de l'Université Laval. «On a tendance à se comparer, et quand on le fait, on se compare toujours aux meilleurs. Il faut accepter que chacun ait son cheminement propre et que chacun avance à son rythme.»
En enseignement, on nous apprend qu'il faut faire de la rétroaction positive avec les étudiants, poursuit-il. «Dans le monde de la recherche, les commentaires qu'on reçoit des pairs qui évaluent nos demandes de subvention ou nos articles scientifiques sont rarement positifs. C'est une critique de notre travail, de nos idées et de la façon de les présenter. Il faut la recevoir comme telle et y voir une façon de nous améliorer. Ce n'est pas une critique personnelle et ça ne doit pas être perçu comme une critique personnelle.»