
Statuette d’art populaire à l’effigie de René Lévesque, signée Wyug (Guy Waters). Collection Alain Lavigne, Assemblée nationale du Québec.
— Christian Chevalier
Des objets, parfois tout petits ou d’allure anodine, peuvent porter en eux l’histoire «de quelque chose comme un grand peuple». C’est à partir de telles pièces qu’Alain Lavigne, professeur au Département d’information et de communication, tracera le parcours politique de René Lévesque lors d’une conférence-exposition présentée au Musée de la civilisation, en marge de l’exposition René et Lévesque.Cette conférence destinée au grand public vise à présenter l’ancien premier ministre sous l’angle des traces matérielles qu’il a laissées.
«L’idée, c’est de faire parler des objets», révèleAlain Lavigne, l’un des deux conférenciers de l’événement «René Lévesque : le plaisir d’en collectionner les traces». L’autre conférencier est Dave Turcotte, ex-député de Saint-Jean à l’Assemblée nationale. Tous deux se définissent comme des collectionneurs passionnés et sont membres de la Société du patrimoine politique du Québec, l’association à l’origine de ce projet de conférence-exposition.
«Pour souligner le centième anniversaire de naissance de Lévesque, nous nous sommes dit: “Pourquoi ne pas sortir quelques pièces de nos collections privées respectives et les utiliser comme ancrage pourparler de René Lévesque d’une manière ludique?” Plusieurs pièces appellent des anecdotes, que ce soit sur l’événement politique auquel elles se rattachent ou encore sur la façon dont elles ont été trouvées», déclare le professeurLavigne.
Des traces matérielles évocatrices
Parmi les objets que présentera le professeur au cours de sa conférence figurent deux billets d’accès à la galerie des députés. Il s’agit en fait de laissez-passer dont devaient se munir les citoyens qui voulaient assister aux débats parlementaires.
«C’est une dame, raconte-t-il, qui a conservé ces deux billets. Le premier a été utilisé pour entendre les débats entourant la loi 101. La dame a alors eu la présence d’esprit d’aller faire signer son billet par RenéLévesque, Camille Laurin, Claude Morin, et, au verso, par Jacques-Yvan Morin. Le second date de 1980. Elle avait alors assisté aux débats sur la question référendaire et avait fait signer son billet par René Lévesque. Ce sont deux petites pièces qui pourraient passer inaperçues et qui pourtant témoignent de moments importants. Ce sont de légères et belles traces d’histoire qui contiennent en elles-mêmes beaucoup de sens.»

Billet d'accès à la galerie des députés, pour assister aux débats sur le référendum en 1980, signé par le premier ministre Lévesque.
Le sens à tirer des objets de patrimoine politique est d’ailleurs ce qui captive Alain Lavigne. «En tant que collectionneur, je ne cherche pas seulement un objet témoin de l’histoire. Je suis très attiré par les pièces qui portent un message. Je suis professeur en communication, donc la façon dont un objet exprime une idée politique, notamment par son graphisme ou la modernité des moyens de communication employés, m’intéresse vivement», confie-t-il.
Selon le professeur, l’intérêt de la conférence-exposition réside d’ailleurs dans cette façon d’aborder l’histoire. «Je vois les objets sous l’angle du communicateur et mon collègue Dave Turcotte les voit sous l’angle du parlementaire. Nous sommes complémentaires et nous rebondissons sur les propos de l’autre dans nos échanges. Ça donne une conversation très animée et dynamique», indique-t-il.
Une figure particulière de l’art populaire
La dernière partie de la conférence-exposition sera consacrée à l’art populaire puisque René Lévesque est le politicien québécois le plus représenté dans cette forme d’art – plus à la mode, il est vrai, dans les années 70 et 80.
— Alain Lavigne
«Plusieurs statuettes commémoratives de premier ministre ont été produites par leur propre parti politique. Mais ce qui est étonnant avec René Lévesque, c’est le nombre élevé d’effigies, de statuettes et autres représentations dans des matériaux variés produites en dehors des cercles politiques, par la volonté de simples artisans», explique le professeur Lavigne.
Trois villes importantes pour Lévesque
C’est la deuxième fois que les deux acolytes présenteront leur conférence-exposition. Présentée une première fois le 27 août à New Carlisle, la ville où a grandi le politicien, ils renouvelleront aussi l’expérience à Montréal le 17 mai à l’invitation de la Société Saint-Jean-Baptiste.
«Il était important pour nous de visiter les trois villes au cœur du parcours de René Lévesque. Dans chaque ville, le contenu de la conférence est quelque peu différent et s’adapte aux particularités locales. Par exemple, à Québec, nous nous intéresserons à certains députés importants de la région, comme Jean Garon», mentionne Alain Lavigne.
Vous voulez assister à la présentation qui aura lieu àQuébec? Elle se tiendra le mercredi 10 mai, de 19h30 à 21h, au Musée de la civilisation. Vous pourrez également en profiter pour visiter l’exposition René et Lévesque, accessible entre 18h et 19h30 pour le public inscrit à la conférence.