Souvenirs d’anciens résidents et confidences de résidents actuels, faits historiques et opinions d’experts, tous ces propos se succèdent et s’entremêlent dans les 10 épisodes de la nouvelle série de balados Partout l'histoire. Destinée avant tout à mettre en lumière le patrimoine architectural des quartiers Limoilou et Sillery, cette série donne aussi à son auditoire l’occasion de réfléchir au présent et à l’avenir des vieux quartiers et de leurs sites historiques et patrimoniaux.
Ce sont les 14 sociétés d’histoire de la ville de Québec, soutenues par la Ville, qui ont eu l’idée de ces balados. Pour les aider à réaliser leur projet, elles se sont tournées vers une maison de production spécialisée dans la médiation culturelle par le son, Les radios à roulettes, fondée par Catherine-Ève Gadoury, chargée de cours à la Faculté d’aménagement, d’architecture, d’art et de design.
«Deux sociétés ont été retenues pour le projet, celles de Limoilou et de Sillery. Ce sont elles qui ont établi la thématique de l’architecture puis qui ont déterminé les cinq sujets qui leur semblaient les plus pertinents, intéressants ou originaux pour couvrir cette thématique dans leur quartier. Ensuite, elles nous ont donné carte blanche pour mettre en valeur les lieux choisis», explique Catherine-Ève Gadoury, qui s’est occupée du montage sonore des balados.
Limoilou et sa villa anglaise
Sise sur la rue La Sarre, la villa Ringfield est certes l’un des bâtiments les plus étonnants de Limoilou. Bâtie en 1840, cette maison de style néoclassique est la seule villa qui subsiste aujourd’hui en basse-ville.
À l’origine, seule au milieu d’un champ, elle était le théâtre d’une vie familiale bourgeoise et campagnarde à l’anglaise, pareille à celle que dépeignent les romans de Jane Austen. Elle jouissait d’un panorama sur le fleuve et la rivière St-Charles et possédaient trois grandes galeries et un jardin d’hiver.
Au début du 20e siècle, elle est habitée par les Sœurs de Saint-François d’Assise, qui la surnomment le château de la pauvreté. Puis, rapidement perdue dans la ville, elle est utilisée à des fins commerciales, jusqu’à devenir un entrepôt de boîtes de carton.
«Parler d’architecture dans un balado, c’est comme parler d’art visuel à la radio», souligne Catherine-Ève Gadoury, rappelant que c’est toujours un défi de rendre en sons des œuvres visuelles. «On ne voulait pas tomber dans le simple descriptif des lieux, ajoute-t-elle. Bien sûr, on devait décrire un peu, mais on souhaitait vraiment éviter la lourdeur de la description. On a donc choisi d’aborder la thématique par l’histoire, les souvenirs et les émotions. Les auditeurs pourront se créer une image mentale des lieux, comme en littérature.»
Au sujet de la villa Ringfield, l’auditoire pourra entendre les souvenirs de l’historien d’art et d’architecture Paul Trépanier, qui croyait, enfant, que cette vieille bâtisse était destinée à passer au feu. Aujourd’hui, enchanté de voir qu’elle fait l’objet d’un effort de préservation, il se rappelle, avec beaucoup d’émotion, avoir pensé qu’une villa de carton – en référence à son passé d’entrepôt – peut disparaître aussi vite qu’une boîte de carton.
Sillery et ses demeures ouvrières
Sillery n’a pas abrité que des notables. Quatre quartiers ouvriers s’y sont développés, notamment pour accueillir les employés des chantiers navals tout proche. Parmi eux figure le quartier Saint-Michel – autrefois appelé Saint-Colomb – dans la côte de Sillery.
«Pour moi, c’était un peu comme un village. On était au milieu de la côte. Pour nous, il y avait les gens en haut de la côte et les gens du Foulon, qui étaient en bas. On était sur le plateau. Ce qui se passait en haut, ça ne faisait pas vraiment partie de notre histoire, de la vie de quartier», raconte André Casaut, professeur associé à la Faculté d’aménagement, d’architecture, d’art et de design, qui a grandi sur ce plateau. En plus d’évoquer quelques souvenirs, il commente le plan d’aménagement urbain actuel du quartier.
Dans le même balado, on rencontre une résidente née dans le quartier Bergerville et habitant encore sa maison d’enfance. Elle nous invite à faire une visite guidée de sa résidence Boomtown, construite avec des matériaux récupérés à droite et à gauche, comme elle a pu le constater lors de rénovations.
«La visite chez un résident, explique Catherine-Ève Gadoury, a servi de prétexte dans plusieurs épisodes. Rencontrer des propriétaires, c’est une façon de faire revivre un quartier, de réanimer une époque révolue. On voulait que l’auditeur se sente sur les lieux.»
Médiation culturelle par le son
Fondée en 2020 par Catherine-Ève Gadoury, la maison de production Les radios à roulettes se consacre à la création d’expériences de médiation sonore sous différentes formes (balados, audioguides, parcours sonores, etc.)
«Nous développons la matière “son” pour dessiner de nouvelles perspectives sur le monde, en préconisant une approche sensible qui s'appuie sur la vulgarisation, la rencontre intime et la réflexion », précise Catherine-Ève Gadoury, qui souhaite créer des expériences sonores variées pouvant s’adapter à toutes les oreilles. «Nous voulons vraiment faire découvrir des thèmes comme le patrimoine à des publics différents, dit-elle. Par exemple, notre projet Pop-Ville est un parcours sonore voué à faire découvrir l’architecture aux plus jeunes.»
Vous voulez découvrir le patrimoine architectural de Limoilou et Sillery sous un angle sonore et différent ? Écoutez les 10 épisodes de la série Partout l’histoire.
Partout l’histoire… à Limoilou
- Ringfield, la villa oubliée: de villa anglaise de la basse-ville à entrepôt de boîtes de carton
- Maizerets, le grand domaine qui rapetisse: il y avait de tout, même une colonie de vacances, un camping et des canards!
- ExpoCité, c’est pour tout le monde: les jeux de comptoir étaient-ils truqués? Le secret enfin dévoilé.
- La Quebec Land Company invente Limoilou: le rêve new-yorkais de trois Montréalais, à Québec
- Le cirque est dans l’église: une voûte cachée pas assez catholique a permis à l’École de cirque d’élire domicile dans l’église Saint-Esprit
Partout l’histoire… à Sillery
- Pauline Roy-Rouillard, première femme architecte du Québec: «Mme Pauline Roy-Rouillard, votre admission à l’École d’architecture est rejetée en raison de l’effet néfaste que vous pourriez avoir sur les étudiants mâles.» Heureusement, cette pionnière a insisté.
- Les villas cachées de Sillery: il n’y a pas que Cataraqui à Sillery. Visitez trois villas méconnues. Une proprio: «J’ai l’impression de vivre à Versailles!»
- Des ouvriers dans le chic Sillery (2 épisodes): visitez les petites maisons Boomtown des quartiers Saint-Michel, Bergerville, du Foulon et Nolansville. Au 19e, c’était pas riche.
- Les maisons d’architectes, le modernisme à Sillery: faites place au béton, aux toits plats et aux murs de verre, voici les années 50 et 60!