26 avril 2023
Le Consortium de recherche sur les panneaux composites à base de bois est lancé
La nouvelle entité réunit notamment deux universités, un centre collégial de transfert de technologie, un organisme de recherche et développement privé et quatre fabricants de panneaux composites
Une importante annonce publique a eu lieu, le mercredi 26 avril, au Centre des congrès de Québec, dans le cadre du Carrefour Forêts 2023. Dans une vaste salle où une partie de l’espace était occupée par une présentation par affiches réunissant quelques dizaines de projets de recherche universitaires, une centaine de personnes ont assisté à l’annonce publique de la création du Consortium de recherche sur les panneaux composites à base de bois (Corepan – Bois).
Cette nouvelle infrastructure de recherche est le fruit d’un partenariat comprenant deux universités, l’Université Laval et l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT), SEREX, un centre collégial de transfert de technologie affilié au Cégep de Rimouski, FPInnovations, un organisme de recherche et développement privé et sans but lucratif, quatre fabricants de panneaux composites, Produits forestiers Arbec, Sacopan, Tafisa Canada et Uniboard Canada, et le Conseil de l’industrie forestière du Québec.
Un secteur plutôt discret
Une industrie peu connue dans l’industrie québécoise des produits forestiers. Un secteur créateur d’emplois qui joue un rôle économique important. Des entrepreneurs qui achètent une matière première dont personne ne veut. Des résidus de sciage et des résidus de la première et de la deuxième transformation du bois qui entrent dans la fabrication de produits utilisables dans la construction de maisons et d’édifices en hauteur en bois, et dans la fabrication de meubles et d’armoires de cuisine. Enfin, des produits qui permettent la séquestration à long terme du dioxyde de carbone forestier, un gaz à effet de serre, dans les bâtiments.
C’est ainsi qu’Alain Cloutier, professeur au Département des sciences du bois et de la forêt à l’Université Laval et directeur du consortium, a décrit, en marge de l’événement, l’industrie des panneaux composites à base de bois. «L’industrie canadienne de panneaux occupe le quatrième rang mondial, a-t-il ajouté. C’est un domaine très concurrentiel où il faut constamment innover pour rester dans la course.» Selon lui, le projet de consortium arrive à point nommé. «L’industrie québécoise est la plus productive au Canada dans ce domaine, a-t-il indiqué. On veut maintenir cette position, on veut même l’améliorer. On doit faire de la recherche pour varier les sources de matière première, améliorer la productivité et fournir du personnel hautement qualifié à cette industrie.»
Pour rappel, les panneaux composites à base de bois sont constitués d’éléments de bois agglomérés, à l’aide d’un liant synthétique, sous l’effet de la chaleur et de la pression.
Le consortium bénéficiera d’un financement sur 5 ans de 4,3 millions de dollars. Le Conseil de recherches en sciences naturelles et en géniedu Canada verse plus de 2,2 millions, le ministère des Ressources naturelles et des Forêts du Québec avance un million, alors que les 4 entreprises partenaires fournissent un total de 777 000$.
Le programme de recherche portera sur la valorisation des résidus de bois, sur l’optimisation des procédés de fabrication des panneaux et sur le développement de nouveaux produits. Les chercheurs, entre autres choses, identifieront de nouvelles sources durables d’approvisionnement en fibres issues de la biomasse forestière, urbaine et agricole. Ils développeront aussi de nouveaux adhésifs biosourcés ou issus de résidus de procédés de transformation industriels.
«Nous voulons à tout prix éviter l’enfouissement des résidus de bois, a expliqué le professeur. Les utiliser donne une vie plus longue à une matière première. De plus en plus, l’industrie va utiliser des bois de déconstruction urbains lorsqu’on démolit des bâtiments existants. C’est une autre façon de séquestrer le carbone plus longtemps.»
En ce qui concerne les adhésifs et les produits de recouvrement des panneaux, les chercheurs prévoient faire beaucoup d’innovations. «Ces adhésifs sont traditionnellement issus des produits du pétrole, a précisé Alain Cloutier. On veut s’en éloigner, ou du moins réduire les émissions produites par ces adhésifs, en produisant des molécules à partir de molécules d’origine naturelle. Quant aux nouveaux produits, on va travailler en particulier sur l’amélioration de la qualité des surfaces, notamment celles des meubles, et les rendre antivirales et antibactériennes. C’est devenu quelque chose de recherché. Les besoins ont surgi avec la pandémie.»
Trente-huit projets de recherche sont prévus, ainsi que le recrutement, avec la collaboration de l’UQAT, d’une quarantaine d’étudiants aux cycles supérieurs. «Dès cette semaine, une série de projets seront annoncés pour recruter des étudiants, a-t-il indiqué. Les premiers devraient arriver en septembre.»
L’équipe de professeurs de l’Université Laval qui participera au programme de recherche du consortium comprend, entre autres, Alain Cloutier, Véronique Landry, Rémi Georges et Évelyne Thiffault. Ahmed Koubaa représente l’UQAT.
Être à l’avant-garde
Dans son allocution, la ministre des Ressources naturelles et des Forêts du Québec, Maïté Blanchette Vézina, a félicité le Centre de recherche sur les matériaux renouvelables de l’Université Laval. «Ce projet, a-t-elle déclaré, saura accroître notre savoir-faire et consolider le rôle de premier plan du Québec dans la production de panneaux composites à base de bois au Canada et en Amérique du Nord. Cette expertise de pointe contribuera à la croissance économique, à la décarbonation de notre économie et à l’augmentation de la compétitivité du secteur forestier québécois.»
Prenant la parole, le vice-recteur exécutif et vice-recteur aux ressources humaines et aux finances de l’Université Laval, André Darveau, a souligné la naissance d’un très vaste consortium. «Ce projet a nécessité des années de travail, a-t-il dit. L’alliage des forces, le croisement des expertises, ce sont des façons de faire que l’on privilégie à l’Université Laval. Travailler avec l’industrie représente une valeur ajoutée. C’est ensemble qu’on arrive à innover et à trouver des solutions durables pour le futur.»
La directrice de l’Institut de recherche sur les forêts de l’UQAT, Nicole Fenton, a rappelé que son université s’était bâtie dans le partenariat. Elle a ensuite souligné la collaboration de longue date entre le professeur Ahmed Koubaa, de l’UQAT, et le professeur Alain Cloutier. «Ensemble, a-t-elle précisé, ils ont formé des dizaines de professionnels hautement qualifiés dans le domaine des panneaux composites à base de bois.» Elle a poursuivi sur la transition énergétique. «Ce projet, a-t-elle dit, répond à la question: comment peut-on faire plus avec nos forêts sans nécessairement empiéter davantage sur le paysage? Ce partenariat est essentiel pour notre futur.»
Dans son discours, le président-directeur général du Conseil de l’industrie forestière du Québec, Jean-François Samray, a démontré l’importance économique du secteur des panneaux composites à base de bois. «La fabrication de panneaux, ce n’est pas rien, a-t-il affirmé. Des ventes de l’ordre de 2,9 milliards de dollars en 2021, dont 2 milliards d’exportations, 13% de l’ensemble des livraisons du Québec et 17% des exportations de l’ensemble du secteur forestier, lequel est le troisième en importance au Québec.»
Selon lui, le consortium «permettra de positionner l’industrie et le Québec comme étant vraiment à l’avant-garde».
Louis Brassard est le président-directeur général de Tafisa Canada Inc. Il a rappelé que son entreprise se classe première en Amérique du Nord dans la fabrication de panneaux de particules et de panneaux de fibres de moyenne densité (MDF). «Nous utilisons à 40% les résidus de bois de première et de deuxième transformation, ainsi que les résidus de construction, de rénovation et de démolition. Nous donnons une seconde vie au bois. En ce qui concerne les adhésifs, nous avons lancé en 2020 une nouvelle usine pour la fabrication de panneaux laqués. Cette technologie importée d’ailleurs est une première en Amérique du Nord.»