22 février 2023
Un guide pour découvrir la grandeur des petites plantes
L'ouvrage grand public À la découverte des mousses et autres bryophytes ouvre une porte sur l'univers fascinant de ces plantes lilliputiennes
L'hypne plumeuse forme des tapis denses sur le sol ou le bois en décomposition des forêts conifériennes. Sa forme triangulaire rappelle une plume, un petit sapin ou une fougère.
— Martine Lapointe
Bonnet d'elfe, or des lutins, gnome discret, ébouriffe triangulaire, tricot à feuilles longues, arabesque des forêts, grand éteignoir… Si ces noms ne vous disent rien, c'est que, comme la grande majorité des gens, vous ne connaissez pas les plantes appartenant au groupe des bryophytes. Et pourtant, elles se retrouvent dans tous les milieux et vous en avez probablement piétiné sans vous en rendre compte. Grâce aux efforts d'une équipe de passionnés, coordonnés par la technicienne experte du Département des sciences du bois et de la forêt de l'Université Laval, Martine Lapointe, l'univers fascinant de ces plantes lilliputiennes vous est maintenant accessible.
Lorsqu'il se reproduit, le gnome discret érige une soie pouvant mesurer jusqu'à 1 cm au bout de laquelle se trouve une structure contenant les spores. À l'extrémité de cette structure se trouve un opercule tourné vers le ciel, comme une corne de rhinocéros.
— Jean Faubert
Les bryophytes, dont le groupe le plus connu sont les mousses, sont des espèces de taille réduite, beaucoup moins colorées que les plantes à fleurs, ce qui explique en partie pourquoi elles ne suscitent pas spontanément l'intérêt. «Ce sont les parents pauvres de la botanique, constate Martine Lapointe. C'est pour faire connaître ces espèces au plus grand nombre qu'un groupe de botanistes membres de la Société québécoise de bryologie a eu l'idée de produire un premier guide vulgarisé sur les bryophytes du Québec.»
L'or des lutins doit son nom à sa capacité de concentrer la lumière qu'elle reflète, à la façon d'un réflecteur de vélo.
— Gilles Ayotte
L'idée a germé il y a un peu plus de 10 ans alors que Jean Faubert, qui était alors président de cette société, préparait son ouvrage scientifique La flore des bryophytes du Québec-Labrador. «C'est lui qui nous a allumés sur les bryophytes et qui nous a transmis sa passion, rappelle Martine Lapointe. Il souhaitait qu'un guide grand public sur ces plantes soit publié un jour. Malheureusement, il est décédé en 2018. C'est pourquoi le guide lui est dédié.»
Le philonotis commun vit sur les sols humides, les fossés et les rochers suintants. Cette espèce se retrouve dans plusieurs régions du monde. Elle était utilisée en médecine traditionnelle pour soigner une variété étonnante de maux.
— Martine Lapointe
Le Québec compte environ 860 espèces de bryophytes, soit 22% de toute la diversité végétale de son territoire. Le guide À la découverte des mousses et autres bryophytes du Québec présente 64 d'entre elles. «Nous avons choisi des espèces relativement faciles à identifier grâce à des caractéristiques visibles à l'œil nu ou à la loupe, explique Martine Lapointe. Nous nous sommes placés au niveau d'une personne qui commence et nous avons tenté de faciliter son apprentissage. Il faut savoir que pour certaines espèces, qui ne sont pas dans le guide, on doit faire des coupes de tissus et réaliser des observations au microscope pour identifier la plante.»
Il existe une soixantaine d'espèces de sphaignes au Québec. Abondantes dans les milieux humides, elles sont au coeur de l'écosystème des tourbières.
— Martine Lapointe
Le résultat est un ouvrage bien vulgarisé et abondamment illustré dont la facture rappelle les guides de Fleurbec ainsi que le premier ouvrage de Martine Lapointe, Plantes de milieux humides et de bord de mer du Québec et des Maritimes. L'auteur officiel de ce guide, publié aux Éditions Naturat, est la Société québécoise de bryologie, mais l'équipe de rédaction est composée de Nils Ambec, Marion Barbé, Carole Beauchesne, Marc Favreau et Martine Lapointe.
«Les bryophytes sont des espèces qui possèdent des adaptations extraordinaires leur permettant de survivre dans des milieux hostiles et de jouer un rôle clé dans les successions végétales, souligne Martine Lapointe. Mais, la raison première pour laquelle on devrait prendre le temps de s'arrêter et de se pencher sur ces plantes, c'est pour découvrir leur remarquable beauté. Elles n'ont rien à envier à leurs grandes cousines, les plantes à fleurs.»
