
— William MacDuff
«La musique donne une âme à nos cœurs, des ailes à la pensée.» La soirée s'est ouverte sur cette citation de Platon, le 8 février, à la salle Henri-Gagnon du pavillon Louis-Jacques-Casault. Quelque 240 personnes, essentiellement des étudiants, sont venues «écouter leurs émotions» et s'imprégner d'une «bulle de bien-être». L'invitation était lancée par le Réseau sentinelles, qui soutient les membres de la communauté universitaire en détresse, le programme de saines habitudes de vie Mon équilibre ULaval et la Faculté de musique, dans le cadre de la Semaine de prévention du suicide.
Halo enveloppant, des centaines de chandelles étaient parsemées sur la scène, où se sont succédé étudiants musiciens, professeurs et accompagnateurs. En solo, en duo ou en quatuor, ils ont livré parfois avec douceur, parfois avec fougue des airs de Chopin, de Haydn, de Mozart, de Tchaïkovski, de Strauss ou de Keith Jarreth.
Une langue universelle
Les bienfaits de la musique? La clarinettiste Mélanie Bourassa pourrait en parler pendant des heures, autant dans la perspective de ceux qui la produisent que de ceux qui la reçoivent. Il n'y a pas de meilleure langue, selon celle qui a aussi étudié l'allemand, l'espagnol et le français. «Quand on joue avec quelqu'un d'autre, on communique, c'est comme une conversation. Et ça fait donc du bien de ne pas utiliser de mots, des fois!», lance la musicienne à ULaval nouvelles, quelques heures avant le concert.
Le 8 février, l'étudiante au doctorat en clarinette s'est produite en duo de clôture avec Sébastien Champagne, pianiste accompagnateur jazz à la Faculté de musique, qui a d'ailleurs composé leur premier morceau, Soulful Ebony. Ils avaient visiblement beaucoup de plaisir à faire dialoguer leurs instruments, sur une note plus jazzée et enjouée.

— William MacDuff
Cet échange et cette complicité lui ont cruellement manqué pendant la pandémie, indique Mélanie Bourassa, alors que ses engagements professionnels ont été annulés durant 3 ans. «La musique régularise mon humeur», dit celle qui travaille pour différents orchestres au Québec. Après un moment de déprime pandémique, elle s'est motivée à s'exercer toute seule, puis a entraîné ses étudiants et ses collègues dans un mouvement de soutien.
Directrice d'un centre de recherche sur la clarinette basse et chargée de cours à la Faculté de musique, elle constate aussi les effets de cet art sur les étudiants. «Ceux qui sont plus anxieux changent pendant leurs années d'études. Ils deviennent plus en contrôle. La musique régule l'horaire de la journée, impose des moments pour respirer. Quand on joue d'un instrument à vent, on respire beaucoup! Et jouer dans différents ensembles, ça permet de rencontrer des gens et de tisser un filet social, un filet de protection.»
Comme enseignante, elle considère avoir un contact privilégié avec les étudiants. Elle prend le temps de leur parler, non seulement pour suivre leur progression à la clarinette, et n'hésite pas à les diriger vers les services d'aide psychologique au besoin.
Un art qui rassemble et brise l'isolement
Quant au public, elle sent très bien son émotion, elle sent la musique le toucher. «C'est un art large et extraordinaire qui rassemble les gens. Et rassembler les gens, ça brise l'isolement et ça aide à apaiser l'anxiété.»
Les plus grands bienfaits de la musique, elle les constate quand elle joue dans les CHSLD, pour la Société pour les arts en milieu de santé. «On voit la différence quand on entre dans la salle et quand on ressort. Les gens sont plus éveillés, ceux qui ne bougent pas bougent un peu, ceux qui ne parlent pas chantent parfois. Les préposés nous le disent, le soir, quand ils font les soins, les gens sont plus heureux, plus calmes.» La musique adoucit les mœurs, dit aussi le proverbe.
En plus d'offrir un moment de pause, le concert aux chandelles soutenait une cause. La moitié de l'argent recueilli par la vente des billets est destinée au Centre de prévention du suicide de Québec.
En tout temps, et même à distance, les ressources d'aide en santé mentale du campus et de la grande région de Québec sont à pied d'œuvre pour répondre aux besoins.
Pour les joindre, à l'Université Laval:
• Programme d'aide aux employés: 1 800 361-2433
• Autres ressources (cliniques de santé et de nutrition, consultation psychologique à l'École de psychologie, counseling et orientation, etc.)
Dans la Capitale-Nationale et Chaudière-Appalaches:
• Info-Social 811 (service confidentiel de consultation téléphonique offert 24 heures par jour, 7 jours sur 7)
• Centre de prévention du suicide (si présence d'idées suicidaires) au 1 866-APPELLE (1 866 277-3553)