Riche et foisonnant, le milieu des arts visuels à Québec est également hétéroclite. Pour faire la lumière sur la création visuelle d’ici, une nouvelle série produite par Taïga Média, avec la collaboration de la Galerie 3 et de l’École d’art de l’Université Laval, présente le travail de 12 créateurs aux œuvres, aux techniques et aux univers variés. Parmi eux figurent des peintres, des sculpteurs, des auteurs d’installations et d’autres créateurs travaillant différents matériaux sous diverses formes. Certains sont des artistes établis, d’autres des étoiles de la relève.
Cette série, diffusée sur les ondes de Savoir média dès le 18 novembre, est animée par Catherine-Ève Gadoury, médiatrice culturelle et chargée de cours à l’École d’art. «C’est vraiment un beau projet, qui m’a permis de donner mes impressions sur des personnes talentueuses que je connais bien. Ce sont des artistes inspirants que je côtoie régulièrement et dont je vais voir les expositions», déclare-t-elle.
Chaque épisode de la série est consacré à deux créateurs, filmés dans leur quotidien. Ils y dévoilent leur formation, leur inspiration, leur démarche artistique et leurs ambitions personnelles. Par exemple, dans le premier épisode, on rencontre le peintre Dan Brault et le sculpteur Ludovic Boney.
Dans le second épisode, c’est au tour des artistes Cynthia Dinan-Mitchell et Paryse Martin de nous raconter leur passion pour les arts visuels.
Pour chacun des artistes mis en lumière, Catherine-Ève Gadoury explique, avec volubilité et beaucoup d’amour pour l’art, ce qui les distingue des autres et fait le charme de leurs œuvres. Par exemple, à propos de l’œuvre de Paryse Martin, artiste visuelle et chargée de cours à l’École d’art, elle souligne la conscience écologique derrière la démarche de création. «On tombe tous amoureux, s’exclame-t-elle, de ces petits chiens en bronze qui ont les oreilles en branches ou en feuilles, ou une queue qui devient un arbre. Il y a cette idée qu’on peut tranquillement devenir nature. Nous sommes nature. On fait partie de tout ça. Sa création nous conduit à penser comment être respectueux de cette nature-là, qui est souvent très belle, très enveloppante, mais parfois inquiétante aussi.»
En tout, ce sont six épisodes de 30 minutes qui donnent un diaporama de la création visuelle actuelle.
Qui est le collectionneur d’art à Québec?
La série Art actuel nous permet également de tracer le portrait du collectionneur d’art. Elle présente, en effet, pour chaque artiste, l’acquéreur d’une de ses œuvres. Ce qui étonne et réjouit de ce portrait, c’est que le collectionneur québécois est parfois bien loin de l’image préconçue d'un tel personnage, soit celle d’un mécène, riche et âgé, qui connaît bien le marché de l’art.
«Parler du collectionneur, c’est l’une des belles particularités de cette série. C’est très rare qu’on présente l’artiste et le collectionneur ensemble. Pourtant, l’art visuel, c’est un écosystème. L’artiste est bien sûr au centre de ce système. C’est lui le moteur. Mais il y a plein de gens qui gravitent autour de lui: l’enseignant, le galeriste, le collectionneur, etc. On parle souvent de la chaîne du livre, qui va de l’auteur au lecteur, en passant par l’éditeur, le libraire et le bibliothécaire. Par contre, on parle moins de la chaîne similaire qui existe dans le milieu des arts visuels. Pourtant, elle est bien là, et tout aussi importante», affirme Catherine-Ève Gadoury.
L’artiste, un génie au talent inné?
Le milieu de l’art, souvent méconnu de la population, est un lieu propice aux fausses idées. Tout comme on a généralement une conception déformée du collectionneur, on a aussi une idée erronée de la formation d’un artiste. «Oui, il existe des autodidactes dans le milieu, mais beaucoup d’artistes en arts visuels sont des gens qui ont suivi une longue formation. Certains sont des érudits, avec des diplômes de maîtrise, qui ont une fine connaissance de l’histoire de l’art. Les artistes ne naissent pas du jour au lendemain, ils se développent durant plusieurs années, souvent dans des écoles. L’artiste au talent inné, c’est une fausse image qui, malheureusement, masque une longue formation», explique Catherine-Ève Gadoury.
C’est pourquoi l’enseignement universitaire est aussi un élément au centre de la série. «La pédagogie des arts, indique-t-elle, n’est pas à négliger. Elle est une part essentielle de la formation des artistes. Or, dans le microcosme des arts visuels, tout est lié. C’est pour ça que la série cherche à croiser les regards de l’artiste, du collectionneur et du professeur.»
Ainsi, dans chacun des 6 épisodes, le professeur de l’École d’art David Naylor donne, lui aussi, avec beaucoup de bienveillance, son point de vue sur la création visuelle des 12 artistes. Sans jamais adopter l’attitude du maître qui critique la création des autres, il éclaire les pratiques artistiques au regard de l’histoire de l’art et du savoir sur l’art.
Quel est le rôle du professeur en arts?
Dans cette série, on insiste sur le fait que le travail de professeur dans le domaine des arts visuels n’est pas exactement le même que dans d’autres disciplines universitaires. Il ne montre pas comment faire les choses, comme en ingénierie ou en médecine dentaire, mais il encadre un cheminement personnel, comme le précise Catherine-Ève Gadoury.
«David Naylor, dit-elle, emploie une belle image pour illustrer son travail de professeur. Il se représente toujours comme une roche au milieu d’une rivière. La rivière, c’est la création de l’étudiant. Lui, il ne fait que le contraindre un peu. Son intention est de l’arrêter avec des questions afin que l’étudiant repense à son idée de création, la retravaille, la fasse peut-être dévier un peu avant qu’elle poursuive son chemin.»
La série Art actuel est disponible sur le Web depuis le 10 novembre. Les 6 épisodes seront diffusés de façon hebdomadaire les vendredis à 21h sur les ondes de Savoir média dès le 18 novembre.
Visionner la bande-annonce.
De courtes vidéos sur les techniques employées par chacun des artistes peuvent aussi être visionnées.