Dans son premier ouvrage, 50 plantes envahissantes, protéger la nature et l'agriculture, Claude Lavoie avait choisi de présenter des espèces comme le roseau commun, la renouée du Japon et la berce du Caucase, des plantes dont le caractère envahissant et nuisible ne faisait aucun doute. Il avait mis en réserve, au fond de ses tiroirs, un autre groupe de plantes – des envahisseurs doux – qui n'ont pas encore accédé aux ligues majeures des invasions végétales, mais qui montrent un beau potentiel pour faire le grand saut, surtout si les conditions propices à leur développement sont réunies.
Dans son deuxième ouvrage, 40 autres plantes envahissantes, protéger la nature aujourd'hui et demain, paru chez Les Publications du Québec, le professeur de l'École supérieure d'aménagement et de développement régional nous présente ces prospects, leur provenance, leur répartition actuelle dans l'Est du Canada ainsi que les dommages que ces espèces causent à la biodiversité, à la santé, à l'agriculture, à la foresterie, à l'horticulture, aux loisirs, à la valeur des propriétés ou à l'intégrité des infrastructures.
De plus, grâce à une analyse reposant sur des publications scientifiques, sur l'avis d'experts et sur deux indices liés aux impacts environnementaux des plantes envahissantes, le professeur Lavoie évalue le risque que chacune de ces plantes devienne envahissante et nuisible d'ici 2050 dans l'est du Canada. Cet horizon n'a pas été choisi au hasard: le réchauffement prévu d'ici là par les modèles climatiques pourrait favoriser l'explosion de ces plantes qui, pour la plupart, n'ont pas encore exprimé leur plein potentiel d'envahisseur.
Cet ouvrage de nature encyclopédique – le style vif et efficace ainsi que les sujets abordés dans la section «Une autre perspective» en font toutefois une encyclopédie décoincée – veut donner l'heure juste sur l'impact réel de ces envahisseurs. En cette matière, il faut se méfier des apparences, rappelle Claude Lavoie. «Tout n'est pas noir avec ces espèces, aussi nuisibles soient-elles pour l'environnement.»
Les invasions végétales sont spectaculaires et il est facile de leur attribuer toutes sortes de conséquences négatives, poursuit-il. «Il n'y a pas plus convaincu que moi que le phénomène des invasions biologiques constitue un problème sérieux, autant pour l'environnement que pour l'économie et la société. Sauf qu'attribuer à toutes les plantes exotiques le statut de calamité, tendance que l'on observe en particulier chez les végétaux aquatiques, ne contribue pas à une meilleure protection de l'environnement.»
Selon le professeur Lavoie, ce manque de nuances conduit à une dispersion contreproductive des efforts de lutte. «Il faut se concentrer en priorité sur les plantes les plus nuisibles. J'espère que ce livre aidera les gestionnaires de l'environnement à faire des choix éclairés lorsqu'ils feront face à de multiples envahisseurs.»