Au Canada, la proportion de jeunes qui s'adonnent au vapotage a pratiquement doublé entre 2017 et 2019, passant de 15% à 29%. Étrangement, les premiers mois de la pandémie de COVID-19 auraient freiné cette fulgurante progression, allant même jusqu'à réduire la proportion d'adolescents qui vapotent chaque semaine ou chaque mois.
C'est ce que rapporte une équipe de chercheurs canadiens, dont Richard E. Bélanger, Rabi Joël Gansaonré et Slim Haddad, de la Faculté de médecine de l'Université Laval, du Centre de recherche du CHU de Québec – Université Laval et du Centre de recherche Vitam, dans une étude publiée par la revue Nicotine and Tobacco Research.
Les chercheurs ont fait ce constat en analysant les réponses fournies par 7585 adolescents du Québec et de l'Ontario à un questionnaire en ligne. Ce questionnaire a été administré en 2018, en 2019 et entre mai et juillet 2020.
Les réponses fournies à chacun des trois temps montrent que la proportion d'adolescents qui vapotaient chaque mois était respectivement de 16%, 32% et 23%. La même tendance se dégage pour les jeunes qui vapotaient chaque semaine: 7%, 19% et 14%. Quant à la proportion d'adolescents qui vapotaient quotidiennement, elle est passée de 1% en 2018 à 7% en 2019; elle est restée à ce niveau en 2020. Une étude menée exclusivement au Québec a montré que la baisse enregistrée entre mai et juillet 2020 s'est maintenue en 2021 (voir la figure 2 du rapport).
Qu'est-ce qui explique cette baisse? «Les mesures de confinement et de distanciation appliquées en début de pandémie pourraient avoir réduit les occasions de vapoter avec les autres jeunes, en plus de limiter l'accès aux produits de vapotage, avance Richard E. Bélanger. De plus, le fait que les jeunes soient davantage conscients des méfaits du vapotage a pu jouer un rôle dans cette baisse. Les données que nous allons récolter au cours des prochains mois permettront de déterminer si la tendance à la baisse se confirme.»
La pandémie a donc créé une «expérience naturelle» dont les conclusions peuvent inspirer les campagnes de prévention, estime le professeur Bélanger. «L'adoption du vapotage, tout comme l'adoption du tabagisme, dépend des occasions qui se présentent aux jeunes et de la disponibilité des produits. On sait que la réduction de l'accessibilité aux produits du tabac a diminué la prévalence du tabagisme chez les jeunes. Ce qui a fonctionné pour le tabac pourrait fonctionner pour la cigarette électronique.»
Les autres auteurs de l'étude publiée dans Nicotine and Tobacco Research sont Scott Leatherdale, de l'Université de Waterloo, et Adam Cole, de l'Ontario Tech University.