Une étude menée par une équipe de chercheurs canadiens montre que les dépenses en médicaments d'ordonnance ont pratiquement doublé au pays entre 2001 et 2020, passant de 17 à 33 milliards de dollars (dollars constants de 2020). De plus, les projections réalisées par ces chercheurs suggèrent que cette hausse se maintiendra au cours des prochaines années et qu'elle demeurera plus forte en milieu hospitalier qu'en pharmacie.
«Entre 2001 et 2020, le taux de croissance annuel des dépenses en médicaments d'ordonnance s'est maintenu aux alentours de 4% dans les pharmacies et de 7% en milieu hospitalier. Ce n'est pas un rythme soutenable pour le système de santé», prévient l'un des membres de cette équipe, Jason Robert Guertin, de la Faculté de médecine et du Centre de recherche du CHU de Québec – Université Laval.
Pour effectuer leurs analyses, les chercheurs ont utilisé une base de données contenant tous les médicaments d'ordonnance utilisés en milieu hospitalier ou vendus en pharmacie entre le 1er janvier 2001 et le 31 décembre 2020. Les médicaments utilisés en milieu hospitalier représentaient 15% de la facture pendant cette période.
Les chercheurs ont dressé la liste des 25 médicaments pour lesquels les coûts étaient les plus élevés. Ils ont constaté qu'à l'hôpital comme en pharmacie, les biomédicaments accaparaient une part élevée et grandissante de l'enveloppe budgétaire.
Les biomédicaments sont des molécules produites par des cellules vivantes, par opposition aux médicaments produits par chimie de synthèse, précise le professeur Guertin. Ils incluent notamment des hormones, des anticorps et des cytokines. «Ce sont des médicaments nichés, c'est-à-dire qu'ils sont destinés à un nombre relativement limité de patients, mais comme ils coûtent très cher, la facture totale est élevée», ajoute-t-il.
Pourrait-on, pour des raisons économiques, priver des malades de cette nouvelle classe de médicaments? «Au Canada, nous sommes assez riches pour nous offrir beaucoup de médicaments, mais pas assez riches pour nous offrir tous les médicaments, répond le professeur Guertin. Il y a une limite à notre capacité financière collective et il ne faut pas la dépasser si nous voulons assurer la viabilité de notre système de santé.»
Les biomédicaments pourraient constituer une cible intéressante pour rabattre la courbe d'accroissement des dépenses en médicaments, estime-t-il. «On pourrait envisager l'instauration d'un programme national d'achat, qui augmenterait notre pouvoir de négociation auprès des pharmaceutiques, ou recourir davantage aux biosimilaires, des molécules qui s'apparentent aux biomédicaments, mais dont les coûts sont plus bas.»