15 avril 2022
Vers des biomarqueurs fiables pour les douleurs musculosquelettiques chroniques
Des chercheurs identifient 14 marqueurs sanguins qui pourraient nous renseigner sur les mécanismes à l'origine de ce dérèglement et nous mettre sur la piste de meilleurs traitements
Bien que les douleurs musculosquelettiques chroniques touchent près d'un adulte sur cinq, les avancées dans ce domaine sont rares, notamment parce que ce dérèglement demeure largement subjectif: ces douleurs sont ce que les patients disent qu'elles sont. Une étude publiée le 15 avril dans PLOS One pourrait aider à confirmer objectivement la nature et l'intensité de ces douleurs.
En effet, une équipe de recherche de l'Université Laval et du Centre de recherche du CHU de Québec – Université Laval a identifié 14 biomarqueurs sanguins associés positivement ou négativement au risque de souffrir de douleurs chroniques au bas du dos, au cou ou à l'épaule.
Pour faire cette démonstration, les chercheurs ont utilisé une base de données constituée à partir des résultats d'analyse d'échantillons sanguins de 4742 personnes vivant aux États-Unis. Du nombre, 1214 rapportaient avoir ressenti des douleurs musculosquelettiques au bas du dos, au cou ou à l'épaule pendant le dernier mois. Pour 779 d'entre elles, les douleurs duraient depuis plus de trois mois, ce qui correspond à la définition de douleur chronique.
Les chercheurs ont concentré leurs analyses sur les personnes qui avaient au moins deux sites de douleur, «parce que ça pourrait indiquer que le problème est systémique», précise le responsable de l'étude, Clermont Dionne. Les analyses ont porté sur 187 biomarqueurs, incluant des composés organiques, des vitamines et des métaux lourds.
«Nous avons identifié 14 marqueurs pour lesquels il y avait une association avec les douleurs musculosquelettiques chroniques à au moins deux sites anatomiques, résume le chercheur. Il s'agit d'un ménage important dans les biomarqueurs pouvant être associés à ce dérèglement. C'est un premier pas vers une façon objective de confirmer qu'une personne souffre de douleurs musculosquelettiques chroniques.»
Au cours des dernières années, beaucoup d'attention a été accordée aux déterminants psychosociaux de la douleur chronique, souligne le chercheur. «C'est important de considérer cette dimension du problème, mais la composante biologique a été quelque peu négligée, estime-t-il. Les biomarqueurs que nous avons trouvés pourraient nous aider à mieux comprendre les mécanismes systémiques impliqués dans ce dérèglement et à développer des interventions nutritionnelles ou pharmacologiques pour le traiter. Ils pourraient aussi nous aider à identifier les personnes chez qui les douleurs musculosquelettiques risquent de devenir chroniques.»
Le premier auteur de l'étude parue dans PLOS One est le doctorant en épidémiologie Codjo Djignefa Djade. Les autres signataires sont Caroline Diorio et Clermont Dionne, de la Faculté de médecine, et Danielle Laurin, de la Faculté de pharmacie.