La capacité de discerner les paroles d'un interlocuteur dans un lieu bruyant pourrait être améliorée grâce à la stimulation magnétique transcrânienne (SMT). C'est ce que suggère une étude publiée dans la revue Brain and Language par Valérie Brisson et Pascale Tremblay, de la Faculté de médecine et Centre de recherche CERVO de l'Université Laval.
Pour faire la démonstration du potentiel de cette approche, les deux chercheuses ont fait appel à 34 sujets de 32 à 79 ans qui avaient une audition normale pour leur âge. Elles les ont soumis à trois tests qui consistaient à leur faire entendre des paires de syllabes identiques ou très similaires. Les sujets devaient indiquer si les paires de syllabes entendues étaient les mêmes ou non. Pour simuler un environnement sonore bruyant, ces syllabes étaient diffusées sur un fond sonore où quatre voix humaines s'entremêlaient.
Avant chacun des trois tests, les chercheuses soumettaient les participants à une session de SMT de trois minutes. «L'appareil génère de brèves impulsions magnétiques qui sont dirigées vers des zones ciblées du cerveau et qui les rendent plus actives. Pour les besoins de l'étude, nous avons appliqué la SMT sur deux régions qui interviennent dans le traitement du langage et sur une région témoin sans lien avec le langage», explique la professeure Tremblay.
Deux résultats marquants se dégagent des analyses. Le premier: la SMT a un effet notable, surtout lorsqu'elle est appliquée sur le cortex prémoteur ventral gauche, une région du cerveau d'abord connue pour son rôle dans la planification et l'organisation du mouvement. «Cette région intervient également dans la représentation motrice du langage, c'est-à-dire dans les commandes envoyées aux muscles pour activer la prononciation d'un mot, précise Pascale Tremblay. On sait que cette région est activée dans des situations où des paroles sont difficiles à décoder.»
Le second résultat important est que la SMT produit des améliorations même chez les personnes âgées. «Cela indique qu'en dépit du vieillissement, le cerveau demeure assez plastique pour profiter de l'intervention, souligne la chercheuse. La difficulté de comprendre un interlocuteur dans un lieu bruyant est un problème qui se manifeste dès la fin de la trentaine, mais sa prévalence est très élevée chez les personnes âgées.»
Pour l'instant, la SMT améliore de 5% les capacités de comprendre dans un environnement bruyant. «C'est encourageant, mais ce n'est pas suffisant pour l'utiliser en clinique, estime la professeure Tremblay. Nos travaux visent maintenant à optimiser l'intervention en testant la SMT sur d'autres régions du cerveau et en déterminant le protocole – l'intensité, la fréquence et la durée des traitements – qui produit les meilleurs résultats. Nous devons aussi nous assurer que l'intervention a des effets durables. C'est concevable étant donné que le traitement de la dépression par SMT produit des effets qui durent plusieurs mois.»