
Sophie Létourneau
— La Peuplade
Sophie Létourneau, on peut s'en douter, est sur un nuage depuis l'annonce des lauréats des Prix littéraires du Gouverneur général. Chaque année, le Conseil des arts du Canada remet ces prix pour récompenser les meilleurs livres en français et en anglais. Chasse à l'homme remporte la victoire dans la catégorie Romans et nouvelles.
«Avec Chasse à l'homme, j'ai voulu étendre le domaine de ce qu'il est possible de faire en littérature. Je voulais redonner de la puissance aux mots, aux livres. Le fait que le prix soit octroyé par des pairs écrivains me rend particulièrement fière dans la mesure où ce sont des gens du métier qui reconnaissent ce travail», explique Sophie Létourneau.
Chasse à l'homme est paru en mars 2020 chez La Peuplade. Il s'agit du quatrième livre de la professeure en création littéraire après L'été 95, Polaroïds et Chanson française. L'histoire est celle d'une jeune Montréalaise qui cherche l'amour. Après avoir terminé ses études en littérature, elle entreprend un long voyage pour trouver l'homme de sa vie. Cette quête la conduira à Paris, à Tokyo et enfin à Québec.

L'écriture de ce livre s'est étalée sur une période de 12 ans. L'histoire, composée de courts textes en prose ponctués d'humour, est fortement inspirée de la vie de l'auteure. Pour elle, il ne s'agit pas d'un roman. «Comme il s'agit d'une histoire vraie, je parlerais plutôt de récit ou de non-fiction. Ensuite, je dirais que c'est un livre magique. Un livre qui met en pratique l'idée qu'on peut être l'auteur de sa vie. Et que les mots peuvent changer notre réalité, comme un sort qu'on lance.»
Par rapport au titre, Sophie Létourneau offre cette explication: «Chasse à l'homme fait référence au fait que je me suis lancée à la poursuite de l'homme de ma vie à partir des indices que m'a donné une cartomancienne. Le titre a également un double sens, dans la mesure où je questionne la misogynie des milieux littéraires et universitaires au regard du désir qu'ont les femmes d'être aimées.»
— Extrait du livre
Dès sa sortie, Chasse à l'homme a remporté un franc succès, des critiques le classant même parmi leurs plus belles découvertes littéraires de 2020. En avril, le livre a été finaliste au Prix littéraire des collégiens, un concours qui fait appel à un jury formé d'étudiants de différents collèges et cégeps du Québec.
Le comité d'évaluation du Conseil des arts du Canada, composé de Simon Chaput, Daniel Grenier et Olivia Tapiero, a décrit l’œuvre comme «un texte-performance d'une grande finesse et d'une lucidité quasi presciente où l'ampleur des violences dénoncées se mesure à l'amour de la littérature. Un livre féministe, aux allures ludiques, qui a la légèreté qu'on lui présuppose, et dont la profondeur déroutante désamorce les regards réducteurs qu'on porte encore sur l'écriture des femmes.»
Les autres finalistes dans la catégorie Romans et nouvelles étaient Naomi Fontaine (Shuni), Jennifer Bélanger (Menthol), Marie-Pier Lafontaine (Chienne) et Marie-Ève Lacasse (Autobiographie de l'étranger).
Les gagnants des Prix littéraires du Gouverneur général se voient attribuer une bourse de 25 000$. De son côté, l'éditeur reçoit 3000$ pour faire la promotion du livre. Les autres finalistes reçoivent pour leur part 1000$.
Un cinquième ouvrage en préparation
Sophie Létourneau travaille sur son prochain livre. «Contrairement à Chasse à l'homme, dit-elle, ce projet porte sur les histoires des autres. Plus spécifiquement, c'est une galerie de portraits de gens liés aux différentes scènes de musique indépendante à Québec dans les années 1990. Ce sera une œuvre littéraire, mais dont l'ancrage documentaire sera encore plus important. Un projet casse-gueule, aussi. J'aime me donner des défis impossibles!»