
— Page Facebook de François Morency
Fin des années 1980. Salle Henri-Gagnon du pavillon Louis-Jacques-Casault de l'Université Laval. L’assistance est en liesse et crie. En fait, on en redemande. L’équipe des Cœurs de la Ligue Universitaire d’Improvisation de l’Université Laval vient une fois de plus de remporter la victoire. À sa tête, un certain François Morency, qui se démarque par son grand talent. Ses coéquipiers, dont Jean-Michel Anctil, s’enlacent tout en sautant de joie.

À la fin des années 1980, l'équipe des Coeurs de la LUI était notamment composée de François Morency (capitaine) et de Jean-Michel Anctil.
— Page Facebook de François Morency
«C’était fou le succès, à l’époque, de la ligue d’impro de l’Université Laval, affirme François Morency. Il y avait toujours, en moyenne, 500 personnes qui assistaient à nos matchs et on était même diffusés à la télé communautaire. On se faisait donc connaître, on avait comme une mini-notoriété. Sans le savoir, c’était comme mes premiers pas dans le showbizz. C’est d’ailleurs là que tout a commencé à se préciser pour moi, car je réalisais non seulement que j’étais performant, mais surtout, que j’aimais ça. Même si mes objectifs de carrière n’étaient pas encore clairement définis, je savais que je m’approchais de ma destinée!»
Celui qui a grandi à Québec a toujours aimé, enfant, faire des spectacles en famille, parler au micro, etc. En fait, comme bien des enfants, dit-il. Jeune adulte, il décide d’étudier en journalisme à l’Université Laval, car il aime écrire et s’exprimer en public. À vrai dire, il ne savait vraiment pas alors, encore, ce qu’il voulait faire de sa vie.

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«Enfant, je n’avais aucune idée de ce que j’allais faire dans la vie et ce n’était ni une question ni un souci. Idem à l’adolescence, où ce n’était pas clair du tout. À la fin du secondaire, j’ai passé des tests avec un orienteur et les résultats indiquaient que je serais garde forestier. On s’entend pour dire que ce n’est pas vraiment ce qui s’est passé... (rires) Puis, au cégep, j’ai étudié en lettres, parce que les seules matières qui m’intéressaient et dans lesquelles j’étais vraiment bon, c’était les langues, l’histoire et la géographie. Les sciences pures, c’était un véritable calvaire pour moi. Je n’étais pas bon et je ne comprenais pas l’application de tout ça. À l’université, je suis rentré en journalisme, probablement parce que j’étais inconsciemment attiré par les caméras et les micros. Mais encore là, je n’étais vraiment pas encore convaincu.»

François Morency, alors étudiant au baccalauréat en journalisme de l'Université Laval
— Page Facebook de François Morency
Un jour, il est invité à produire un petit numéro dans le cadre des Soirées d’humour du campus, qui se tiennent au Théâtre de la Cité universitaire du pavillon Palasis-Prince. Et de là est apparue une petite étincelle.
«Ce petit numéro de huit minutes a marché vraiment fort. Ça a été comme mon début… Ce soir-là, dans la salle, il y avait Mario Grenier, qui était alors animateur radio à Québec et qui s’occupait des Lundis Juste pour rire au Dagobert. Il m’a donc invité à aller présenter mon numéro. Ceci devenait officiellement mon premier spectacle pour lequel j’étais payé! Je finissais mon bac et c’est là que j’ai réalisé que c’était vraiment ce que je voulais faire dans la vie.»
Puis, les petits contrats s’enchaînent. Contrats avec des stations de radio, shows amateurs, animation dans des tournois de golf, etc. Le jeune Morency s’amuse à faire rire les foules pendant quelques années dans la capitale. Puis, il réalise qu’il doit faire le grand saut: il dépose sa candidature à l’École nationale de l’humour, où il est admis.

François Morency devient diplômé de l’École nationale de l’humour en 1992.
— Page Facebook de François Morency
À cette époque, l’École nationale de l’humour en est à ses balbutiements. François Morency en sortira diplômé en 1992, soit à l'âge de 26 ans. De sa promotion: les humoristes Jean-Michel Anctil et Sylvain Larocque, mais aussi quelques grands auteurs dont Marc Brunet (Like-moi!, Les Bobos, Le cœur a ses raisons), Pascal Lavoie (Infoman, Un gars, une fille) et Jean-François Léger (Les Parent, Dans une galaxie près de chez vous, Un gars, une fille). Ayant remporté les auditions nationales du Festival Juste pour rire, il partira en tournée avec la troupe dès l’année suivante.
«En mettant les pieds à l’École, je savais que j’étais au bon endroit. Contrairement à ce qu’elle est devenue aujourd’hui, la formation, alors de six mois, était très courte. Mais j’ai tellement appris, j’avais de très bons profs. On faisait un numéro par semaine toutes les semaines et on produisait à l’occasion dans des salles populaires, tel le Club Soda.»

En date d'aujourd'hui, ses spectacles ont été vus par 550 000 spectateurs et télédiffusés auprès de 3 millions de téléspectateurs.
— Page Facebook de François Morency
Un artiste chouchou des Québécois
Aujourd’hui, François Morency est un humoriste, auteur, animateur et comédien des plus appréciés au Québec. Ses spectacles ont été vus par 550 000 spectateurs et télédiffusés auprès de 3 millions de téléspectateurs. Il a animé 3 galas Les Olivier, 3 galas Artis et 10 galas Juste pour rire et 1600 émissions de radio et de télévision. Ses livres sont des best-sellers avec 60 000 exemplaires vendus. Il a reçu 5 Olivier, un Gémeaux et plus de 30 nominations, dont l'Olivier de l'année (2017 et 2018). Il anime Ouvrez les guillemets (Société Radio-Canada-SRC) et son livre Discussions avec mes parents sera porté, à l’automne 2021, pour une quatrième année à l'écran de la SRC. Il en est d’ailleurs l'auteur et le comédien principal.

La série télévisée Discussions avec mes parents rallie chaque semaine plus d’un million de téléspectateurs.
— Société Radio-Canada
Ses parents, une grande source d’inspiration
François Morency est justement en plein tournage ces jours-ci de la série télévisée Discussions avec mes parents, qui rallie chaque semaine plus d’un million de téléspectateurs. Cette série, qui est largement inspirée de sa vraie vie, relate les nombreux tirages de pipe des parents et de la famille Morency. Ayant perdu ses parents au cours des trois dernières années, il affirme que cette série lui permet de les faire revivre en quelque sorte, mais surtout, de retenir les bons moments vécus avec eux.
«Les personnages du père et de la mère sont effectivement grandement influencés par mes vrais parents, mais à quelque part, d’écrire cette série s'est avéré très salvateur pour moi. Tout comme mes deux frères et ma sœur, j’ai décidé de retenir 90% de la vie de mes parents, c'est-à-dire où ils étaient heureux, actifs, allumés, drôles et impliqués. À l’image des parents dans la série télé quoi. C’est sûr que le deuil n’est jamais une zone le fun pour personne, mais disons que le départ de mes parents m’a en quelque sorte forcé à penser à autre chose qu’à la fin de leur vie, qui s’est vraiment avérée merdique. Bref, ça m’a forcé à mettre l’accent sur ce qu’ils étaient alors qu’ils étaient à leur meilleur. »
Oser et accepter de se tromper
Aux jeunes qui ne sont pas convaincus de leur avenir ou qui se mettent beaucoup de pression quant à leur choix de carrière, quels seraient les mots de François Morency? «Donnez-vous le droit de vous tromper, de changer d’idée, de repartir à zéro! Tu n’es pas obligé de savoir à 18 ans ce que tu vas faire à 40 ans. Oui, parfois, il y a des gens qui le savent dès qu’ils ont sept ans et tant mieux pour eux, mais ce n’est pas la majorité. Combien de personnes ont commencé dans un domaine pour se rendre compte, 10, 12, 15 ans plus tard, qu’ils souhaitaient faire autre chose? Plein! Alors si tu fais des études et que finalement, tu n’aboutis pas dans le même domaine? Sache que ce n’est jamais du gaspillage ou du temps perdu, car tu as acquis des connaissances, une curiosité intellectuelle et ça, ce n’est jamais perdu. Focalise plutôt sur ton prochain rêve ou projet!», conclut-il, en souriant.

La série télévisée Discussions avec mes parents sera diffusée, à l’automne 2021, pour une quatrième année à l'écran de la SRC. François Morency en est l'auteur et le comédien principal.
— Société Radio-Canada