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L'adoption d'une politique de tolérance zéro pour les coups à la tête au hockey mineur ne semble pas avoir produit les résultats attendus, suggère une étude qui vient de paraître dans The Orthopaedic Journal of Sports Medicine. L'incidence des coups à la tête et la proportion des coups à la tête pénalisés par les arbitres n'auraient pas bronché au hockey mineur après l'adoption de cette politique en 2011.
C'est ce que concluent l'équipe de Carolyn Emery, de l'Université de Calgary, et les professeurs Luc Nadeau et Claude Goulet, du Département d'éducation physique de l'Université Laval, au terme d'une analyse détaillée de 32 parties disputées par des joueurs albertains de moins de 15 ans de calibre élite. Les chercheurs ont comparé les contacts directs ou indirects à la tête ainsi que les sanctions imposées par les arbitres à la suite de ces coups lors de parties jouées deux ans avant ou deux ans après l'instauration de la politique de tolérance zéro.
Le visionnement des enregistrements de ces parties a permis aux chercheurs de dénombrer 506 coups à la tête. Leurs analyses révèlent que:
l'incidence de ces coups à la tête (par 100 minutes de jeu et par équipe) avant et après l'adoption de la politique était respectivement de 16,6 et de 15,5, un écart non significatif sur le plan statistique;
environ 90% des contacts à la tête n'étaient pas accidentels et cette proportion n'a pas diminué après l'instauration de la politique;
le pourcentage de coups à la tête qui ont été pénalisés par les arbitres était de 12% avant l'adoption de la politique et de 14% après son instauration, une différence statistiquement non significative;
après l'adoption de la tolérance zéro, seulement 7% des coups intentionnels à la tête ont reçu la sanction prévue au livre de règlements, soit une pénalité minimale de 4 minutes.
«Ce que notre étude démontre est que les coups à la tête, qui sont à l'origine de la majorité des commotions cérébrales, n'ont pas diminué. Il ne suffit pas d'adopter une politique de tolérance zéro pour que les choses changent sur la patinoire. Il faut un changement de culture et ça exige beaucoup de temps», constate Luc Nadeau.
— Luc Nadeau
Environ 500 000 jeunes jouent au hockey au Canada. Dans les ligues où les mises en échec sont permises, 1 joueur sur 10 subira une commotion cérébrale chaque année. À qui la faute? «Le hockey est un sport rapide. Il est inévitable que des contacts entre les joueurs surviennent et que certains de ces contacts touchent la tête, estime le professeur Nadeau. Par contre, si on veut réduire l'incidence des coups à la tête, les joueurs, les entraîneurs, les arbitres et les dirigeants des ligues ont tous un rôle à jouer. Pour accélérer ce changement de culture, il me semble que l'application plus stricte des règlements serait un pas dans la bonne direction.»