Peut-on recommencer une vie à zéro dans un pays étranger? Cette question est à la base du roman Errance, qui vient de paraître chez Annika Parance. L’histoire est celle de Stefano, un Italien installé en France. Il est marié à Sophie, avec qui il a une fille, Elisa. À la recherche d’un emploi, il quitte Le Havre pour aller étudier à Brest.
C’est là que ça dérape. Des souvenirs qui étaient profondément enfouis remontent à la surface et Stefano est replongé dans une période violente de son adolescence à Turin. De l’Italie au Québec, l’histoire nous transporte alors dans différents lieux. «Le roman reprend la structure de la tragédie classique, explique Mattia Scarpulla. Le début est assez positif: Stefano, Sophie et Elisa ont une belle vie au Havre et tout semble stable. Progressivement, l’histoire bascule en drame quand on découvre le passé de Stefano. Ce récit est lié à ce qui m’intéresse dans l’immigration: le fait de se construire une nouvelle identité et de pouvoir être plusieurs personnes différentes dans une même vie.»
Lui-même d’origine italienne, Mattia Scarpulla habite au Québec depuis sept ans. À l’image des pérégrinations de son protagoniste, il a écrit ce roman au fil de séjours en France, en Italie et au Québec. «Tous les lieux décrits dans le roman sont des villes où j’ai habité. J’aime beaucoup marcher et m’inspirer de l’architecture, des différents quartiers, des gens. Les personnages de la communauté italienne dans le roman n’existent pas, mais ils sont basés sur plusieurs choses que j’ai lues, entendues ou vues.»
Errance a comme toile de fond les mouvements sociaux et les luttes idéologiques qui ont façonné l’Italie ces dernières années. L’auteur a aussi intégré des extraits de chansons et des expressions de son pays, ce qui confère au récit une couleur italienne et donne une authenticité aux dialogues.
En entrevue avec ULaval nouvelles, Mattia Scarpulla a accepté de nous lire un extrait de son roman.
Outre ce roman, Mattia Scarpulla a écrit plusieurs poèmes et nouvelles, en plus d’être le directeur éditorial de la revue en ligne Le Crachoir de Flaubert. Son portfolio comprend des participations à des spectacles, des publications dans des revues et quatre recueils, dont Hallucinations désirées et origines en fuite, lauréat du prix de poésie Rolande-Gauvin 2018, et Préparation au combat, pour lequel il a reçu une bourse Première Ovation.
Allier mouvements et écriture
Diplômé d'un doctorat en danse de l'Université de Nice, Mattia Scarpulla a mis au point des exercices physiques pour stimuler la pratique de l'écriture. Avec sa thèse en études littéraires, qu’il entame à l’Université Laval, il veut pousser plus loin ses recherches. «Je m’intéresse à l’introduction d’activités de type somatique, comme le yoga, la méthode Feldenkrais et la prise de conscience du corps, dans le processus de création. Avec mes directeurs de recherche, Alain Beaulieu et Robert Faguy, j'ai fait appel à d’autres écrivains pour voir si ces activités peuvent leur servir dans leur travail. Des journaux de bord permettront de documenter leur expérience.»
Avec la crise de la COVID-19, le doctorant a dû revoir un peu les paramètres de son projet. «Au départ, nous devions nous rencontrer fin mai au LANTISS pour un atelier immersif. Avec la situation de pandémie, nous avons fixé de nouvelles dates en août. L’atelier se tiendra dans un lieu nous permettant de respecter la distanciation. Une fois les témoignages des écrivains récoltés, je me plongerai dans la thèse. J’espère commencer la rédaction en décembre», conclut-il.