
Fortement engagé en faveur de la protection de l’environnement, le groupe Les Cowboys Fringants a créé une fondation consacrée à des projets écologiques. Sur la photo, le chanteur Karl Tremblay.
— Matthieu Dessureault
Ce vendredi 5 juin nous fêtons la Journée mondiale de l’environnement. Initiative de l’Organisation des Nations unies, cette journée vise à encourager les actions en faveur de la protection de l’environnement. Et quoi de mieux que la musique pour faire passer un message? Les artistes qui s’engagent pour la cause sont légion.
Dans le cadre du cours Musicologie I, Katia Auger, étudiante au baccalauréat en musique, s’est intéressée à cette tendance à marier chanson et écologie. Ses résultats de recherche ont été présentés au colloque étudiant de l’Observatoire interdisciplinaire de création et de recherche en musique, le 21 mai. Sa communication lui a valu le Prix de la relève étudiante, remis par le comité de direction de l’Observatoire.
Afin de mieux comprendre de quelles façons la question environnementale s’infiltre dans la musique de divers pays, Katia Auger a décortiqué les paroles des pièces 8 secondes, des Cowboys fringants, Earth, de Lil Dicky, Tik tik plastic, de Shaan, Ibu, de Navicula, Le monde est chaud, de Tiken Jah Fakoly et Soprano, Il est où le SAV, de Suzane et Télé Tan, Fracking, de Tanya Tagaq, et Quede Aqua, de Lenine.
Humour, cynisme, culpabilisation, appel à l’action: les stratégies employées par ces artistes pour faire passer un message sont variées. «Le recours à un musicien reconnu est une technique qui revient souvent, constate l’étudiante. La pollution de l’air et les déchets sont des sujets récurrents, tout comme les inégalités sociales, l’exploitation des ressources à des fins lucratives et l’absence d’une conscience environnementale. Chaque artiste vient apporter sa touche personnelle pour aborder un sujet qui lui est cher.»
8 secondes, Les Cowboys Fringants
«Pendant qu'les rivières coulent à flot/Certains font de l'argent comme de l'eau/Sans se soucier des écosystèmes/C'est ben plate à dire, mais ça a l'air/Que c'est ça l'noeud du problème!», martèle Karl Tremblay sur la pièce 8 secondes.
Issue de l’album La Grand-Messe, cette chanson du groupe québécois Les Cowboys Fringants dénonce l’exploitation des ressources naturelles et la destruction de la nature. À la fin, elle invite les citoyens à manifester leur mécontentement auprès des décideurs.
Earth, Lil Dicky
Au début du vidéoclip, on apprend que des millions de personnes sont affectées par des incendies en Californie à cause des changements climatiques. On y voit ensuite un groupe de jeunes qui renversent une poubelle sans ramasser leur dégât. Puis, apparaît Lil Dicky pour les sensibiliser à l’importance de protéger la planète.
Pour cette chanson, le rappeur américain a fait appel à de nombreuses célébrités, dont Justin Bieber, Ariane Grande, Zac Brown, Shawn Mendes, Miley Cirus et Ed Sheeran. «Le vidéoclip, humoristique dans son ensemble, prend une touche plus sérieuse à la fin lorsque le chanteur affirme que, selon les scientifiques, nous avons douze ans pour freiner la crise environnementale», explique Katia Auger.
Tik tik plastic, Shaan
Cette chanson, composée pour la Journée mondiale de l’environnement en 2018, réunit plusieurs personnalités bien connues en Inde, dont les chanteurs Shankar Mahadevan et Sunidhi Chauhan et l’acteur Ayushmann Khurrana. Dans le refrain, ils font le serment de combattre la pollution liée au plastique. Leur message: dites non au plastique, réutilisez et recyclez.
Ibu, Navicula
Le groupe de rock indonésien est connu pour ses chansons engagées. «Dans la chanson Ibu, qui signifie “mère” en français, la nature est représentée comme étant une mère qui doit être respectée. Le chanteur demande pardon à la Terre pour les erreurs commises, pour avoir consommé son sang et rasé ses cheveux», indique l’étudiante.
Dans cette chanson, le sang est une métaphore de l’eau et du pétrole, tandis que les cheveux symbolisent les forêts. Navicula dénonce ainsi la déforestation et l’exploitation minière, deux enjeux importants en Indonésie.
Le monde est chaud, Tiken Jah Fakoly et Soprano
Dans cette chanson, le chanteur de la Côte d’Ivoire et le rappeur français abordent le sujet du réchauffement climatique. Ils dénoncent les intentions des politiciens qui se soucient peu de l’environnement.
«Selon moi, Fakoly et Soprano pointent du doigt plus spécifiquement les pays occidentaux en affirmant que, pour se mettre au chaud, ils manipulent et divisent la population, dit Katia Auger. Cette interprétation est encore plus plausible après avoir écouté la chanson Plus rien ne m’étonne de Fakoly.»
Il est où le SAV, Suzane et Tété Tan
Ce vidéoclip a été tourné au Sénégal dans une des plus grandes décharges à ciel ouvert du monde. L’auteure-compositrice-interprète française a voulu montrer la réalité de ceux qui vivent parmi les déchets, en plus d'aborder divers enjeux environnementaux. «Dans le premier couplet, elle dénonce l’utilisation du plastique en évoquant sa présence partout dans l’environnement et le danger qu’il représente pour les tortues. Dans le deuxième couplet, elle dénonce la pollution de l’air créé par les usines, la fonte des glaciers, la déforestation et le danger que cela représente pour les ours polaires et les orangs-outans.»
Fracking, Tanya Tagaq
Fracking est une performance vocale de Tanya Tagag, une chanteuse de gorge inuite. L’œuvre se veut une métaphore sur la destruction de la planète. «Tanya Tagag affirme qu’elle voulait rendre la chanson laide et dégoûtante, impossible à écouter. Elle a donc imaginé qu’elle était la Terre en train de se faire disloquer sous la fracturation hydraulique. Son but était de jeter cet enjeu de façon sonore au visage des gens», explique l’étudiante.
Quede Água, Lenine
Quede Água a été composé par Lenine, un chanteur brésilien. La chanson prévient les habitants du sud du pays des dangers de la sécheresse qui les guette. Elle pointe du doigt la déforestation, l’utilisation des pesticides et l’exploitation des combustibles fossiles. «Lenine affirme qu’il est temps de faire face au destin, de sauver ce qui reste, d’apprendre du nord du Brésil pour freiner la sécheresse. Il dit que la déforestation doit cesser, que la vie n’existe pas où il n’y a pas d’eau, mais que l’art existe où l’eau existe.»