L'un des organisateurs de l'événement, le professeur au Département de littérature, théâtre et cinéma Jean-Pierre Sirois-Trahan, ne cache d'ailleurs pas son enthousiasme à l'idée de tenir le premier colloque international sur le cinéma à Québec depuis 1990, colloque qui donnera accès aux 200 appareils cinématographiques anciens que contient, pour le moment, la collection François Lemai. Ces objets rares, dont quelques-uns n'ont jamais été utilisés, prendront vie durant le colloque entre les mains expertes d'amoureux du cinéma qui pourront non seulement les manipuler, mais aussi filmer des courts-métrages et les projeter, si le développement se passe bien, le vendredi 17 mai, lors de la soirée de clôture de l'événement.
«La plupart des chercheurs n'ont pas accès à ce type d'appareils, souligne le professeur Sirois-Trahan. Ils tirent leur savoir de journaux, de bouquins, d'archives papier ou numériques. Mais de tester la matérialité des choses, de faire des hypothèses à l'aide d'appareils anciens, c'est très compliqué. Ce n'est pas tout le monde qui peut accéder à ces archives.» Cette formule un peu particulière a donc soulevé l'intérêt autant de techniciens du cinéma que de collectionneurs, d'archivistes et de chercheurs spécialistes du «précinéma».
Les deux premières journées de l'événement consistent en un laboratoire où les participants pourront manipuler caméras, projecteurs, rembobineurs et lanternes magiques. Le colloque s'ouvrira dès le mardi et se poursuivra jusqu'au vendredi, journées qui seront ponctuées de conférences et de tables rondes données autant en français qu'en anglais. Parmi les participants, mentionnons Ian Christie, professeur à l'Université de Londres et chercheur spécialiste du cinéma anglais, qui prononcera une conférence le mardi portant sur l'histoire matérielle du cinéma des premiers temps. Le mercredi, Dave Kenig, technicien de la société Panavision en Californie, parlera pour sa part de l'histoire des lentilles cinématographiques de 1890 à 1914. Le jeudi, Jean-François Gauvin, professeur au Département des sciences historiques et directeur du LAMIC, se penchera sur la promesse du matériel contre l'évanescence muséale.
Bien que le colloque soit ouvert à tous et gratuit, un événement plus grand public plaira à bien des curieux, le jeudi soir, au Musée de la civilisation. Anne Gourdet-Marès, de la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé de France, donnera un spectacle de lanterne magique et fera revivre cet art ancien en racontant son histoire, accompagnée au piano par Alexandre Racine. La soirée se terminera par la projection de films muets d'avant 1920 de Pathé. «Les lanternes magiques, c'est ce qui précède le cinéma, explique Jean-Pierre Sirois-Trahan. Ce sont des projections de plaques fixes, qui sont en verre, et dans lesquelles il peut y avoir des photographies ou des dessins faits et coloriés à la main. C'est de toute beauté.»
La fascination du professeur Sirois-Trahan pour la collection léguée par François Lemai n'est pas près de se tarir. Ce colloque n'est que le début des activités qu'il compte mettre sur pied pour donner accès à ce matériel extraordinaire. Cet été, il attend d'ailleurs près de 300 autres appareils provenant de cette collection qu'il qualifie d'une des plus grosses collections privées au monde et qui fait de «l'Université Laval l'un des plus importants musées du cinéma, à tout le moins dans une université». Deux expositions sont d'ailleurs en préparation, une à l'Université et une seconde dans un grand musée québécois. Et, promet-il, d'autres colloques François Lemai sont à venir.
- Information sur le colloque
- Le spectacle Ombre et lumière. Une histoire de lanterne magique se tiendra le jeudi 16 mai, à 20h, à l'auditorium Roland-Arpin du Musée de la civilisation. Coût: 15$ pour l'entrée générale et 10$ pour les étudiants.
- La soirée de cinéma et le party de clôture du colloque, organisée avec Antitube, auront lieu le vendredi 17 mai, à 19h30, au Café-rencontre Centre-Ville (769, rue Saint-Joseph Est). Entrée: 5$