
Accompagnés d'un quintette à cordes et d'une pianiste, les étudiants ont revisité L'Étoile, le célèbre opéra bouffe du compositeur français Emmanuel Chabrier.
— Elias Djemil
Pour le metteur en scène Michel-Maxime Legault, c'était l'occasion de faire rayonner le talent des étudiants de l'Atelier d'opéra au-delà des murs de l'Université. «L'Atelier d'opéra est un cours qui forme les chanteurs aux exigences musicales et scéniques du répertoire lyrique. Ce spectacle leur a permis de rejoindre un public plus large et de montrer que l'opéra, ce n'est pas seulement pour les mélomanes et les érudits.»
L'Étoile plonge le spectateur dans un univers burlesque. La pièce débute dans l'obscurité. Munis de lanternes chinoises, des chanteurs se faufilent jusque sur la scène. Puis, apparaît au balcon un flamboyant personnage, tout de paillettes vêtu. C'est le roi Ouf 1er, le grand maître du royaume. Chaque année, il célèbre sa fête – la Saint-Ouf – en exécutant l'un de ses sujets. Déguisé, il part à la recherche de sa victime. Le colporteur Lazuli s'avère être le candidat idéal, mais son horoscope révèle que le destin du roi est lié au sien. Si Lazuli meurt, le roi mourra aussi. L'exécution est donc annulée et Lazuli est installé au palais royal, une décision qui donnera lieu à moult quiproquos et situations désopilantes.
Avec une présence vocale et scénique indéniable, le ténor Jonathan Gagné incarnait un roi Ouf à la hauteur de ce personnage on ne peut plus coloré. «L'Étoile est une œuvre très absurde. Le défi était de maintenir cette folie du début à la fin dans notre jeu. C'est comme une partie de ping-pong: il fallait constamment se lancer la balle avec nos répliques et être suffisamment clair pour que les instrumentistes enchaînent avec la musique au bon moment. C'est très formateur comme expérience», souligne l'étudiant au baccalauréat en musique.
Le spectacle, présenté la semaine auparavant à la salle Henri-Gagnon du pavillon Louis-Jacques-Casault, a nécessité environ quatre mois de travail. Michel-Maxime Legault, qui signe sa seconde mise en scène pour l'Atelier d'opéra, décrit plusieurs heures de répétitions, d'essais et d'ajustements. «Nous avons abordé ce projet comme une création collective. Des chanteurs aux musiciens, en passant par la scénographe et l'éclairagiste, chacun a apporté ses idées. La représentation au Château Frontenac était très différente de celles à la salle Henri-Gagnon. Nous nous sommes appropriés le lieu pour faire une production unique.»
Ce n'est pas la première fois qu'une œuvre de l'Atelier d'opéra était présentée dans cette mythique salle de bal. Il y a 25 ans, pour le 100e anniversaire du Château, des étudiants y avaient interprété un autre opéra bouffe, La Vie parisienne, de Jacques Offenbach. «Le succès avait été tel que les organisateurs des festivités ont voulu répéter l'expérience, raconte la pianiste Anne-Marie Bernard, qui dirigeait l'ensemble musical pour ce second spectacle. On peut faire plusieurs liens entre L'Étoile et La Vie parisienne. D'abord, ce sont deux œuvres écrites par des compositeurs dont les musiciens jouaient dans le même opéra. L'aspect de jeu est très important. Et puis il s'agit de deux œuvres en français, une belle façon de célébrer le Château Frontenac, le symbole de Québec.»
En plus de cet opéra, d'autres étudiants de l'Université Laval participeront aux festivités du 125e anniversaire. Du 11 au 14 mai, dans le salon Haldimand cette fois, se tiendra une exposition réalisée par des étudiants en design graphique. Ceux-ci présenteront des œuvres en 2D et en 3D, de même que des affiches, portant sur divers thèmes liés à l'histoire du Château. Le programme des festivités comprend également des conférences, des activités gastronomiques, des portes ouvertes et des lancements d'ouvrages.
Plus d'information sur le 125e anniversaire du Château Frontenac (PDF)

Jonathan Gagné, étudiant au baccalauréat en musique, incarnait un roi Ouf on ne peut plus coloré.

«Le spectacle annuel de l'Atelier d'opéra est devenu au fil des ans une formidable tradition, s'est réjouit la rectrice Sophie D'Amours lors de son allocution. Cette présence dans la prestigieuse salle de bal du Château Frontenac démontre à quel point cet événement s'est taillé une place de choix dans le cœur des mélomanes de notre ville. Il témoigne aussi d'un bel engagement de la Faculté de musique envers son milieu.»

Ce projet était initialement proposé par Robert Mercure, directeur général du Fairmont Le Château Frontenac.

Décor majestueux, voix puissantes, humour: tous les ingrédients étaient réunis pour faire de cet opéra bouffe un succès.
Photos: Elias Djemil