
Les fleurs de l'impatiente glanduleuse produisent de 10 à 50 fois plus de nectar que celles des autres plantes du même milieu, ce qui augmente leur attrait pour les pollinisateurs. Chaque plant produit entre 800 et 2 500 graines qui croissent à l'intérieur de capsules. À maturité, celles-ci explosent, disséminant les graines sur un rayon de 6 mètres autour de la plante.
— Kristian Peters
La balsamine de l'Himalaya, aussi appelée impatiente glanduleuse, est une espèce originaire de l'Inde qui a été introduite dans l'est de l'Amérique du Nord en 1883 comme plante ornementale. Sa présence a été signalée pour la première fois au Québec en 1943. «Il y a souvent une période de latence d'une quarantaine d'années entre l'introduction d'une espèce exotique envahissante et son explosion dans les milieux naturels, observe Claude Lavoie. Ce délai a été un peu plus long dans le cas de l'impatiente glanduleuse, peut-être parce que cette espèce n'est pas hyperpopulaire en horticulture ornementale.»
La balsamine de l'Himalaya peut atteindre une hauteur de 2 mètres et chaque plant produit entre 800 et 2 500 graines qui croissent à l'intérieur de capsules. À maturité, celles-ci explosent, disséminant les graines sur un rayon de 6 mètres autour de la plante. Les impatientes glanduleuses forment des massifs dont la densité peut atteindre jusqu'à 180 plants / m2 au Québec. Comme il s'agit d'une plante annuelle, son réseau racinaire meurt à l'automne et les sites qu'elle colonise sont alors vulnérables à l'érosion des sols. «C'est là le principal problème causé par cette plante», souligne le professeur Lavoie.
La méthode la plus simple et la plus écologique pour se débarrasser de cette plante consiste à l'arracher manuellement. «La chose est connue, mais ce qu'on ne savait pas est combien coûte une telle opération et est-elle réaliste?», souligne le chercheur. Pour tirer la question au clair, le professeur Lavoie et l'étudiant-chercheur Michaël Leblanc ont mené une expérience le long d'un ruisseau envahi par la balsamine à Saint-Isidore, au sud de Québec. Ils ont quantifié le temps requis à une équipe de techniciens pour éliminer cette plante dans une quarantaine de stations de 24 m2 réparties sur 1 km de berges et, de là, ils ont estimé les coûts d'une telle opération. Résultats? Il faudrait compter environ 1 500 heures de travail pour chaque kilomètre de berges pour venir à bout d'une population bien établie de balsamine. Considérant l'échelle salariale des techniciens de la faune au Québec, cette opération coûterait au minimum 24 000$ par kilomètre de berges.
Cette étude livre deux enseignements pratiques qui pourraient intéresser les responsables de l'aménagement du territoire. «D'abord, la somme de travail requise pour éliminer la balsamine augmente en fonction de la densité des peuplements, ce qui rappelle l'importance d'intervenir le plus tôt possible, rappelle Claude Lavoie. Par ailleurs, la facture pour éliminer une population bien établie de balsamine est élevée, mais il faut mettre ces coûts en perspective. En 2015, la municipalité de Saint-Isidore a dû excaver une section du ruisseau que nous avons étudié parce que l'accumulation de sédiments provoquait des inondations dans un quartier résidentiel. Le coût de cette opération est de 30 000$ par kilomètre et elle devra être répétée périodiquement dans l'avenir. Nous n'avons pas la preuve que ce problème résulte de l'érosion causée par la balsamine, mais si c'est le cas, le contrôle de cette plante, qui semble coûteux à première vue, pourrait, en fait, être un très bon investissement.»

Les chercheurs ont étudié le ruisseau Sainte-Geneviève, situé à Saint-Isodore, au sud de Québec. Les berges de ce cours d'eau sont envahies par des massifs d'impatientes glanduleuses dont la densité atteint jusqu'à 180 plants/m2
Photo: Michaël Leblanc