
Le 1er juin 1969, André Perry recevait un appel qui allait le marquer à jamais. John Lennon, de passage à Montréal, cherchait un ingénieur de son pour enregistrer la chanson Give Peace a Chance. L’immense succès de l’enregistrement a fait de Perry une sommité dans le domaine de la musique.
Si tous s’entendent sur l’importance d’André Perry dans l’univers musical, peu d’auteurs se sont attardés longuement à sa démarche. Voilà ce qui a motivé Gérald Côté, professeur à la Faculté de musique, à produire un article très complet. Disponible sur le site Academia.edu, ce texte de 32 pages présente les réflexions de Perry sur des thèmes comme la créativité musicale, le rôle du réalisateur et l’utilisation des technologies. Destiné d’abord aux étudiants en musique, il intéressera quiconque est curieux d’en savoir plus sur cette figure marquante de l’industrie.
Pendant trois ans, de juillet 2013 à mai 2016, l’auteur a mené plus de 50 heures d’entrevues avec lui. Ces rencontres, qui se sont déroulées chez le producteur à Saint-Sauveur ainsi qu’à sa résidence en Floride, ont donné lieu à plus de 300 pages de transcription. «Cet article relève d’un travail de fond. Monsieur Perry ayant aujourd’hui 81 ans, il ne donnera plus d’entrevues aussi longues. J’ai abordé son travail comme le ferait un ethnologue qui a la chance de rencontrer un homme dont le savoir risque de disparaître avec lui», explique Gérald Côté.
Pour le producteur, qui a connu le professeur lors d’un congrès à l’Université, ce projet de longue haleine a permis de laisser une trace à la relève. «Plusieurs personnes m’ont déjà approché pour faire un livre ou un documentaire sur l’histoire du studio et des stars qui y sont venues, mais j’ai toujours refusé. Avec le projet de Gérald Côté, qui coïncidait avec l’époque de la remise de mon doctorat honorifique, j’ai vu l’occasion de livrer un message aux étudiants», dit-il.
Loin d’être nostalgique du passé, André Perry voit l’évolution des outils d’enregistrement comme une occasion de nourrir la créativité musicale. Cependant, il met en garde les jeunes contre la surutilisation des nouvelles technologies. «Il faut cesser de penser que le futur est mieux que le passé. Après toutes ces années à considérer le numérique comme la meilleure voie à prendre, les musiciens ont réalisé que l’analogique est souvent meilleur que les nouvelles technologies soi-disant plus performantes vendues par les manufacturiers.»
Aux étudiants, il lance également ce conseil: «Le musicien d’aujourd’hui a besoin d’être polyvalent. Ceux qui gagnent bien leur vie cumulent les chapeaux en faisant du travail en studio, de l’écriture, de l’enseignement, etc. Les musiciens doivent aussi apprendre à travailler de différentes façons. À l’Université Laval, c’est extraordinaire, car ils ont accès au LARC, un laboratoire de recherche et de création qui leur permet d’expérimenter les techniques analogiques et numériques!»
Pour consulter le texte André Perry – Un bâtisseur, un témoin
