
Le troglodyte des forêts (notre photo) et la grive à dos olive sont les espèces qui ont connu les plus fortes augmentations d'effectifs au cours des deux dernières décennies à la Forêt Montmorency.
— Ron Knight
Chaque année, entre 300 et 500 millions d'oiseaux appartenant à quelque 180 espèces migrent des États-Unis et de l'Amérique latine vers le Québec pour s'y reproduire. Même si ces chiffres sont impressionnants, les effectifs des oiseaux de la forêt boréale seraient en déclin depuis quelques décennies, au point où le nombre d'espèces au statut précaire est en hausse. Toutefois, considérant la superficie de la forêt boréale et les limitations des programmes de suivi des populations d'oiseaux, il y a lieu de s'interroger sur la fiabilité des données issues de ces programmes.
Les chercheurs Desrochers et Drolet ont voulu jeter un nouvel éclairage sur la question en analysant les données recueillies par le Programme de surveillance des oiseaux nicheurs de la Forêt Montmorency, la forêt d'enseignement et de recherche de l'Université Laval, située dans la sapinière boréale humide, à 70 km au nord de Québec. Entre 1995 et 2016, près de 62 000 observations d'oiseaux ont été faites lors de visites effectuées pendant la période de nidification aux quelque 5 800 stations d'écoute réparties sur ce territoire.
L'analyse des données portant sur les 32 espèces observées au moins 100 fois révèle que leurs effectifs sont demeurés stables ou qu'ils ont augmenté au cours des deux dernières décennies. Ces augmentations ont été observées tant chez les espèces fréquentant les peuplements en régénération que chez celles des forêts fermées ou matures. Toutefois, les indices d'abondance annuels mesurés à la Forêt Montmorency concordent peu avec ceux calculés à partir des données de trois autres programmes québécois de suivi des populations d'oiseaux (Relevé des oiseaux nicheurs, Observatoire des oiseaux de Tadoussac, Observatoire des oiseaux de McGill).
Que faut-il conclure de tout ça? «Au-delà du trivial "il n'y a pas de variation importante des effectifs", il est difficile de dire avec certitude ce qui se passe avec les oiseaux de la forêt boréale du Québec, commente André Desrochers. Soit il existe une forte variation régionale dans la situation des espèces ou bien il y a une méconnaissance de l'état réel des populations d'oiseaux en raison d'un suivi insuffisant dans l'ensemble de la forêt boréale. Pour tirer la question au clair, il faudrait étendre les programmes de surveillance des populations d'oiseaux à l'ensemble de la forêt boréale, notamment au nord de la sapinière», conclut le chercheur.