
La présentation du professeur se déroulera dans le cadre du 30e Festival de la bande dessinée francophone de Québec.
— Marc Robitaille
«Cette conférence, explique le professeur, je la donne dans des cégeps, surtout à des étudiants intéressés par les sciences de la nature. Je veux leur montrer que la science peut être intéressante, et elle l'est! Je montre que beaucoup de choses reliées à la science dans Tintin sont généralement correctes.»
Dès juin, le Musée renouera avec l'univers tintinesque. Du 21 juin au 22 octobre, l'on y présentera l'exposition Hergé à Québec, conçue et réalisée par le Musée Hergé en partenariat avec le Musée de la civilisation. Seront exposés des travaux divers de cet artiste aux multiples talents.
Dans sa présentation, Serge Pineault se concentrera sur trois albums: L'étoile mystérieuse, Le temple du Soleil et On a marché sur la Lune. La première aventure, publiée en 1942, débute avec l'apparition d'une gigantesque météorite. Celle-ci passe près de la Terre. Un fragment s'en détache et tombe dans l'océan Arctique. Une expédition scientifique est mise sur pied afin de revendiquer la possession de l'aérolithe, ce que fait Tintin après avoir sauté en parachute d'un hydravion. Mais avant d'être récupéré par le pilote, Tintin doit passer la nuit sur l'aérolithe.
Selon le professeur, on peut se douter que l'aventure débute l'été et qu'il est tard, compte tenu de l'habillement de Tintin et que Milou et lui sont seuls sur la rue en pleine nuit. «La Grande Ourse est montrée dès la première case, poursuit-il. Or, on sait que sa forme change durant la nuit parce que la voûte étoilée tourne en raison de la rotation de la Terre. Sa position, au début de l'histoire, nous donne un ensemble de dates et d'heures: par exemple 3h du matin à la mi-juin, ou 21h à la mi-septembre. Tintin, lui, est montré dormant sur l'aérolithe sous le soleil de minuit dans une semi-pénombre. Le soleil de minuit prenant fin au début septembre, et le départ du navire scientifique ayant eu lieu trois mois après le début de l'aventure, il est plausible que l'histoire ait commencé à la mi-juin à 3h du matin.»
Dans Le temple du Soleil, paru en 1949, Tintin et Haddock sont au Pérou à la recherche du professeur Tournesol. Ce dernier a été enlevé par des descendants des Incas pour avoir porté le bracelet d'une momie. Il doit être mis à mort dans le temple du Soleil. Tintin et Haddock traversent les Andes et poursuivent leur périple dans la jungle. Ils trouvent accidentellement le temple, sont faits prisonniers et condamnés, eux aussi, à la mort sur un bûcher avec Tournesol. Dans leur cellule, Tintin apprend, dans une coupure de journal, qu'une éclipse solaire aura lieu dans la région tel jour à telle heure et il demande cette date et cette heure pour leur exécution. Le moment venu, il invoque le Soleil et lui demande de démontrer sa toute-puissance. L'éclipse survient, la panique s'installe et les étrangers sont libérés.
«De toute évidence, il fallait une éclipse solaire près du Pérou, indique Serge Pineault. Il est possible qu'Hergé ait consulté les annales des éclipses solaires des années passées et qu'il se soit inspiré de celle du 25 janvier 1944.» Selon lui, la durée du phénomène céleste pose problème dans l'histoire de Hergé. «Dans l'album, soutient le professeur, l'ensemble du phénomène, qui comprend des phases partielles et des phases totales, ne semble prendre que quelques minutes, alors que, dans la réalité, il s'étend sur plus de deux heures. Hergé a probablement confondu durée de l'ensemble du phénomène et durée de la totalité de l'éclipse. Typiquement, la lune ne recouvre complètement le disque solaire que de trois à quatre minutes.»
On a marché sur la Lune a paru en 1954. Dans cet album, Hergé exploite différentes situations en lien avec le phénomène de l'apesanteur. À l'intérieur de la fusée rouge et blanche qui transporte nos héros à travers l'espace, en direction de la Lune où ils atterriront, le contenu d'un verre de whisky prend la forme d'une boule flottante dans l'air. Les occupants flottent, eux aussi, dans l'air. À l'extérieur du vaisseau spatial, Hergé imagine une spectaculaire situation de faible gravité lorsque le capitaine Haddock, en état d'ébriété avancée et revêtu de son scaphandre, sort de la fusée et se met à flotter dans l'espace sidéral. «Or, la fusée se trouve sur la trajectoire d'un vrai astéroïde, Adonis, dont le diamètre fait environ 700 mètres, souligne Serge Pineault. Haddock se retrouve donc dans la zone d'attraction de cette masse de roc. Cela est plausible parce qu'un astéroïde a une gravité, quoique faible.»
La présentation de Serge Pineault aura lieu à 15h, ce samedi 8 avril, à l'auditorium Roland-Arpin du Musée de la civilisation (85, rue Dalhousie). L'entrée est gratuite. Pour information et réservation: 418 643-2158 et mcq.org. Plus d'information sur l'exposition Hergé à Québec.

Bleu de coloriage des planches 25 et 26 de l'album On a marché sur la Lune, aquarelle et gouache sur épreuve imprimée. Cette pièce fera partie de l'exposition Hergé à Québec.
Image: Hergé-Moulinsart 2017 / Collection Studios Hergé

L'exposition Hergé à Québec présentera la partie supérieure habitée de la fusée qui a servi à la création du dyptique Objectif Lune et On a marché sur la Lune.
Photo: Hergé-Moulinsart 2017 / Collection Studios Hergé

Le 21 décembre 1961, Hergé assiste, à Paris, à l'entrée de ses personnages vedettes au Musée Grévin, le fameux musée de cire.
Photo: Hergé-Moulinsart 2017