Dès l'entrée dans la pièce, on est happé par une curieuse installation cinétique, celle de Dany Massicotte. Il s'agit d'une table revisitée sous laquelle a été fixé un dispositif qui permet d'activer une dizaine de clous. Le mouvement de ces clous génère de la lumière et du bruit. L'artiste a aussi créé un buste, démoli jeudi dernier lors du vernissage, à l'aide d'un système de poulies. Cette autodestruction a donné lieu à une nouvelle oeuvre encore plus «éclatée», c'est le cas de le dire!
À la fois poétique et ludique, le travail de Dany Massicotte témoigne de son intérêt pour la fabrication de mécanismes. «Mes connaissances techniques me viennent principalement d'études que j'ai faites en mécanique automobile. Sur le plan conceptuel, mon but est de créer des mises en scène. Je suis influencé par le cinéma et les récits. Quand je travaille sur une œuvre, j'ai une idée précise, qui évolue souvent au fil de la construction», raconte-t-il.
Comme lui, Stéphanie Letarte a étudié dans un autre domaine, soit la joaillerie, avant d'entreprendre un baccalauréat en arts visuels. Son installation, composée de broches tordues et entremêlées suspendues au-dessus d'une chaise, démontre sa facilité à transformer la matière. L'étudiante expose aussi une série de dessins réalisés avec des pastels et de l'encre de Chine. Son objectif, dit-elle, est de «mettre les émotions en images».
Anne Plourde, de son côté, s'inspire de la cartographie. À l'aide de l'application Google Maps, elle a reproduit sur papier des portions de cartes de diverses villes en modifiant la position des bâtiments et des rues. D'autres de ses œuvres exposées contiennent des extraits de livres, dont les mots ont été mélangés ou ont été cachés. «Ma démarche est marquée par une préoccupation pour l'écrit et les codes desquels on peut retirer un sens: avec la lecture, on lit des mots pour comprendre une histoire; avec la cartographie, on comprend des directions grâce à un système de codes. Dans mes œuvres, je m'intéresse à l'aspect visuel de ces codes», explique l'artiste, qui s'amuse à triturer le tout pour lui donner une fonction esthétique.
On retrouve ce même désir de brouiller les cartes chez Audrey Anne Béliveau. À travers ses photographies et ses vidéos, cette dernière transforme des objets du quotidien de façon à les rendre abstraits. Explorant les images fixes et en mouvement, elle a produit une série d'oeuvres en noir et blanc, qui complètent bien l'exposition.
D'un artiste à l'autre, ce projet de diffusion collective marque une étape importante. «C'est flatteur, mais aussi intimidant d'avoir été choisi, reconnaît Anne Plourde. C'est très motivant pour la suite de notre carrière de savoir que notre démarche suscite de l'intérêt. Banc d'essai est un bon moyen de partager et de valoriser notre travail.»
L'exposition est présentée jusqu'au 5 février à la Galerie des arts visuels de l'édifice La Fabrique (295, boulevard Charest Est). Les heures d'ouverture sont de 12h à 17h, du mercredi au dimanche. Plus d'information.