Un peu comme dans un rêve, les danseurs Odile-Amélie Peters et Fabien Piché offriront une prestation ouverte à l'interprétation. Également présente sur scène, Karine Ledoyen sera équipée d'un dispositif lui permettant de transposer ses mouvements en sons. À un autre moment, elle aura une caméra, qui servira à filmer l'action des interprètes. Le tout sera diffusé sur un écran en direct. «Je vais jouer en quelque sorte mon propre rôle de chorégraphe. Avec la caméra, je pose un regard sur ce que je suis en train de créer et j'amène le public à regarder le spectacle d'un autre point de vue. Il y aura de la danse, mais ce sera surtout de la performance. Le spectateur qui connaît mon travail risque d'être surpris», prévient-elle.
Directrice de la compagnie Danse K par K, fondée en 2005, Karine Ledoyen fait partie des grands représentants du milieu de la danse contemporaine à Québec. On lui doit cinq spectacles, Cibler, Air, La Nobody, Danse de garçons et Trois paysages, en plus de sa participation à plusieurs événements culturels. À l'aube de la quarantaine, l'artiste a décidé de ralentir le rythme de la production pour effectuer un retour aux études. Depuis l'automne dernier, elle est inscrite à la maîtrise en littérature et arts de la scène et de l'écran. Son mémoire portera sur la notion de fragilité dans le travail du chorégraphe.
Ce projet d'études relève d'un long processus de réflexion. «L'élément déclencheur a été les 10 ans de ma compagnie, qui m'ont emmené à faire un constat. Au début de ma carrière, ce qui m'allumait, c'était le travail en studio. Avec les années, j'ai bifurqué de la création; je passais 90% de mon temps devant un écran d'ordinateur à faire des demandes de subvention, à vendre des spectacles, à organiser des réunions, etc. Maintenant que la compagnie va relativement bien, j'ai senti le besoin de replonger dans la recherche fondamentale.»
Comme un poisson dans l'eau, Karine Ledoyen redécouvre le plaisir de l'exploration. Elle se heurte à d'autres visions de l'art, celles des étudiants et de ses professeurs, qui la fascinent. Au LANTISS, le Laboratoire des nouvelles technologies de l'image, du son et de la scène, elle a tout l'espace et les équipements dont elle a besoin pour travailler sur ses projets. «C'est la première fois que je crée dans de telles conditions. Habituellement, les chorégraphes sont confinés dans de petits espaces, avec des horaires de travail limités. Ici, on peut tester des idées dans un contexte qui se rapproche de celui du spectacle, en plus d'avoir accès à un parc d'équipements. D'avoir cette souplesse dans le temps et cette possibilité d'expérimenter, c'est jouissif. Le LANTISS a une valeur inestimable.»
Pour Danse de nuit, elle a collaboré avec Sonoyo Nishikawa, une sommité internationale dans le domaine de la conception d'éclairage. L'aspect sonore et technologique du spectacle est signé Patrick Saint-Denis et les costumes sont de Maude Audet. Arielle Cloutier, étudiante à la maîtrise en littérature et arts de la scène et de l'écran, a aussi travaillé comme assistante à la production.
Le spectacle Danse de nuit sera présenté les 26, 27 et 28 octobre à la salle Multi de Méduse.
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Karine Ledoyen est de ces chorégraphes dont on connaît le nom hors du cercle des initiés.
Photo: David Cannon